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Cours conscience

Publié le 22/05/2025

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« LA CONSCIENCE Nous ne définirons pas la conscience, notion du programme, avant de la rencontrer.

Avant de la rencontrer ? Mais que disons-nous ? Nous en avons tous fait connaissance forcément, chacun la porte en soi. En réalité on pourrait corriger aussitôt ce que nous venons d’affirmer un peu trop à la va-vite. D’abord, plutôt qu’être portée en soi, la conscience EST ce « soi », c’est-à-dire nous-même.

Et plutôt que « j’ai une conscience », on devrait dire : « Je suis une conscience ». Ensuite : la conscience, on ne la connaît pas.

Ce qu’on peut connaître, c’est son concept.

Et c’est elle qui connaît, en tant que sujet.

En faisant retour sur soi, chacun peut réfléchir.

Mais les yeux qui regardent le monde autour ne sauraient se regarder eux-mêmes.

La conscience est pour chacun un point de perspectives sur le monde. Et on ne la rencontre pas non plus comme on disait tout à l’heure, parce qu’on la porte soi-même en quelque sorte, d’une manière unique et indéfinissable qui ne ressemble à rien d’autre. La conscience n’est pas un objet.

Nous ne pouvons pas, comme un objet en face de nous (-ob), la détacher de nous pour la poser ou la jeter (-jet) dans le monde extérieur. La conscience est sujet.

Non pas vous ou moi, Jean ou Pierre, ce moi individuel et personnel, mais ce « quelque chose », comme dira Descartes qui, en nous, pense, perçoit, sent, imagine, désire… Mais la conscience pense, perçoit, sent, etc., toujours quelque chose posé pour ainsi dire en face d’elle. C’est ce quelque chose « en face » qui est « l’objet ». Vous aurez déjà remarqué que nous ne parlons pas ici de la conscience morale (nous en parlerons bientôt) ni de l’état physiologique, mais d’autre chose, difficile à définir et même à concevoir.

Mais le paradoxe veut que le plus ardu à définir soit souvent le plus familier et par conséquent : inaperçu.

En ce sens, la conscience est un exemple par excellence de sujet philosophique.

Nous aurions pu dire la même chose de la VERITE, omniprésente mais presque insaisissable en tant que concept. C’est le moment de nous demander pourquoi dans notre cours nous allons traiter la CONSCIENCE juste après nous être focalisés sur la VERITE.

Nous avons déjà vu que PLATON, dans le texte étudié tiré de l’Apologie de Socrate, fait dire à celui-ci que la seule chose qu’il sait, c’est qu’il ne sait pas.

Et nous avons signalé que l’ambiguïté par équivoque, qui semble une contradiction (on ne peut en même temps savoir et ne pas savoir), peut être dissipée en remarquant que les deux occurrences du verbe « savoir » ont ici un sens différent.

Le premier, disions-nous, correspond à la prise de CONSCIENCE où Socrate se rend compte, dans une réflexion ou retour sur soi, qu’il n’a pas de connaissance.

Nous devons donc distinguer CONSCIENCE et CONNAISSANCE.

Cette dernière se définit, vous l’avez dans vos répertoires, comme une relation entre un sujet et un objet.

Or dans la conscience il n’y a pas d’objet, puisque le sujet fait retour sur soi et devient pour ainsi dire un objet pour lui-même, sans être aucunement un objet pour autant.

(Sujet Bac : « Peut-on se connaître soi-même » ; la clé consiste ici à distinguer justement conscience et connaissance.) Mais retenons ceci : pour chercher la VERITE, la première condition selon le Socrate de Platon, consiste en cette prise de CONSCIENCE.

Nous devons approfondir le rapport entre ces deux notions. Remarquons tout d’abord que la vérité existe, est toujours là pour ainsi dire, indépendamment de toute conscience qui puisse l’apercevoir : deux et deux font toujours quatre et la terre est toujours ronde même s’il n’y avait aucune conscience pour le savoir.

C’est l’état d’ignorance : je ne sais pas que je ne sais pas. Ensuite, la prise de conscience socratique nous mène plus près de la vérité recherchée.

En effet, celui qui sait qu’il ne sait pas, sans sortir de l’ignorance totale, n’est plus dans l’erreur qui consiste à croire savoir alors qu’on ne sait pas, caractéristique comme on l’a vu de l’opinion, ce cache-misère de l’ignorance, un état dans lequel nous vivons tous la plupart du temps, aussi bien dans la vie quotidienne qu’aux moments des grands choix de notre vie. Enfin, savoir et savoir que l’on sait, ce serait la situation ou nous réussissons à saisir une vérité tout en en ayant conscience.

(Remarquons que la quatrième possibilité : savoir et ne pas savoir que l’on sait, correspondrait à la notion d’INCONSCIENT, que nous allons étudier plus tard.) Nous avons donc dans ce jeu de cache-cache entre la CONSCIENCE et la VERITE (rappelez-vous ARISTOTE, Métaphysique A, 1, texte étudié : « tous les hommes désirent par nature savoir ») : 1.

Une vérité sans conscience (situation qui pose le problème de comparer vérité et réalité) ; 2.

La conscience comme point de départ nécessaire dans la recherche de la vérité ; 3.

Le point d’arrivée du désir humain de vérité, l’accomplissement de la recherche, où la vérité est acquise et où nous en avons conscience. (Les élèves forts en dessin peuvent tenter ici une bande dessinée explicative.

A vos cahiers de brouillon !) Or, voici ma proposition sidérante : peut-on poser la CONSCIENCE pas seulement comme un point de départ, mais en elle-même comme une forme de VERITE et une sorte de vérité par excellence, le modèle de toute vérité ? Autrement dit : En quel sens peut-on dire que la conscience est une vérité ? C’est ici que nous allons voir comment DESCARTES, Discours de la méthode, IV, semble proposer quelque chose dans ce genre : la conscience serait la vérité parfaite et absolue.

Bref, nous allons étudier le texte où Descartes pose son célèbre : « Je pense donc je suis » (en latin : Cogito ergo sum). (Vous avez déjà ce texte en photocopie ou sur le cahier de textes.) DESCARTES, Discours de la méthode, IV Vous savez déjà que le plus important est de trouver un problème et d’expliquer celui-ci ainsi que la thèse (solution au problème) proposée par le texte. N’exposez jamais, dans une explication de texte, l’histoire de la philosophie pour elle-même.

Cependant, ici en classe, aborder rapidement certains aspects du contexte historique dans lequel Descartes élabore sa philosophie peut s’avérer utile pour comprendre justement le problème et la thèse du texte.

Sans doute l’un des textes les plus célèbres de toute la philosophie a-t-il reçu une infinité d’interprétations.

Nous avons choisi ici une manière parmi cette infinité d’approches, en fonction des besoins de notre cours.

Vous devez vous focaliser sur l’enchaînement des problèmes que nous traitons ici et en l’occurrence, sur le rapport entre VERITE et CONSCIENCE. Avant l’explication, quelques éléments historiques Soyons brefs.

Descartes, philosophe et mathématicien, l’un des plus grands penseurs de tous les temps, fondateur de la science moderne, a ouvert la voie à la modernité dans l’histoire des idées.

Rien ne sera plus pareil après Descartes.

Il a vécu, au milieu du XVIIe siècle (situez toujours chaque auteur mentionné dans le tableau chronologique distribué en classe ou dans celui du manuel), un moment charnière, un moment de crise de la science et des idées philosophiques à la base de la science.

Nous allons simplifier beaucoup : avant lui, le Moyen-Age dominé par la scolastique, une philosophie qui suit dogmatiquement deux autorités, Aristote et la Bible.

Après lui, la science moderne qui, après les découvertes apportées par le recours à l’expérience, va devenir jusqu’à aujourd’hui, une science basée tout entière sur les mathématiques.

Et la philosophie pour sa part sera dominée fortement par le problème de la CONSCIENCE. Nous avons dit : moment de crise.

Grâce au télescope, par exemple, on découvrait les tâches solaires.

Que répondait la scolastique à ces savants révolutionnaires qui commençaient à avoir recours à l’observation au lieu de se fonder exclusivement sur l’autorité de « ceux qui disent savoir », comme nous avons lu dans le texte de Russell quand il caractérise le dogmatisme ? Ils disaient plus ou moins : vous devez vous tromper, le télescope n’apporte pas la VERITE, celle-ci ne peut provenir que d’Aristote ou de la Bible et nulle part n’y est écrit que le Soleil puisse avoir des taches.

Vous connaissez peut-être le conflit entre Galilée et l’Eglise (et les aristotéliciens) lorsque le savant a osé affirmer que la Terre se meut (les idées de Copernic, l’héliocentrisme, contredisaient la science admise).

Et le savant italien Giordano Bruno a été brulé vif pour avoir soutenu des idées similaires. Une crise amène une instabilité : le monde ancien n’est plus soutenable, mais le monde moderne n’est pas encore suffisamment fondé pour réussir à le remplacer.

C’est ainsi que Descartes se propose de chercher ceci : une base philosophique solide, suffisamment ferme pour pouvoir fonder une nouvelle science… qui sera notre science moderne, celle que vous étudiez et qui est appliquée par la TECHNIQUE qui transforme notre monde chaque jour. Explication de texte :.... »

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