Databac

DE L'ABSTRACTION. DE LA GÉNÉRALISATION.

Publié le 16/06/2011

Extrait du document


I. De l'Abstraction.
1. L'abstraction consiste à considérer séparément les propriétés et les points de vue des êtres. Il y a dans ce travail de l'esprit plusieurs degrés qui seront plus facilement compris par un exemple. 2. L'idée que j'ai d'une feuille de papier renferme 1° celle de la substance même de cette feuille de papier, 2° celle de sa forme, 3° celle de sa couleur, 4° celle de sa légèreté, 5° celle de sa ténacité, et d'autres encore. Supposons que je pense uniquement à la couleur de cette feuille de papier, je ferai une abstraction (abstrahere); à ce premier degré , l'abstraction consiste à séparer mentalement un phénomène de plusieurs autres auxquels il est uni dans la réalité; mais ce phénomène continue d'être considéré comme appartenant à une substance particulière, à cette feuille de papier que j'ai sous les yeux. A ce premier degré, l'abstraction ou idée abstraite est particulière.

« tête, un autre pour laver les mains, un troisième pour exprimer laver le linge, etc.

Une telle richesse est de lapauvreté , et nous sommes véritablement plus riches avec notre verbe unique.14.

Les sciences procèdent nécessairement par abstractions, et leur travail ne porte en réalité que sur desabstractions.

C'est la raison pour laquelle elles peuvent arriver à une très-grande précision, et pour laquellecependant l'application ne se trouve jamais en parfait accord avec la théorie.15.

Le propre de l'abstraction et par conséquent de la science est la clarté.

Mais comme l'abstraction supposel'attention de l'esprit portée sur un point de vue avec effort suffisant pour écarter les points de vue différents, il y adans cette attention et dans cet effort une certaine contrainte qui fait de l'abstraction et de la science uneconquête plus ou moins pénible.

L'obscurité que beaucoup de gens se plaignent de trouver dans les sciences, vientau contraire de ce qu'ils n'ont pas fait l'effort suffisant pour arriver aux abstractions qui sont la base de cessciences ; ainsi en réalité l'obscurité tient au défaut d'abstraction.16.

Nous verrons au chapitre des Erreurs que les abstractions réalisées en produisent un grand nombre et de très-importantes. II.

De la Généralisation. 1.

La généralisation, comme on vient de le voir, est un degré particulier de l'abstraction : généraliser c'estconsidérer un phénomène, un point de vue, en le séparant de l'être en qui on l'a observé.2.

Il faut distinguer trois espèces d'idées générales : 1° les idées rationnelles, telles que celles de cause, desubstance, etc.; 2° les genres et les espèces; 3° les lois.3.

Nous avons vu que notre intelligence ne débute pas par des idées, niais par des jugements, et non par desjugements universels, mais par des jugements particuliers qui se composent d'une idée contingente et d'une idéenécessaire; par exemple, ce corps est rond.: un tel jugement est le signe d'un jugement universel duquel cejugement particulier tire sa valeur; savoir, tout phénomène suppose une substance.

Un jour vient où l'esprit attentifà un jugement particulier conçoit tout à coup le jugement universel qui en fait toute la valeur.

On ne peut pas direqu'il tire le jugement universel du jugement particulier, car loin que l'universel soit contenu dans le particulier, c'estlui qui le contient, niais il passe de l'un à l'autre et- conçoit l'un à l'occasion de l'autre.

Une fois en-possession de cejugement universel, il peut, par l'abstraction, considérer séparément les deux ternies qui le composent, et alors seforment les idées abstraites générales de phénomène et de substance, dont l'une est contingente; et l'autrerationnelle.

On expliquerait de la même manière la formation de toute autre idée rationnelle générale.4.

Les idées contingentes générales se forment, comme on l'a expliqué dans le paragraphe précédent, en isolant lesphénomènes.

Mais il faut distinguer deux sortes de phénomènes, dont les uns donnent lieu aux idées (le genres etd'espèces, les autres aux idées de lois.

Ceux qui donnent lien aux idées de genres et d'espèces, sont ceux qui nousfont concevoir certaines propriétés inhérentes aux êtres ; ceux qui donnent lieu aux idées de lois, sont ceux quinous font concevoir des causes extérieures aux êtres.5.

Si j'ai reconnu dans plusieurs êtres des propriétés communes, et que je considère ces propriétés d'une manièreabstraite et générale, je désignerai par un nom commun tous les êtres possibles en qui de telles propriétés ontexisté, existent, ou existeront jamais.

J'aurai alors l'idée d'une espèce.

Si, considérant.

plusieurs espèces, jem'attache à des propriétés qui se retrouvent dans quelques? unes de ces espèces et pas dans les autres, je pourraide même donner un nom commun aux espèces en qui ces propriétés se rencontreront.

J'aurai alors l'idée d'un genre.Ce genre pourra de la même manière devenir une espèce par rapport à un genre supérieur, et ainsi de suite, jusqu'àce que j'arrive au genre le plus élevé de tous, parce que l'abstraction y atteint sa dernière limite, le genre universeldes genres, le genre être.6.

Si je considère plusieurs phénomènes semblables, et que concevant leur cause comme agissant nécessairementdans tous les cas d'une manière constante et régulière, je fasse abstraction des circonstances particulières detemps et de lieu où ces phénomènes ont eu lieu, je forme ainsi l'idée d'une loi.

Les lois sont exprimées par despropositions, tandis que les genres et les espèces sont exprimés par des mots seulement.7.

Les idées rationnelles générales ne sont susceptibles d'aucun perfectionnement par l'étude, puisqu'elles sont lefond même de notre intelligence et qu'elles sont fournies par des jugements nécessaires et universels.

Il n'en estpas de même des idées de genres et d'espèces, et des idées de lois, et le progrès des sciences consiste dans lesmodifications de ces idées suivant les conditions qui seront expliquées au chapitre des classifications, et au chapitrede l'induction.8.

On distingue dans les idées générales la compréhension et l'extension.

Moins une idée générale renfermed'éléments , plus elle embrasse d'individus ou de faits particuliers.

Le nombre d'éléments dont elle se compose formece qu'on nomme sa compréhension, et le nombre des individus ou des faits qu'elle embrasse forme ce qu'on nommeson extension.

Quand la compréhension diminue, l'extension augmente.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles