Dans la peau d'un Noir, John Howard Griffin
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
A la fin des années 50, en Amérique, le racisme est très présent, notamment dans le Sud.
De
nombreux mouvements luttent contre ceci.
Par exemple, en 1964, la ségrégation dans les écoles est
déclarée inconstitutionnelle par la Cour Suprême.
John Howard Griffin fait partie de ceux qui se
battent contre le racisme.
En effet, il va jusqu'à se glisser dans la peau d'un noir, par des procédés
médicaux et raconte ensuite son expérience en la couchant sur le papier et en la publiant.
Cette
aventure est pour lui une expérience éprouvante car il subit de nombreuses humiliations et
interdictions qui font de sa nouvelle vie un cauchemar.
Sous sa peau de noir, Griffin est
complètement accepté par la société noire qui lui livre sans hésitation et sans retenue toutes les
s ouffrances qui sont liées à la condition noire.
Il réunit tous ces témoignages dans son ouvrage
autobiographique qu'il rédige comme un journal de bord.
Il nous raconte une petite part de sa vie
avant sa transformation, sa vie pendant sa transformation, nous avouant les souffrances qu'il ressent
lorsqu'il voit ses pairs le dénigrer sans le savoir, alors qu'il est noir, et enfin, celle d'après son
expérience éprouvante de 6 semaines.
Dans ce journal de bord, il écrit tout le mépris auquel il a fait
face, non seulement des blancs envers les noirs, mais également celui des noirs envers les blancs.
Il
nous décrit 2 mondes parallèles qui se côtoient sans se mélanger et qui s'observent avec haine,
toutefois de manière plus passive du côté des noirs que du côté des blancs.
En effet, les blancs
n'hésitent pas à montrer ouvertement leur dédain et leur irrespect, instaurant des lois qui renforcent
les inégalités, bien que déguisées par des mots sans fond, tandis que les noirs se contentent de
regards haineux à l'égard d es blancs, ne tentant pas de lutter et se contentant de survivre parmi cette
société qui leur est hostile.
Par exemple, les blancs affichent clairement leur dégoût en mettant en
place la ségrégation, qu'ils définissent eux -même comme une simple séparation en toute égalité des
2 « races », alors que dans les faits concrets, c'est bien plus que cela.
L'égalité n'est que théorique.
En pratique, c'est plus une isolation de la race noire, considérée comme inférieure, pour qu'elle ne se
mélange pas et ne contami ne pas celle, supérieure, des blancs, comme si elle était porteuse d'une
maladie contagieuse.
L'égalité inter -raciale est complètement bafouée.
Tout cela est bien montré par
Griffin qui, en nous racontant une partie de sa vie sous sa condition blanche, acc entue d'autant plus
le contraste d'avec sa condition de noir.
Il écrit clairement que lorsqu'il était blanc il n'avait aucune
difficulté à se trouver un logement, un travail ou bien même de quoi manger, et était respecté par ses
semblables, bien que faisan t face au regard de haine des noirs.
Lorsqu'il a effectué sa transformation
et est devenu, ou du moins, paraît être un noir, toutes ces difficultés font surface et le heurtent en
plein visage, et cela est d'autant plus blessant pour lui car toutes ces rest rictions, humiliations et
souffrances, lui sont infligées par ses semblables.
Il dénonce donc dans son livre toutes ces
inégalités qui l'ont frappé dès lors qu'il est sorti de sa condition de facilité de blanc pour entrer dans
celle douloureuse de noir.
Il montre du doigt le traitement de défaveur que reçoivent les noirs et
qu'il reçoit donc une fois qu'il en devient un, alors qu'il a simplement augmenté le taux de
pigmentation dans sa peau.
Ce livre a avant tout pour but de dénoncer et de faire réagir la s ociété
sur ces inégalités qui sont beaucoup trop présentes au goût de l'auteur dans la société américaine, et
tout particulièrement dans le Sud de l'Amérique du Nord.
Toutefois, ce livre peut également servir
de référence à tout autre pays comportant des m inorités ethniques, tels les juifs en Allemagne.
En
effet, cette manipulation est totalement indétectable, tant la société noire que la société blanche y
ont cru : les blancs le traitaient comme un noir en lui montrant du mépris, alors que les noirs le
pre naient pour un des leurs et lui livraient tout leur ressenti sans aucune méfiance, allant même
jusqu'à lui prêter des origines confirmant sa condition noire.
John Howard Griffin s'implique
totalement dans son projet de dénonciation, il s'éloigne volontaire ment de sa famille, de ses enfants,
pour réaliser cet objectif.
Et une fois qu'il a obtenu suffisamment de preuves appuyant l'injustice en
place dans la société de son époque, il va même jusqu'à tout raconter à la presse, s'exposant lui -
même ainsi que sa f amille à des menaces et les obligeant à déménager.
Ce livre, récit incroyable
mais pourtant véridique, nous pousse à réfléchir plus profondément sur les inégalités des minorités,
pas seulement les noirs, mais également toutes celles dont les libertés sont dédaignées et vise à faire
changer dans la mesure du possible la vision du monde de celui qui le lit et donc, dans une plus
grande influence, celle d'une société.
EXTRAIT P.176.
»
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