Cours sur la théorie et l'expérience: «Comment les théories scientifiques peuvent-elles «coller» à la réalité ?»

« THEORIE ET EXPERIENCE : « C o mment les théories scientifiques peuvent - elles « coller » à la réalité ? » _____________________________________________________________________ ______ Une conception ancienne de la vérité la définit comme l ’ adéquation entre l ’ intellect et la chose, c ’ est - à - dire comme l ’ accord entre ce qu e mon intelligence affirme et la réalité des faits.

La proposition « la porte est fermée » est vraie, si je peux constater que la porte en question est effectivement fermée.

Mais le problème se complique dès lors que la réalité dont je dois juger n ’ est plus directement observable. 1. Empir ique et expérimental Une boule de billard en heurte une autre : je peux constater que la deuxième se met en mouvement.

Mais qu ’ est - ce qui s ’ est « transmis » entre la première boule et la seconde ? Isaac New ton affirme que ce qui se conserve, c ’ est la « quantité de mouvement » , c ’ est - à - di re le pro duit de la masse par la vitesse.

Il est clair que je ne verrai jamais cette « quantité de mouvement » , qui est une réalité abstraite, présupposant tout un ensemble théorique. L ’ hypothèse explicative a été inventée parmi une multitude d ’ autres possibles .

Qu ’ est - ce qui me permet de choisir celle - ci plut ôt qu ’ une autre comme étant la vraie ? L ’ empirisme (l ’ idée que toutes nos connaissan ces proviennent de l ’ expérience) est insuffisant.

La démarche scientifique n ’ est pas empirique, elle doit - être ex périmentale.

Mais que veut dire expérimental ? Qu ’ est - ce qui distingue expérience et expérimentation ? 2. La démarche déductive La science moderne, depuis Galilée en particulier, est fondé sur la mathématisation du réel.

Desc artes va plus loin : il pense que la démarche des sciences physiques doit suivre l ’ exemple des mathématiques , c ’ est - à - dire être ent ièrement démonstrative.

En suivant strictement l ’ ordre des raisons, la pensée ne peut pas se tromper.

« L ’ ordre consiste en cela seulement, q ue les choses proposées les premières doivent être connues sans l ’ aide des suivantes, et que les suivantes doivent être disposées de telle façon, qu ’ elles soient démontrées par les seules choses qui les précèdent … » (Cf.

Méditations Métaphysiques , Réponses aux secondes objections, 1641 ).

C ’ est ainsi que Descartes déduit l ’ hypothèse des tourbillons pour expliquer le mouvement des planètes.

Mais cette hypothèse ne permet aucune modélisation mathématique, ni aucune expérience, donc aucune réfutation , contrairement à l ’ hypothèse concurrente : celle de Newton.

Lorsque l e « newtonisme » triomphe , l ’ hypothèse cartésienne tombe dans l ’ oubli.

On en retient que la démarche scientifique ne peut être entièrement déductive ; e lle doit allier la raison et l ’ expérience dans un dialogue permanent.

Sans raisonnement préalable, sans hypothèse a priori , une expérience peut - elle « pa rler » ? Sans expérimentation, un raisonnement, m ême hautement cohérent, suffit - il à emporter l ’ adhésion ? 3. L ’ expérimentation Dès lors que l ’ homme ne peut accéder directement à la réalité, toute explication de la nature doit commencer par des inventions, par des hypothèses.

Et comme une infinité d ’ explications sont également cohérentes, le problème essentiel concerne la sélection de ces différentes hypothèses.

Tel est le principe de la base de la méthode hypothético - déductive, dont le schéma ternaire a été explicité par Claude Bernard : 1) forger un e hypothèse à partir d ’ observations multi ples ; 2) déduire les conséquences nécessaires de c ette hypothèse ; 3) trouver un dispositif expérimental susceptible de confirmer ou d ’ infirmer ces déductions à partir d ’ une confrontation. »