Correction dissertation sur la guerre (un affrontement armé entre Etats ?)
Publié le 26/05/2025
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«
LA GUERRE, UN AFFRONTEMENT ARMÉ ENTRE ÉTATS ?
Lorsque le général prussien Karl von Clausewitz écrit dans son ouvrage « De la guerre »,
publié en 1832 à titre posthume, « la guerre est un acte de violence engagé pour
contraindre l'adversaire à se soumettre à notre volonté », il ne fait aucun doute que pour
lui cet acte de violence désigne un « duel entre États ».
Dans cette somme, devenue une
véritable référence de la polémologie, l’étude de la guerre, on retrouve de longues
définitions de ce qu’est la guerre classique, régulière, obéissant à un certain nombre de
règles prédéfinies, dont l’objectif est invariablement politique.
On peut également y lire
son analyse des guerres absolues, incarnées par les guerres menées par Napoléon, qui
ont pour but l'anéantissement de l'adversaire.
Ces approches reposent sur un même
modèle, l’opposition entre Etats sur un champ de bataille.
Cependant, toutes les guerres
se conforment-elles à ce modèle ? La guerre a en effet connu de nombreuses évolutions
dans sa forme, les acteurs impliqués et les moyens utilisés depuis le XVIIIème siècle.
C’est ce que nous chercherons à démontrer en décrivant dans une première partie les
différentes formes de guerres décrites par Clausewitz, puis dans une deuxième partie les
ruptures que vont constituer les multiples formes de guerres survenues depuis le milieu
du XXème siècle.
Il existe un modèle prédominant de la guerre, qui la considère comme étant
principalement interétatique et régulière.
Ce modèle, qui a longtemps prévalu, est resté
le modèle le plus courant du dix-huitième siècle au XXe siècle, et garde encore une
certaine actualité aujourd’hui.
Dans cette forme classique, largement décrite par
Clausewitz dans son ouvrage De la guerre (1832), la guerre se déroule entre États, c'està-dire entre unités souveraines formées par des populations vivant sur un territoire
reconnu et administré par des institutions communes.
Il s’agit alors d’atteindre des
objectifs politiques en usant de la guerre comme moyen pour y parvenir.
La guerre est
déclarée au préalable par l'État agresseur et se termine par un traité de paix mettant fin
aux hostilités et distribuant aux différentes parties leurs bénéfices ou leurs pertes à
hauteur de leur victoire ou de leur défaite.
Jusqu’au XIXème siècle, les acteurs principaux de ces conflits armés sont des soldats de
métier qui combattent en respectant les règles de la guerre du moment.
C'est le cas lors
de la guerre de Sept ans, un des exemples pris par Clausewitz pour illustrer sa théorie de
la guerre.
Celle-ci dure de 1756 à 1763 et oppose la Prusse, alliée au Royaume-Uni et à
une coalition d'États dirigée par la France et l'Autriche.
Les batailles se déroulent
principalement dans le Saint empire, telle celle de Rossbach, qui oppose en 1757 l'armée
du roi de France Louis XV au roi Frédéric II de Prusse dans un combat meurtrier.
Mais le
conflit s'étend aussi dans les colonies américaines, l'objectif étant ici pour les puissances
européennes d’asseoir leur hégémonie mondiale.
À la fin de la guerre en 1763, lors du
traité de Paris, la France perd de nombreuses colonies comme le Canada et la Louisiane
orientale au profit de l'empire britannique.
La France vaincue doit sacrifier une partie de
ses terres pour pouvoir conserver les plus précieuses, comme les Antilles.
Les Anglais
quant à eux atteignent leur but, et imposent leur hégémonie politique et économique sur
le globe.
Notons qu’au cours de cette guerre, deux éléments sont précurseurs des guerres à venir
au 19ème siècle.
D’une part, lors de la bataille de Rossbach, la victoire est due au génie
militaire du roi, véritable stratège, qui a choisi d’éviter un affrontement direct traditionnel
avec un ennemi beaucoup plus nombreux, en lançant une attaque éclair, à revers, et qui
a pris de vitesse les Français.
D’autre part, il y a eu de la part des Anglais des violences
s’assimilant à un véritable nettoyage ethnique perpétrées à l’encontre des populations
civiles francophones et catholiques du Canada qui refusaient de faire allégeance au roi
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d’Angleterre, reflétant une « montée aux extrêmes », terme utilisé par Clausewitz pour
désigner l’exaspération des combats et des moyens utilisés durant les guerres.
Mais ce sont les guerres révolutionnaires et napoléoniennes, qui, tout en conservant
certaines caractéristiques classiques de la guerre, vont vraiment transformer le
déroulement et la forme des guerres.
Clausewitz considère que la guerre sort alors de
son cadre conventionnel et s'approche de ses origines très brutales.
Tous les moyens audelà de ceux de l'État sont utilisés pour réaliser les objectifs politiques et la guerre
devient donc, pour Clausewitz, « illimitée », ou absolue.
La conduite de la guerre se fait
toujours de manière classique sur un champ de bataille limité, entre Etats.
En revanche,
les armées se transforment.
Par exemple, la Révolution fait émerger la figure du citoyen
soldat qui n'est plus un professionnel de la guerre mais un homme qui combat pour
défendre des idéaux et des droits acquis récemment et que menacent les monarchies
voisines, inquiètes d’une contagion de ces idées jugées subversives.
Désormais, le corps
des officiers ne dépend plus du rang social, et les militaires sont recrutés selon leur
mérite et leur valeur, comme l’illustre Napoléon Bonaparte, issu de la petite noblesse
corse.
Par ailleurs, l’armée devient plus performante grâce à la spécialisation de ses corps
et la distinction entre l’infanterie, l’artillerie et la cavalerie.
Ces transformations étant
associées à des armes plus performantes, il devient évident que les combats vont avoir
un caractère beaucoup plus violent et causer des pertes humaines bien plus importantes.
C’est ce que Clausewitz appelle la « montée aux extrêmes ».
Les batailles napoléoniennes
sont restées célèbres dans l'histoire, comme celle d’Austerlitz en 1805, qui est une
illustration parfaite de la trinité de la guerre décrite par Clausewitz.
Celle-ci unit
l’intelligence du gouvernement dans ses choix, le génie du général capable de faire face
au « brouillard de la guerre », la violence nourrie par la haine de l’autre et la
détermination des combattants.
Les deux guerres mondiales au XXème siècle correspondent bien à ce modèle de guerres
régulières, au sens où les États sont les acteurs menant l’ensemble des opérations.
Elles
différent cependant des guerres précédentes dans la mesure où ce sont des guerres
totales, impliquant l'ensemble de la société civile qui contribue à l'effort de guerre et
militaire, et subit directement la guerre.
La Seconde guerre mondiale est quant à elle une
guerre d'anéantissement idéologique : Hitler veut en effet éliminer ses ennemis, les Juifs,
les communistes, les démocraties libérales, et les pays de l'Axe partageant une idéologie
expansionniste raciste.
Il en résulte que ce conflit sera le plus coûteux en vies humaines
de toute l'histoire de l'humanité.
Plus de 42 millions de civils sont morts dans les combats
et les bombardements.
Ainsi, le nombre de victimes civiles est supérieur à celui des
victimes militaires s’élevant à 25 millions.
Si les guerres interétatiques régulières n’ont pas disparu après 1945 et perdurent de nos
jours comme en témoigne le conflit russo-ukrainien, ce sont néanmoins d’autres types
d’affrontements qui prévalent désormais, et que l’on pourra distinguer dans une
deuxième partie.
Il s’agit effectivement de démontrer ici que la guerre a évolué depuis Clausewitz.
On peut
tout d’abord évoquer la guerre froide, qui s'est déroulée de 1947 à 1991 comme une
première grande rupture.
Si elle fait encore se confronter deux États, la dissuasion
nucléaire très....
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