De l'Allemagne4e partie -- Chapitre I.
Publié le 23/05/2020
Extrait du document
«
De l'Allemagne
Madame de Staël
4e partie — Chapitre I.
L'enthousiasme que le beau idéal nous fait éprouver, cette émotion pleine de trouble et
de pureté tout ensemble, c'est le sentiment de l'infini qui l'excite.
Nous nous sentons
comme dégagés, par l'admiration, des entraves de la destinée humaine, et il nous
semble qu'on nous révèle des secrets merveilleux, pour affranchir l'âme à jamais de la
langueur du déclin.
Quand nous contemplons le ciel étoilé, où des étincelles de lumière
sont des univers comme le nôtre, où la poussière brillante de la voie lactée trace avec
des mondes une route dans le firmament, notre pensée se perd dans l'infini, notre c œur
bat pour l'inconnu, pour l'immense, et nous sentons que ce n'est qu'au-delà des
expériences terrestres que notre véritable vie doit commencer.
Enfin les émotions
religieuses, plus que toutes les autres encore, réveillent en nous le sentiment de l'infini ;
mais en le réveillant, elles le satisfont ; et c'est pour cela sans doute qu'un homme d'un
grand esprit disait “ Que la créature pensante n'était heureuse que quand l'idée de
l'infini était devenue pour elle une jouissance au lieu d'être un poids.
”
En effet, quand nous nous livrons en entier aux réflexions, aux images, aux désirs qui
dépassent les limites de l'expérience, c'est alors seulement que nous respirons.
Quand
on veut s'en tenir aux intérêts, aux convenances, aux lois de ce monde, le génie, la
sensibilité, l'enthousiasme agitent péniblement notre âme ; mais ils l'inondent de délices
quand on les consacre à ce souvenir, à cette attente de l'infini qui se présente dans la
métaphysique sous la forme des dispositions innées, dans la vertu sous celle du
dévouement, dans les arts sous celle de l'idéal, et dans la religion elle-même sous celle
de l'amour divin.
Le sentiment de l'infini est le véritable attribut de l'âme : tout ce qui est beau dans tous
les genres excite en nous l'espoir d'un avenir éternel et d'une existence sublime ; on ne
peut entendre ni le vent dans la forêt ni les accords délicieux des voix humaines ; on ne
peut éprouver l'enchantement de l'éloquence ou de la poésie ; enfin surtout on ne peut
aimer avec innocence, avec profondeur, sans être pénétré de religion et d'immortalité..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Analyse Linéaire Mme de Bovary: Extrait du chapitre VII, Première Partie
- madame Bovary: chapitre 9 de la deuxième partie
- Étude linéaire du chapitre 5, partie III
- Lecture linéaire 4: Mme de Bovary de Flaubert, chapitre IX partie 2 «J’ai un amant»
- Gustave Flaubert, Madame Bovary, le partie, chapitre 3 (Tête à tête amoureux)