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cours de philo sur la nature

Publié le 22/05/2023

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« Une notion polysémique 1.

Comment définir la nature ?  La nature n’est pas aisée à définir, tant le concept enchevêtre des acceptions variées.

Que veut-on dire lorsqu’on qualifie de « naturel » un être ou un comportement ? Veut-on signifier « normal », « inné » ? Désignons-nous ce qui n’est pas culturel ou ce qui n’est pas techniquement produit, voire l’inverse de l’artificiel ? Veut-on parler d’une nature humaine qui comprendrait ce que notre volonté ne choisit pas librement ? S’agit-il d’un principe créateur, d’un moteur du changement ?  On le voit, la nature est un concept surchargé sémantiquement et une grande partie du travail philosophique consiste à déterminer ses bornes et ses limites, car c’est à partir de la nature que la philosophie définit de nombreuses notions comme le remarque Heidegger : « C'est elle qui est première dans la mesure où c'est toujours par opposition à la nature que les distinctions sont faites.

» 2.

Une totalité  La nature peut être définie comme le tout de la réalité, humaine comme extrahumaine.

En ce sens il n’existerait pas d’anti-nature.

C’est en ce sens englobant que Parménide définit l’être, comme totalité du réel, comprenant la pensée mais excluant le néant.  Plus tard Spinoza refuse de penser, comme Descartes le fait, que l’homme dispose d’un statut séparé des autres êtres de la nature.

Contre l’idéal de se rendre « comme maître et possesseur de la nature », Spinoza répondra que l’homme n’est pas un empire dans un empire, il est englobé dans la nature.

Il n’existe donc pas d’extériorité de l’homme par rapport à la nature, pas plus qu’entre la nature et Dieu : « la puissance de Dieu et la puissance de la nature sont identiques ».

Cependant, la définition de Dieu ici n’est pas celle de la religion, il est impersonnel et s’exprime sur deux modes : 1.

Dieu comme principe créateur de tout l’être est la nature naturante 2.

Dieu, comme l’ensemble des principes nécessaires et des êtres créés, est la nature naturée.  Toutefois, il n’y pas de transcendance d’un mode sur l’autre, Dieu n’est pas séparable de la nature : deus sive natura (Dieu, ou la nature). 3.

La nature primitive, en et hors de l’homme  La nature est aussi pensée, voire fantasmée, comme l’état originel perdu.

L’idée de l’état naturel qui préexiste à l’État civil, de l’homme primitif qui préexiste à l’homme civilisé, ou encore de la nature vierge qui préexiste à un aménagement des espaces, tient à cette définition de la nature comme état primitif.  Cependant cet imaginaire du « point de départ » est suspicieux, il aboutit souvent à des fictions méthodologiques ou idéologiques et permet surtout de légitimer ce qui succède à la nature : structure politique, organisation religieuse, engagement social, surveillance des instincts.  Cet idéal de la nature originaire est présent dans les grandes sagesses antiques.

Epicure indique, par exemple, que la sagesse consiste à trier nos désirs pour sélectionner ceux qui sont naturels et nécessaires.

Le stoïcisme en est une autre illustration.

Selon Épictète, la nature humaine permet à tout homme de devenir progressivement ce que sa nature lui fixe comme objectif ; en ce sens, la culture n’est que la poursuite de l’intention naturelle.

L’homme est alors conçu comme « l’animal raisonnable », maître de lui, puisque sa vertu contrôle ses désirs.  Dans le christianisme, on retrouve l’idée d’une nature perdue, édénique, dont nous avons été chassés pour rejoindre une nature de second ordre qu’il faut soumettre.

En effet, telle est la tâche que Dieu fixe à l’homme : « dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et tout animal qui se meut sur terre » (La Bible, Genèse 1-28). 4.

Le principe créateur  Penser rationnellement le monde suppose d’établir les causes des événements de la nature et de la nature elle-même.

Mais de cause en cause, la raison est conduite à une régression infinie et à une aporie : qu’en est-il de la première cause ?  La nature est alors identifiée à l’idée de la source première, principe créateur et poussée qui rendrait mobile l’ensemble de la création.

Cette définition métaphysique nécessaire à la conception de la physique correspond « au premier moteur » ou « principe premier » d’Aristote.

Par extension, la nature d’une chose, c’est donc son principe premier ou encore son essence.  Dans les sociétés anciennes, la nature a une dimension cosmologique.

La loi au sens naturel (lois de la biologie, de l’astrophysique, de la physique) est l’émanation d’un principe premier qu’il convient de choisir comme guide des lois culturelles (lois morales et politiques).  Ce principe créateur est aussi à l’origine de la distinction entre être naturel et être artificiel, un être naturel étant doté en lui-même d’un principe de mouvement ou de résistance.

C’est ainsi que Kant distingue la montre la mieux réalisée et le moindre des êtres naturels : la montre n’a pas son principe de croissance en elle et ne saurait croire par elle-même ou créer d’autres montres. 5.

La nature perdue  Dans la Genèse, l’homme reçoit une place naturelle auprès de Dieu, que la faute originelle lui fait perdre.

Au sein de cette première nature, l’homme est nu et connaît la satisfaction sans travailler à sa subsistance.

Par la suite, il est condamné au travail et couvre son corps de vêtements, puisqu’il a perdu son innocence originelle.

Le christianisme pose donc une nature perdue et une société créée à partir d’un événement décisif.

Cette conception introduit donc l’idée d’une comparaison des valeurs entre un avant et un après en définissant la culture comme une altérité à la nature.  Rousseau définit également la société et la culture comme un état succédant à une forme idéale et idéalisée de la place naturelle des humains.

À partir de la naissance de la propriété privée, la société civile naît avec son cortège de lois, l’obligation de travailler, la misère et la domination interhumaine.

La société est donc une corruption de la valeur premièrequ'est la vie naturelle.  Dans les sociétés anciennes, la nature a une dimension cosmologique.

La loi au sens naturel (lois de la biologie, de l’astrophysique, de la physique) est l’émanation d’un principe premier qu’il convient de choisir comme guide des lois culturelles (lois morales et politiques).  Ce principe créateur est aussi à l’origine de la distinction entre être naturel et être artificiel, un être naturel étant doté en lui-même d’un principe de mouvement ou de résistance.

C’est ainsi que Kant distingue la montre la mieux réalisée et le moindre des êtres naturels : la montre n’a pas son principe de croissance en elle et ne saurait croire par elle-même ou créer d’autres montres. L’approche scientifique 1.

L’expérience La nature qu’étudie le scientifique est une nature restreinte, dont les phénomènes ont été convoqués par le scientifique, c’est-à-dire qu’ils ne sont plus spontanés mais provoqués dans un dispositif qui favorise leur mesure.  Cette nature en laboratoire est un modèle épuré de la réalité.

Il s’agit déjà d’une construction à partir de laquelle un dialogue est possible entre des phénomènes simplifiés et une rationalité à construire : « La nature éveille notre curiosité, nous lui posons des questions nouvelles auxquelles la nature réplique en suggérant de nouvelles idées et ainsi de suite indéfiniment », déclare ainsi Bergson.  2.

Construire ou découvrir les lois naturelles ? Notre raison scientifique construit-elle les lois de la nature ou force-t-elle la nature à nous livrer ses lois ?  Cournot considère que l’effort du scientifique est de percer le secret de la nature.

Dans cette conception, la nature est elle-même organisée suivant des lois rationnelles, elle est une mathesis universalis, et l’homme produit un effort pour comprendre un ordre universel présent et totalement accessible à la raison. Cette idée de la convergence entre l’esprit humain et la structure du monde est également la thèse d’Einstein.  Inversement, Kant considère que l’entendement prescrit ses lois à la nature.

La raison puise en elle les structures de compréhension qu’elle espère trouver dans son objet.

Michel Foucault montre également que notre approche de la nature dépend des transformations des procédures scientifiques et qu’elle évolue historiquement.  3.

Le vivant est-il réductible à des procédures physico-chimiques ? Le corps naturel organisé possède une complexité d’organisation.

Leibniz affirme pour l'illustrer : « les machines de la nature, c’est-à-dire les corps vivants, sont encore machines dans leurs moindres parties, jusqu’à l’infini.

C’est ce qui fait la différence entre la Nature et l’Art, c’est-à-dire entre l’art divin et le nôtre ».

L’approche scientifique du vivant repose donc, soit sur des conceptions différentes de la particularité naturelle, soit sur sa négation.   Le mécanisme : o On a souvent rapproché le fonctionnement de l’être vivant et celui de la machine, selon le modèle de l’automate ou de l’« animal machine ».

C’est ce que l’on appelle le mécanisme.

Descartes propose ainsi d’appliquer les règles de la physique aux corps naturels organisés (celui de.... »

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