??Décembre (1857)Dimanche, 20, Ste Philogone - Je reste chez
Publié le 17/05/2020
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Décembre (1857)
Dimanche, 20, Ste Philogone - Je reste chez moi ; je ne fais point
ma barbe ; tantôt, un petit rhume commençant me donne le
prétexte de ne pas bouger.
Depuis le commencement de ce mois
je me suis remis à travailler.
L'atelier est entièrement vide.
Qui le croirait.
Ce lieu, qui m'a vu
entouré de peintures de toutes sortes et de plusieurs qui me
réjouissaient par leur variété et qui chacune éveillaient un
souvenir ou une émotion, me plaît encore dans la solitude.
Il
semble qu'il soit doublé, j'ai là dedans une dizaine de petits
tableaux que je prends plaisir à finir.
Sitôt que je suis levé, je
monte à la hâte, prenant à peine le temps de me peigner ; j'y
demeure jusqu'à la nuit sans un seul moment de vide ou de regret
pour les distractions que les visites, ou ce qu'on appelle les
plaisirs, peuvent donner.
Mon ambition est renfermée dans ces
murs.
Je jouis des derniers instants qui me restent pour me voir
encore dans ce lieu qui m'a vu tant d'années, et dans lequel s'est
passée en grande partie la dernière période de mon
arrière-jeunesse.
Je parle ainsi de moi, parce que quoique dans un
âge avancé de la vie, mon imagination et un certain je ne sais quoi
me font sentir des mouvements, des élans, des aspirations qui se
sentent encore des belles années.
Une ambition effrénée n'a pas
asservi mes facultés, et ne m'a pas fait sacrifier le plaisir de jouir
de moi et de mes facultés au vain désir d'être admiré par les
envieux dans quelque poste en vue, vain hochet des dernières
années, sot emploi pour l'esprit et pour le c œ ur de ces moments
où l'homme au déclin de la vie, devrait plutôt se recueillir dans
ses souvenirs ou dans de salutaires occupations de l'esprit, pour se
consoler de ce qui lui échappe et remplir ses dernières heures
autrement que dans les affaires rebutantes dans lesquelles les
ambitieux consument de longues journées, pour être vus quelques
instants, ou plutôt pour se voir sous le soleil de la faveur.
Je ne
puis quitter sans une vive émotion ces humbles lieux, où j'ai été
tantôt triste et tantôt joyeux pendant tant d'années.
…….
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