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correction commentaire de texte Schopenhauer et l'identité personnelle

Publié le 02/10/2022

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« PHILOSOPHIE Correction du devoir de commentaire n°2 sur le texte de Schopenhauer 1 ; (Présentation) Le texte qui nous est demandé de commenter est issu de l’ouvrage principal du philosophe allemand Arthur Schopenhauer « le monde comme volonté et comme représentation » 2.

(Thème) Le thème développé dans ce texte est celui de l’identité personnelle.

Nous sommes en effet en tant qu’êtres finis soumis aux modifications que nous fait subir le temps. Ces transformations n’atteignent pas simplement notre apparence physique mais aussi ce que nous sommes en tant que personne.

Nos opinions et nos goûts peuvent changer radicalement selon les époques ou les circonstances.

Certes, les souvenirs semblent représenter une certaine continuité entre passé et présent, mais notre mémoire demeure très parcellaire et la majorité des événements de nos vies nous est aussi remémorée et garantie par Autrui comme c’est le cas de la petite enfance dont nous n’avons de souvenirs qu’à travers ceux qui nous la racontent.

On peut alors s’interroger sur cette continuité qui semble échapper à la conscience. Alors que celle-ci semble pourtant garantir notre existence au moment présent à travers la réflexivité, elle est étrangement impuissante à le faire dans la durée. 3.

(Thèse de l’auteur) C’est de ce constat que part Schopenhauer pour élaborer sa propre interprétation du problème de l’identité personnelle.

Le point le plus marquant du texte est la mise à l’écart du rôle de la mémoire dans l’unification temporelle de l’identité.

Cette thèse largement partagée antérieurement est remise en cause grâce à l’importance accordée à la faculté d’oubli et à la fragilité organique de la mémoire susceptible de détérioration. Schopenhauer réaffirme qu’afin d’assurer une identité constante dans le temps, il faut logiquement fonder cette identité sur quelque chose hors du temps.

Son hypothèse est que la Volonté qui est dans chaque humain la trace du vouloir-vivre universel qui traverse la nature est ce fondement et que ce dernier se manifeste en chacun dans la spécificité du caractère et de la gamme de sentiments que nous sommes capables de mobiliser.

Le Moi fondamental n’est donc pas réflexif, mais un ensemble immatériel d’affects et d’émotions.

On constate ici l’indéniable renversement occasionné par Schopenhauer qui localise l’identité hors de la conscience réflexive et hors de la pensée rationnelle issue de l’intellect. 4.

(Problématique) Repousser toute forme d’identité corporelle et matérielle comme le fait Schopenhauer implique-t-il de reconnaître un principe spirituel hors du temps ? La mémoire est-elle le réceptacle de l’identité en assurant un facteur de continuité dans le temps qui permettrait alors de ne pas recourir à la notion pesante d ‘âme ? Si tel n’est pas le cas, comme semble le défendre l’auteur du texte, le complexe sentiments-émotions, notre capacité d’être affectés est-elle un élément à la fois immuable, qui échappe au temps et qui n’est pas substantiel ? De fait, Schopenhauer semble nous dire que ce qui traverse le temps est plus de l’ordre d’une disposition d’esprit, d’un caractère que d’une faculté bien identifiable et que cette disposition participe d’un Vouloir-vivre universel qui est de l’ordre du désir. 5.

(Annonce du plan) Dans un premier temps, (l.

1-3) nous examinerons dans quelle mesure l’auteur écarte toute corrélation entre identité et corporéité pour souligner que l’identité doit être recherchée dans ce qui échappe au temps et dont le regard est la manifestation extérieure. Nous constaterons ensuite (l 4-7) que la thèse de Schopenhauer repose sur le geste fort d’un rejet de tout rôle de la mémoire dans la définition de l’identité qui s’oppose à une tradition philosophique bien ancrée.

Enfin, Nous examinerons la dimension positive de l’hypothèse du philosophe francfortois qui consiste en l’affirmation du rôle du sentiment comme fondement de l’identité, ce qui demeure cohérent chez un philosophe qui avait déjà identifié le fondement de la morale à la Pitié que nous ressentons pour autrui. Ce qui appartient à l’espace et au temps est nécessairement corporel et matériel et ne saurait être immuable, il est donc impossible pour Schopenhauer que rien de matériel ne puisse fonder l’identité. Schopenhauer partage la thèse fondamentale du mobilisme universel selon laquelle aucun objet appartenant au monde ne demeure immuable et inchangé.

Or, l’identité, c’est ce qui demeure égal à soi sans aucune corruption, altération ou modification.

Elle se symbolise sous la forme A=A.

De fait, nous retrouvons la notion d’identité en mathématiques, un domaine qui nous servira de modèle ici.

Les nombres n’ont aucune consistance physique et pourtant ils possèdent une identité immuable.

Ce constat conduit Schopenhauer à exclure radicalement toute composante corporelle dans l’identité.

Suivant en cela l’exemple bien connu du Bateau de Thésée, il distingue ici Matière et Forme (l.1).

Ce n’est tout d’abord pas dans la matière que réside l’identité car nous constatons que notre corps se renouvelle constamment.

A 15 ans d’intervalle, il ne nous reste plus un atome semblable à celui qui nous composait 15 ans avant du fait du renouvellement des cellules. Concernant la forme, cette dernière est susceptible de nombreux changements qu’elle soit ou non indépendante de la matière.

Nous vieillissons, nous subissons des accidents, mais les dommages corporels n’atteignent pas la continuité du moi.

Comme le soulignait déjà Descartes à propos d’une amputation.

Il est à noter que la question du cerveau est absente de la réflexion de Schopenhauer alors qu’elle est devenue centrale dans la philosophie contemporaine.

Toutefois, on peut déduire que Schopenhauer n’identifierait pas non plus cerveau et personnalité puisque le cerveau est un organe matériel et que ce raisonnement vaut également pour l’ADN inconnu alors.

Ces découvertes scientifiques ne bouleverseraient pas la thèse philosophique défendue ici.

Notons en outre que cette thèse s’oppose en partie à celle de Locke.

Nous avions vu lors de l’examen de l’exercice de pensée du Savetier et du Prince que Locke faisait reposer une partie de l’identité dans le domaine corporel puisqu’il distinguait l’homme matériel de la personne immatérielle constituée par ses souvenirs. Faut-il en conclure que Schopenhauer plaide pour la reconnaissance d’une âme qui ne serait pas constituée de matière, mais d’une substance spirituelle ? Schopenhauer est-il un partisan du dualisme âme-corps et rejoint-il ainsi Descartes ? On pourrait aisément s’y laisser tromper. Ce n’est en réalité pas du tout le cas.

Quand Schopenhauer évoque le regard (l.2), il ne s’agit que de pointer la manifestation corporelle d’un principe immatériel.

Il ne s’agit pas pour autant d’une âme substantielle qui survivra à notre mort.

Le regard est juste un indice de l’existence d’une faculté qui n’est pas soumise au temps et qui confirme l’hypothèse de départ de Schopenhauer.

Ce dernier ne s’engage à ce moment aucunement sur la nature de cette faculté mais il s’engage uniquement sur son existence et son intemporalité.

On peut par ailleurs remarquer que Schopenhauer, grand adversaire de Hegel, ne fait aucune référence au rôle d’Autrui si important pour le philosophe d’Iena (Hegel) dans la constitution de l’identité personnelle.

Hegel considérait ainsi que l’identité passait par la reconnaissance et la confrontation avec Autrui dans un échange « dialectique » de reconnaissance mutuelle. Schopenhauer fait résider l’identité dans une faculté purement interne et non dans une relation externe, même s’il mentionne au passage le fait que l’on puisse nous reconnaître au regard (l.3).

Ce point n’est nullement développé.

On peut légitimement y voir une certaine faiblesse de sa théorie, probablement motivée par son opposition viscérale à Hegel. La mise à l’écart de la conscience réflexive et de son prolongement temporel qu’est la mémoire rompt avec de nombreuses traditions philosophiques et pose son auteur dans une position d’une profonde originalité. On a coutume de considérer la conscience réflexive, ce moment où nous prenons conscience de nous-mêmes comme le point de départ de toute pensée de l’identité et Schopenhauer le rappelle (l.4).

Comme nous l’avons vu avec le stade du miroir, on a l’impression que le soi n’existe qu’à partir du moment où l’enfant devenu sujet est à même de se reconnaître luimême.

Le mouvement que reproduit l’expérience des psychologues n’est autre que celui du mouvement interne de la conscience à un instant t.

Toutefois, comme le souligne Schopenhauer, ce point de réflexivité n’est pas suffisant car il ne saurait résoudre le problème de la conscience dans la durée.

En réalité, nous ne faisons qu’étendre cette expérience de la conscience de soi à nos souvenirs passés, mais ces souvenirs apparaissent alors que ce que nous étions n’est précisément plus là.

La présence du passé ne saurait se confondre avec la présence à soi dans le présent.

Si on peut convenir d’une certaine certitude concernant notre propre existence lorsque nous examinons nos pensées par introspection (l.4 et 5), et en cela Schopenhauer ne s’oppose pas frontalement à Descartes, même s’il ne suit pas ce dernier sur le chapitre de l’âme, il ne faut pas chercher à déduire ce de modèle réflexif la solution du problème de l’identité de la personne dans la durée.

Toutefois, le « je pense donc je suis »de Descartes n’est pas pour Schopenhauer garanti sur la durée.

Je peux prouver que je suis, mais comment prouver que j’ai été ? Le rôle accordé par nombre de philosophes à la mémoire provient de cette extension abusive, mais Schopenhauer fragilise l’hypothèse de la continuité de la conscience.

Pour lui, on ne peut pas se fonder sur la mémoire car cette dernière ne peut nous permettre d’atteindre chaque moment de notre vie avec la même clarté dont nous nous saisissons de notre existence présente et c’est donc à tort que les philosophes ont confondu conscience et mémoire.

D’une part, les souvenirs ne sont pas des actes de conscience aussi purs que les perceptions ou les sensations, ils n’attestent pas de la même fiabilité et, d’autre part, la plupart des instants vécus disparaissent de notre mémoire et on peut.... »

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