cours manon Lescaut
Publié le 21/05/2025
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«
1
Séquence Manon Lescaut
Problématique générale : Peut-on parler de Manon Lescaut
comme dÕun roman moderne ? SÕagit-il dÕun roman de la marginalité ?
I) LÕabbé Prévost, biographie
Né en 1697 à Hesdin, 3e fils dÕune famille distinguée.
Education
chez les Jésuites.
Tempérament rebelle.
Il quitte lÕécole pour tenter
une carrière militaire mais on est en paix.
Retour au collège.
Entre dans
lÕordre des Bénédictins en 1721.
Arrive à Saint Germain des Prés.
Quitte le monastère.
Les bénédictins réclament son arrestation : il
sÕexile alors en Angleterre.
Il ajoute alors le patronyme dÕExiles à son
nom.
En 1730, écrit lÕhistoire du Chevalier des Grieux et de Manon
Lescaut.
Tombe amoureux dÕune femme fatale, Lenki, qui le ruine.
Quitte lÕAngleterre, y revient, fonde un journal.
1731-1734 : publie
lÕhistoire de Monsieur de Cleveland, roman le plus lu de lÕépoque des
Lumières, après la Nouvelle Héloïse de JJ Rousseau.
Il obtient enfin
du pape de rentrer en France en 1734.
Devient aumônier du prince de
Conti.
Ecrit romans, traductions, livres dÕhistoire.
Nouvelle fuite à
lÕétranger pour des raisons financières.
LÕécrivain a toujours baigné
dans une atmosphère louche, ne reculant visiblement pas devant les
entorses à la loi, les délits, les escroqueries… En 1754, le pape lui
octroie un prieuré près du Mans : fin des soucis dÕargent.
Meurt en
1763 dÕune rupture dÕanévrisme.
La tradition littéraire ne retient que Manon Lescaut mais son
œuvre est immense : 13 romans, 60 ouvrages, une cinquantaine de
traductions, des compilations… Prévost reprend la tradition du roman
baroque, aventures échevelées, parfois sanglantes etc… cependant des
héros qui ne recherchent pas la gloire mais sont ballottés dÕéchecs en
revers.
Pour Prévost, les épreuves sont autant de signes sur la voie
dÕune sagesse qui viserait à se débarrasser de ses passions.
Ses romans
insistent sur la complexité de lÕindividu.
Instabilité de personnages
toujours en mouvement.
Ironie du sort : cÕest Manon Lescaut, son
roman le plus linéaire, qui diffère beaucoup du reste de lÕœuvre de
lÕabbé Prévost qui est resté célèbre.
2
II) Sur Manon Lescaut
Il sÕagit du dernier volume dÕun ensemble de mémoires fictives
intitulées : Mémoires et aventures dÕun homme de qualité qui sÕest
retiré du monde.
LÕabbé Prévost considérait dÕailleurs Manon Lescaut
comme autonome par rapport au reste de lÕœuvre.
Le livre a été jugé
scandaleux et condamné à deux reprises à être brûlé.
Bien quÕinterdit,
le roman est un succès.
Le premier titre est Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon
Lescaut.
Il devient Manon Lescaut en 1742.
Edition actuelle qui vient
de la version revue et corrigée de 1753.
Le récit est assuré par un
narrateur qui se nomme M.
de Renoncour, qui prétend rapporter les
paroles exactes de Des Grieux modalisation constante : on a
toujours du mal à distinguer le narrateur, le héros et lÕauteur.
En outre,
le récit est postérieur aux aventures de Des Grieux et Manon Lescaut
dÕoù un récit distancié.
Le narrateur prétend avoir un objectif moral : en montrant les
drames et les vicissitudes de la passion, il soutient quÕil met en garde
contre le vice et fait lÕapologie de la vertu.
Il écrit dÕailleurs :
« lÕouvrage entier est un traité de morale, réduit agréablement en
exercice ».
Il sÕagit donc de nous montrer ce qui est mal pour nous
entrainer vers la vertu, à savoir le bien, en se servant de lÕexemple
pratique de Des Grieux (lÕexercice).
III) Manon Lescaut, un roman moderne ?
1) un roman dÕamour
2) un roman dÕaventures
3) Un roman initiatique
4) un roman moral ?
3
Explication 1, p.35-37 : première rencontre de Des Grieux et de
Manon, de « jÕavais marqué le temps de mon départ nul moyen de
lÕéviter ».
« JÕavais marqué le temps de mon départ dÕAmiens.
Hélas ! que ne
le marquai-je un jour plus tôt ! JÕaurais porté chez mon père toute mon
innocence.
La veille même de celui que je devais quitter cette ville,
étant à me promener avec mon ami, qui sÕappelait Tiberge, nous vîmes
arriver le coche dÕArras, et nous le suivîmes jusquÕà lÕhôtellerie où ces
voitures descendent.
Nous nÕavions pas dÕautre motif que la curiosité.
Il en sortit quelques femmes qui se retirèrent aussitôt.
Mais il en resta
une fort jeune, qui sÕarrêta seule dans la cour, pendant quÕun homme
dÕun âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, sÕempressait
pour faire tirer son équipage des paniers.
Elle me parut si charmante,
que moi, qui jamais nÕavais pensé à la différence des sexes, ni regardé
une fille avec un peu dÕattention ; moi, dis-je, dont tout le monde
admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout dÕun
coup jusquÕau transport.
JÕavais le défaut dÕêtre excessivement timide
et facile à déconcerter ; mais loin dÕêtre arrêté alors par cette
faiblesse, je mÕavançai vers la maîtresse de mon cœur.
QuoiquÕelle fût
encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses sans paraître
embarrassée.
Je lui demandai ce qui lÕamenait à Amiens, et si elle y
avait quelque personne de connaissance.
Elle me répondit ingénument
quÕelle y était envoyée par ses parents pour être religieuse.
LÕamour me
rendait déjà si éclairé, depuis un moment quÕil était dans mon cœur, que
je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs.
Je lui
parlai dÕune manière qui lui fit comprendre mes sentiments ; car elle
était bien plus expérimentée que moi : cÕétait malgré elle quÕon
lÕenvoyait au couvent pour arrêter sans doute son penchant au plaisir
qui sÕétait déjà déclaré et qui a causé dans la suite tous ses malheurs
et les miens.
Je combattis la cruelle intention de ses parents par
toutes les raisons que mon amour naissant et mon éloquence scolastique
purent me suggérer.
Elle nÕaffecta ni rigueur ni dédain.
Elle me dit,
après un moment de silence, quÕelle ne prévoyait que trop quÕelle allait
être malheureuse, mais que cÕétait apparemment la volonté du ciel,
puisquÕil ne lui laissait nul moyen de lÕéviter.
»
4
Introduction :
Amorce : abbé Prévost/ histoire de la litt.
Situation : on se trouve au tout début du roman ; Renoncour laisse
place au récit du chevalier Des Grieux.
Le jeune homme débute sa
narration à la première personne par la rencontre qui a bouleversé sa
vie quatre années plus tôt.
Alors âgé de dix-sept ans, il sÕapprête à
rejoindre son père pour les vacances mais il tombe sur Manon Lescaut.
Problématique : Comment lÕabbé Prévost sÕy prend-il pour
renouveler le thème éculé de la première rencontre et du coup de
foudre ?
Plan du texte
l.1 – 10 : « JÕavais marqué […] retirèrent aussitôt » : les circonstances
de la rencontre.
l.10 – 15 : « Mais il en resta […] transport».
Un coup de foudre.
l.19 – 45 : « JÕavais le défaut [….] de lÕéviter » premier entretien.
I) les circonstances de la rencontre
- Lyrisme avec « Hélas ! » et figure de style de la prolepse (anticipation
narrative) il sÕagit dÕattiser la curiosité du lecteur et dÕexprimer la
fatalité (tout ce qui est arrive est déterminé dÕavance)
-Terme dÕinnocence particulièrement important : il montre que Des
Grieux porte un regard rétrospectif et moralisant sur lui-même.
- Une sortie ennuyeuse : promenade entre amis, et curiosité pour un
diligence
- Présence de Tiberge, personnage majeur, ami de toujours, toujours
dupe mais toujours aidant.
Témoin constant
- Notion de hasard « Nous nÕavions dÕautre motif… ».
Hasard ou destin,
il sÕagit dÕun ingrédient de la passion amoureuse.
II) Le coup de foudre
5
- Elément perturbateur classique : arrivée dÕun coche (diligence) rempli
de femmes ; une se détache des autres ce personnage suscite à
nouveau la curiosité.
- Portrait physique avorté : unique élément de description = « fort
jeune ».
Jeunesse renforcée par contraste avec lÕâge avancé de son
serviteur.
Phrase suivante « si charmante » curiosité.
- Corrélation « si charmante… que… »
+ phrase dÕailleurs
inhabituellement longue + antithèse « sagesse » et « retenue » /
« enflammé jusquÕau transport ».
Les relatives ralentissent
considérablement la subordonnée de conséquence illustrent le coup
de foudre.
Voir Louise Labé, je vis je meurs…
- Insistance sur la pureté du jeune homme de 17 ans « qui nÕavais
jamais… », « retenue », « sagesse ».
Le regard rétrospectif qui contient
toujours une dimension morale teintée de regret (illustre « le traité de
morale » dont parle lÕabbé Prévost).
- Absence description physique de la jeune fille + absence de réaction
curiosité.
Illustre une relation à sens unique.
III) Premier entretien
- Contraste violent entre le jh « excessivement timide » (hyperbole), qui
disparaît immédiatement et le terme, absurde, mais caractéristique de
la passion : « maitresse de mon cœur ».
Le langage est révélateur du
désordre de la passion, de lÕexcès, thème récurrent du roman.
- pour une si jeune fille (sub conj de concession bien quÕelle fût…), Calme
et maitrise de soi impressionnant chez Manon : « sans paraître
embarrassée »
- Différents indices de....
»
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