Disseration Manon Lescaut Bac
Publié le 19/04/2025
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«
Dissertation Manon Lescaut :
Sujet à traiter :
Des Grieux s'interroge" Par quelle fatalité suis-je devenu si criminel l’amour est une passion
innocente ?" jusqu'à quel point le lecteur et la lectrice partagent-ils cette interrogation du héros et
suffit-elle à rendre compte de leur lecture du roman ? Vous répondrez à cette question dans un
développement organisé.
Votre réflexion prendra appui sur le roman de l’Abbé Prévost au
programme, sur le travail mené dans le cadre du parcours associé à cette œuvre et sur votre culture
personnelle.
✅ Introduction
« Par quelle fatalité suis-je devenu si criminel ? L'amour est une passion innocente.
» Cette
phrase prononcée par le chevalier Des Grieux, héros du roman Manon Lescaut de l’Abbé
Prévost (1731), résume le conflit intérieur qui traverse le personnage.
Des Grieux, fou
amoureux de Manon Lescaut, se présente comme une victime de ses sentiments envers le
personnage éponyme, comme si sa passion l’avait conduit malgré lui à la faute.
Le lecteur
peut être touché par cette sincérité, mais il peut aussi se demander s’il est vraiment possible
de tout justifier au nom de la passion.
Malgré la douleur de Des Grieux, il porte une certaine
part de responsabilité dans son état émotionnel.
Cet ouvrage du genre romanesque, avec de
nombreuses péripéties, soulève en réalité des questions morales et sociales profondes et
actuels.
Nous verrons donc dans quelle mesure l’interrogation de Des Grieux reflète ou non
celle du lecteur, et comment elle oriente sa compréhension du récit.
Nous montrerons
d’abord que l’amour, présenté comme sincère et irrésistible, suscite la compassion ; puis que
cette passion entraîne des fautes qui questionnent la morale du héros ; avant de voir enfin
comment l’histoire de Des Grieux et Manon prend un sens plus large, en posant un regard
critique sur la société et le destin humain.
🟦 I.
L’interrogation de Des Grieux : un regard tragique sur la passion que partage le lecteur
A.
La puissance irrésistible de l’amour : une passion sincère et innocente
Dès les premières pages du roman, le lecteur découvre un amour présenté comme
irrésistible et sincère.
Des Grieux tombe amoureux de Manon au premier regard, dans une
scène marquée par un éros visuel qui se détache de la promenade innocente du chevalier en
Normandie.
Il exprime instantanément de ses sentiments : « Je me trouvai enflammé tout
d’un coup jusqu’au transport.
».
Cette passion romanesque n’est pas motivée par un intérêt
matériel mais par une expression directe du cœur, ce qui la rend très sincère.
Pour Des
Grieux, cet amour n’est pas simplement un plaisir ressenti par le chevalier, mais une force
qui l’envahit entièrement : « Cette charmante créature était si absolument maîtresse de mon
âme, que je n’avais pas un seul petit sentiment qui ne fût de l’estime et de l’amour.
».
La
puissance de la passion prouve son authenticité et introduit le début de nombreuses
péripéties dans le roman.
B.
Une passion vécue comme une fatalité implacable
Des Grieux raconte son histoire au Marquis de Renoncour comme une suite d’événements
auxquels il n’a pu échapper, se plaçant comme victime de son destin.
Cette idée de fatalité
rappelle le registre tragique, où le héros, malgré de bonnes intentions, est soumis à une force
supérieure.
Le malheur semble poursuivre Des Grieux, sans qu’il en comprenne vraiment sa
cause « j’étais né pour les courtes joies et les longues douleurs.
».
Il invoque fréquemment le
ciel lorsqu’il se trouve devant un obstacle : « S’il est vrai que les secours célestes sont à tous
moments d’une force égale à celle des passions, qu’on m’explique donc par quel funeste
ascendant on se trouve emporté tout d’un coup loin de son devoir.
» Le lecteur est invité à se
demander comment un sentiment aussi noble que l’amour peut conduire à tant de
malheurs.
Cette perception tragique du destin renforce l’idée que Des Grieux n’est pas un
homme sans morale mais un chevalier soumis à une passion trop forte pour lui.
Cette fatalité
rappelle d’autres héros littéraires écrasés par leur sort, comme la princesse de Clèves,
déchirée entre devoir et passion.
C.
Le lecteur, ému et complice du récit tragique
La puissance émotionnelle du roman émane en grande partie à la forme choisie par l’auteur :
une narration à la première personne, intime et lyrique.
Des Grieux ne cherche pas à
convaincre, il veut se livrer en racontant ses souffrances, ses espoirs déçus comme il le ferait
avec un ami.
Cette proximité entre le narrateur et le lecteur crée une forme de complicité qui
permet de mieux se mettre à la place du chevalier.
Ainsi, Manon Lescaut n’est pas un simple
récit d’aventures, mais une confession poignante, dans laquelle l’amour est à la fois une
source de joie intense et de chute douloureuse.
Lorsqu’il parle de Manon, Des Grieux ne
peut se détacher d’elle, malgré sa trahison : « Il est certain que je ne l’estimais plus ; […] mais
son image […] subsistait toujours.
» Cette phrase montre un amour qui ne peut s’effacer
même face à la déception, c’est d’ailleurs ce que Flaubert admirait dans le roman lorsqu’il
disait que la passion rend les héros « si vrais, si sympathiques, si honorables, quoiqu’ils
soient fripons.
» Le lecteur se met à la place du héros et l’interrogation de Des Grieux,
d’abord personnelle, devient alors universelle.
🟦 II.
Une passion aveuglante : les transgressions morales révélées au lecteur
A.
L’amour comme perte de repères : quand la passion devient aliénation
Dans Manon Lescaut, l’amour est d’abord présenté comme pur et sincère, mais rapidement il
devient source de péripéties qui entraîne Des Grieux et Manon dans un cercle vicieux.
Des
Grieux aime tellement Manon qu’il d’oublie ses principes et se renie lui-même.
L’amour se
transforme en dépendance, comme en témoigne cette phrase : « Je n’étais plus maître de
mes sentiments ni de mes résolutions.
» Il se laisse entraîner dans une spirale où sa volonté
n’existe plus, dominée par le seul désir d’être avec Manon.
Cette perte de contrôle est
renforcée par le style du récit, qui, en s’accélérant, montre à quel point la passion peut
étouffer toute forme de raison.
Même lorsqu’il a des doutes, Des Grieux revient toujours vers
elle, comme s’il ne pouvait pas en faire autrement.
La passion, en devenant absolue, efface la
liberté du personnage qui subit les événements romanesques.
Cette disparition du choix
rappelle d’autres figures tragiques dominées par leur passion, comme Phèdre ou Roméo.
B.
Des actes répréhensibles justifiés par l’amour : la tentation de l’excuse
Durant son récit, Des Grieux reconnaît avoir franchi quelques barrières mais cherche à
excuser ses fautes par la passion à laquelle il était soumis.
Il insiste dans son récit sur
l’opposition entre ce qu’aurait dû être sa vie et ses péripéties romanesques : « L’amour et la
jeunesse avaient causé tous nos désordres ».
Ce mélange du bien et du mal amène le lecteur
à se demander jusqu’où on peut aller au nom d’un sentiment et si l’on peut vraiment justifier
une faute par la passion.
Le roman....
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