Dissertation français "Le personnage de roman doit-il véhiculer une morale conforme à celle de la société afin d'intéresser le lecteur et lui plaire ?"

« Introduction : “Le roman est devenu une enquête générale sur l’homme et sur le monde”, tels sont les mots du grand et célèbre écrivain Émile Zola.

Ainsi, il est évident que le roman a pour but de dépeindre l’humain, ses valeurs et comment peuvent-ils vivre ensemble.

Le roman a souvent été un outil servant à instaurer un modèle type agissant selon une certaine morale, dans une certaine société.

On définit souvent la morale comme la science du bien et du mal, l’ensemble des règles de conduites dites “bonnes”.

La moralité est donc ce qui permet de cohabiter sainement entre hommes, si elle est respectée et appliquée par tous.

Mais si un roman ne rentre pas dans les codes moraux de son époque, il est possible que cela nuise à son succès.

Est-il donc nécessaire qu’un personnage de roman véhicule une morale conforme à celle de la société pour intéresser le lecteur et lui plaire ? Pour répondre à cette question nous allons d’abord axer notre réflexion sur le plaisir que prend le lecteur en suivant des personnages incarnant un modèle de moralité, puis nous allons démontrer comment un personnage amoral permet également de susciter l'intérêt du lecteur.

Enfin nous allons étendre notre réflexion en expliquant pourquoi enfermer un personnage dans un modèle ou contre modèle de moralité ne rend pas compte de la complexité humaine. Nous allons analyser les personnages qui incarnent la moralité et l'éthique de leur époque, et en quoi ils permettent de plaire au lecteur.

Pour appuyer notre réflexion, nous allons prendre comme exemple le premier roman d’analyse français, écrit par Mme De La Fayette, La Princesse de Clèves .

Ce roman est publié anonymement en 1678.

L’intrigue tient en une phrase : une femme lutte contre ses sentiments à l’égard d’un autre homme que son mari.

La lutte morale du personnage est le sujet du récit.

Nous suivons le conflit intérieur de Mlle De Chartres, plus tard Princesse de Clèves, qui est contrainte à choisir entre un amour passionné avec le Duc de Nemours, rencontré le jour de son mariage, et un amour fidèle avec son mari, le Prince de Clèves.

Ici, elle est soumise aux exigences sociales et morales de son siècle : l'étiquette.

L’étiquette désigne les règles et codes de la cour : retenue, discrétion, silence et politesse.

A cette époque, les jeunes femmes sont également éduquées dans la soumission et l’idéalisation du mariage avec un bon parti.

En plus de ces règles présentes à la cour, au XVIIe siècle le poids de la religion est très important.

La société est dominée par les catholiques qui cherchent à imposer leur morale aux différents individus.

La vertu en est partie intégrante et permet de maintenir une réputation, primordiale à l’époque.

La Princesse, au fil du roman, va lutter contre ses sentiments envers le Duc de Nemours afin de garder cette réputation.

A la fin du roman, La Princesse de Clèves n’aura jamais cédé à ses sentiments.

Même après la mort de son mari, elle décidera de ne pas se marier avec ce potentiel amant et finira par mourir.

Ce roman a connu un grand succès dès sa parution car il introduit un modèle de moralité pour ses contemporains qui est la lutte de ses sentiments, de ses passions, au profit d’une vie stable et vertueuse.. »