De Gaulle et la fonction présidentiellesous la Ve République ?

« La Constitution de la Ve République a été rédigée autour du principe présidentiel afin d'éviter les dérives du régimeparlementaire précédent dans lequel un pouvoir exécutif faible avait été le plus souvent condamné à l'inefficacité.De Gaulle en a inspiré les lignes essentielles en installant le Président en vrai chef de l'exécutif, doté de pouvoirsimportants qui en font, selon ses dires, à la fois un « chef » et un « guide » pour la France et pour la République.C'est à cette place éminente, taillée sur mesure pour lui-même et par lui-même, que le général de Gaulle s'installe en1958.

Il conçoit sa charge comme un contrat entre la nation et sa personne.

Ainsi, la réforme constitutionnelle de1962, qui décide de l'élection du président de la République au suffrage universel direct, vient-elle renforcer le liendirect qu'il entend nouer entre lui et les Français.

L'utilisation périodique du référendum doit être par ailleursconsidérée comme un moyen pour lui de vérifier la pérennité de ce contrat personnel.

Sa volonté de négliger lesintermédiaires traditionnels de la politique se confirme encore avec l'utilisation efficace qu'il fait de la télévision etavec les nombreux voyages en province qui lui permettent de plonger régulièrement au cœur du pays.Cette conception et cette pratique de la fonction présidentielle ont été combattues par les opposants au général deGaulle.

Le chef de l'État a été comparé à une sorte de monarque républicain doté de pouvoirs exorbitants, pouvoirsqu'une Constitution - jugée inacceptable par l'opposition - avaient codifiés, pouvoirs que l'hôte du « château » del'Elysée se serait arrogés indûment.

Ambiguïté d'une critique qui ne fait guère la part entre un personnage (le généralde Gaulle) et une institution (la fonction présidentielle) tant, à l'époque, les deux semblent liés de façonindissociable.. »