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Étude linéaire du chapitre 5, partie III

Publié le 05/12/2021

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Étude linéaire du chapitre 5, partie III: «Descendant tout en amphithéâtre […] comme une Babylone où elle entrait.»

 

Madame Bovary, œuvre de Gustave Flaubert parue en 1857 se démarque notamment par son caractère controversé qui ne fait que refléter l'ambivalence de son auteur. En effet, ce roman qui s'inscrit dans le courant réaliste va de ce fait à l'encontre de l'éthique romantique. Cependant, le récit traite de thèmes récurrent du romantisme, tel l'amour lié à la mort ou encore la mélancolie romantique dont Flaubert fait la parodie, tiraillé entre ses élans romantiques et son envie de creuser le vrai, et donc d'aller à l'encontre des principes du romantisme.

Dans cet extrait, Emma Bovary, protagoniste du récit, part retrouver son amant Léon à Rouen, comme le veut leur rite hebdomadaire. Ce passage se caractérise notamment par l'étonnante description faite de la ville à travers les yeux d'Emma. Une description panoramique de la ville natale de l'auteur, qui, à première vue, semble ancrée dans le réalisme mais qui semble cependant profondément altérée par les ressentis du personnage. Il semble donc judicieux de se demander en quoi cette description de la ville à première vue réaliste semble-t-elle dénaturée par les sentiments d'Emma? Ainsi, cela reflète-t-il l'ambiguïté de l'auteur?

 

Tout d'abord, la représentation de la ville de Rouen que l'on découvre par le biais de la protagoniste – Emma Bovary – semble être ancrée dans le réalisme. En effet, l'accumulation d'adjectifs qualificatifs («collines vertes»; «grands poissons noirs»; «immobile comme une peinture») et la description progressive de la ville se faisant de plus en plus détaillée («ciel pâle»; «îles de forme oblongue»; «les arbres des boulevards, sans feuilles») mettent en exergue l'effet de réel recherché par l'auteur.

De plus, cette description d'une nature idyllique – qui n'est pas sans rappeler un certain romantisme – est à nouveau replacée dans son contexte réaliste lorsque viennent s'ajouter au paysage les cheminées des usines qui «poussaient d'immenses panaches bruns» ainsi que le «ronflement des fonderies», incorporant la pollution et renforçant donc à nouveau l'effet de réel dans ce tableau dressé de Rouen.

Enfin, l'utilisation par l'auteur de la focalisation omnisciente durant la première partie de cette description confère au lecteur le sentiment d'être lui-même à la place du personnage, admirant les moindres détails du paysage. En effet, l'utilisation du pronom personnel «on» et l'absence de toute intervention d'Emma – qui semble d'ailleurs disparaître du cadre afin de laisser le temps au lecteur d'apprécier le panorama – montre que cette première partie de la description s'inscrit dans le mouvement réaliste et non dans celui du romantisme. Ce point de vue est notamment sollicité par l'effet de réel recherché et produit par la non-intervention des sentiments d'Emma dans cette esquisse de la ville; ce qui nous verrons, changera par la suite.

 

Au cours de cette seconde description, le glissement de la focalisation omnisciente vers une focalisation interne permet à l'auteur de réintroduire Emma dans le décor. Parallèlement à cette résurgence du protagoniste, ce renversement de point de vue est marqué par le retour du pronom personnel «elle» et du pronom possessif «son». En effet, ces procédés viennent prévenir le lecteur que le récit va à nouveau être focalisé sur le personnage, et notamment sur ces ressentis: «Quelque chose de vertigineux se dégageait pour elle de ces existences amassées, et son cœur s'en gonflait abondamment […] qu'elle leur supposait.». On dénote en outre un certain lyrisme annonçant la recrudescence du romantisme dans le passage.

D'autre part, la mise en évidence des sentiments d'Emma lorsque «son cœur s'en gonflait» ou encore lorsque «son amour grandissait […] et s'emplissait de tumulte aux bourdonnements vagues qui montaient.» annonce la tournure romantique de cette seconde description qui, de plus, se démarque indéniablement de la précédente, laissant de côté l'intérêt porté auparavant au paysage pittoresque de Rouen.

En dernier lieu, l'emploi des adjectifs qualificatifs «confusément», «monotone», ou encore «indécise» ne font que refléter l'état d'âme dans lequel se trouve Emma au moment même de l'action. Ainsi, cette description de la ville qui semblait à première vue ne pas être liée au personnage s'avère être en quelque sorte contaminée par ses sentiments.

 

Bien que Flaubert ai, à travers ce premier aperçu, dépeint Rouen sous le cachet du réalisme, il va cependant exposer la ville sous un aspect plus romantique dans la seconde partie de cette description. De plus, nous pouvons constater que là où le protagoniste semblait être comme en dehors du récit, ses ressentis perturbaient cependant le portrait de la ville dépeint par l'auteur. Description tiraillée entre réalisme et romantisme, tout comme Emma était tiraillée entre mener une vie de compagne exemplaire et découvrir le monde extérieur, si beau, si romantique d'après ses lectures. Ceci pointe ainsi à la fois le caractère ambigu de l'œuvre mais également de l'auteur qui, né de la génération réaliste, s'inspirait cependant du mouvement romantique.

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