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Définition: AFFADIR, verbe transitif.

Publié le 08/12/2021

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Définition: AFFADIR, verbe transitif.

I.- Emploi transitif .

A.- Affecter d'une sensation désagréable, écoeurer.

1. [L'objet désigne les organes affectés par la nausée : " coeur ", estomac, bouche...] :

Ø 1. Ce fut la faim qui me réveilla avant le jour, une faim qui tiraillait l'estomac et m' affadissait le coeur.

HECTOR MALOT, Romain Kalbris, 1869, page 89.

Ø 2.... chacune de ces créatures, tassées sur leur chaise comme des paquets de linge sale, s'acharne à raconter une vilenie, un scandale, un crime...
Lâchement, j'essaie de sourire avec elles, d'applaudir avec elles, mais j'éprouve quelque chose d'insurmontable, quelque chose comme un affreux
dégoût... Une nausée me retourne le coeur, me monte à la gorge impérieusement, m' affadit la bouche, me serre les tempes... Je voudrais m'en aller...

OCTAVE MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, page 67.

Ø 3.... rien que de voir cet escalier, cela m' affadit l'estomac, me coupe les jambes, et je suis prise d'un désir fou de me sauver...

OCTAVE MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900 page 287.

Ø 4. Ses nerfs [de Mario, résolu à venger l'assassinat de sa maîtresse] vibraient. Un goût de meurtre lui affadissait la bouche.

AUGUSTE LE BRETON, Du Rififi chez les hommes, 1953, page 154.

Remarque  : De toutes les expressions employées dans ces exemples, seul affadir la bouche semble demeurer vivant .

2. Au figuré, rare. Écoeurer (confer affadi exemple 4).

B.- Rendre fade, affaiblir la vigueur.

1. Rare . [L'objet du verbe désigne un mets, une sauce...] Rendre fade par un excès de douceur :

Ø 5. Affadir une sauce, un ragoût, en y mêlant quelque chose de trop doux.

Dictionnaire de l'Académie française . 1798-1932.

- Par analogie :

Ø 6.... les airs italiens l'emportaient de beaucoup en nombre, dans la collection du grand-père. Ils avaient été le pain musical du petit Olivier. Nourriture
peu substantielle, et un peu analogue aux sucreries de province, dont on bourre les enfants : elles affadissent le goût, démolissent l'estomac, et
risquent d'enlever pour toujours l'appétit pour des aliments plus sérieux.

ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908, pages 842-843.

2. Au figuré . [L'objet du verbe désigne une faculté ou une attitude humaine; un sentiment, un produit de l'esprit humain; la vie de l'homme en général] Rendre fade
(une chose), en affaiblir la vigueur originelle :

Ø 7. À la droite de sa mère s'assit le jeune duc d'Orléans. (...) La régularité froide et féminine de ses traits ne s'éveillait jamais du demi-rêve d'ennui et de
fatigue qui affadissait tout dans son aspect et son langage incertain.

ALFRED DE VIGNY, Mémoires inédits, 1863, page 102.

Ø 8. - Vulgariser une science, mon mignon, c'est la délayer, l' affadir autant que possible...

ÉMILE ZOLA, Contes à Ninon, 1864, page 292.

Ø 9. (10 h. m.) Achevé la lettre à Madrina, avec mélancolie.

- Toute cette sentimentalité musicale qui nous affadit l'âme m'a paru une sorte de vampirisme, dont il nous faut nous défendre par le travail énergique.
La musicolâtrie rend esclave, elle nous livre à l'ennemi, par l' énervement de la pensée et du vouloir. (...) Et l'âme qu'elle enchaîne, oubliant tout effort, De
sons voluptueux avec amour bercée, S'abandonne elle-même et lâchement s'endort.

HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 9 février 1866, page 123.

Remarque  : Énervement « action d'ôter le nerf », vieux.

Ø 10. « À quoi bon par des promesses d'éternité affadir la vie dont la plus grande beauté est qu'elle est brève et qu'elle ne se recommence jamais. »

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 4, 6 juillet 1905-6 mai 1906, page 154.

Ø 11. Presque tous les maîtres de l'École française ont un je ne sais quoi de rude et de tendu, plusieurs même une certaine rusticité. Sans affadir leur
doctrine, ce jésuite [Bérulle] l'humanise.

ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 3, 1921, page 275.

Ø 12. Sévèrement, la critique de l'écran dénonce la guimauve qu'étirent les scenarii américains, leur infantilisme, leur application à affadir, en le répétant,
un gag applaudi.

GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Jumelle noire, 1938, page 257.

Ø 13.... la Storia do Mogor, (...) n'eut pas moins de six éditions en France et à La Haye entre 1705 et 1715 sous le titre de Histoire générale de l'Empire
du Mogol, dont le Père François Catrou, de la Compagnie de Jésus, (...) prétend être l'auteur, mentionnant tout juste le nom du Vénitien (...), lui qui a (...)
expurgé son vocabulaire; lui qui a affadi avec emphase un style primesautier, cru, direct, ce style qu'ils employaient tous à la grande époque les
voyageurs, les marins, les hommes d'armes, les découvreurs,...

BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 15.

- Par métonymie . [L'objet désigne une personne] (Confer affadi A 3).

- Emploi absolu :

Ø 14. Humour : (...) Je me fais une haute idée morale et littéraire de l'humour. L'imagination égare. La sensibilité affadit. L'humour, c'est, en somme, la
raison. L'homme régularisé. Aucune définition ne m'a suffi. D'ailleurs, il y a de tout dans l'humour.

JULES RENARD, Journal, 1910, page 1266.

II.- Emploi pronominal . S'affadir.

A.- [Le sujet désigne une substance physique] Perdre sa saveur, devenir insipide. Une sauce qui s'est affadie.

- Par métaphore, au figuré :

Ø 15. Tout poète se moque de nous, mais en se moquant d'abord de lui-même. Suavement, d'ordinaire, et sans qu'il y paraisse trop. Aussi, pour que ne
s'affadisse pas, au moins dans l'âme des poètes, le sel indispensable de l'humour, paraissent à point nommé les enfants terribles de la poésie : La
Fontaine, après le trop solennel Malherbe; Musset, après les mages romantiques;...

ABBÉ HENRI BREMOND . La Poésie pure, 1926, pages 86-87.

Remarque  : Sous cette image, ainsi que sous l'ensemble des emplois figurés du verbe pronominal, agit, plus ou moins directement, l'image biblique bien connue :
MATTHIEU, V, 13 " [Jésus à ses disciples] Vous êtes le sel de la terre. Si le sel s'affadit, avec quoi le salera-t-on? il n'est plus bon qu'à être jeté dehors et piétiné par
les hommes. "

B.- Au figuré. Devenir fade, perdre toute vigueur, toute originalité.

1. [Le sujet désigne une réalité physique, création de l'esprit humain, notamment dans le domaine des Beaux-Arts, de la musique] :

Ø 16. L'orchestre jouait toujours la valse. Cette musique molle, dont le rythme monotone s'affadissait à la longue, redoublait l'exaspération de la jeune
femme.

ÉMILE ZOLA, La Curée, 1872, page 567.

Ø 17.... son timbre [le timbre du Cornet] peut-il se comparer à celui de la Trompette, surtout dans le registre aigu, où il s'affadit et se décolore?

CHARLES-MARIE WIDOR, Technique de l'orchestre moderne, 1904, page 62.

- Par métonymie . [Le sujet désigne un artiste] :

Ø 18. L'Angleterre de Shakespeare et des soeurs Brontë, peuplée de fantômes et traversée de sombres ardeurs, n'a jamais eu les peintres qu'elle
méritait, même parmi ceux qui, venus de loin comme Van Dyck, munis d'un tempérament fougueux, eussent pu, tels Le Gréco à Tolède, refléter ses
vertus et ses vices profonds. Ce Van Dyck qui, jeune, eut des audaces extraordinaires, s'affadit en ce pays respectueux des « apparences » et ne nous
laisse aucune page dépassant en intensité les oeuvres de ceux qu'il influença. Cette absorption, par un climat spécial, des facultés héroïques des
artistes les plus doués, m'apparaît comme un phénomène inexplicable dont l'actuelle exposition, au Louvre, souligne l'étrangeté.

ANDRÉ LHOTE, Peinture d'abord, 1942, page 95.

2. [Le sujet désigne une faculté humaine ou une de ses manifestations] :

Ø 19. Sa colère peu à peu s'affadissait, et sa trouble rancune lui envoyait au visage des bouffées de sang de plus en plus faibles.

JEAN RICHEPIN, La Glu, 1881, page 79.

- Par métonymie . [Le sujet désigne une personne] :

Ø 20. Reste le mal de gorge et reste la toux; mais ce sont mes moindres soucis; pourvu que je rattrape un peu de forces et que je puisse vivre sans me
traîner, je suis content. Il n'y a rien de pis que de s'affadir et de se fondre dans un lit. Sans être empereur, je voudrais mourir debout.

MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance, 1839, page 372.

Ø 21. Pour les salons, je n'en suis sorti jamais sans trouver mon coeur diminué et refroidi. L'impression qui me reste en sortant d'un salon, c'est le
désespoir de la civilisation. Si la civilisation devait fatalement aboutir à cet avortement, si le peuple à son tour, devait s'user de la sorte, et, au bout de
quelques siècles, s'affadir au sein de la vanité et du plaisir, Caton aurait raison, il faudrait envisager comme des instruments de mollesse et briser
sagement tout ce qui est à nos yeux instrument de culture et de perfectionnement, (...) Rien n'égale, en province surtout, la nullité de la vie bourgeoise,
et, je ne vois jamais sans tristesse et sans une sorte d'effroi l' affaiblissement physique et moral de la génération qui s'élève;...

ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, pages 466-467.

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 32.

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