Databac

Commentaire composé Discours sur la misère Hugo

Publié le 19/01/2024

Extrait du document

« Entraînement à l’écrit de l’EAF Proposition de corrigé du commentaire composé Texte : Hugo, Discours sur la misère (1849) (Introduction en 4 étapes : amorce, présentation du texte, problématique, annonce du plan) Victor Hugo, poète, dramaturge, romancier, chef de file des romantiques, est un écrivain engagé, très impliqué dans la vie politique de son temps.

En 1849, il est député de l'Assemblée législative de la toute jeune Seconde République.

Cette même année, le 9 juillet, Victor Hugo prononce à l'Assemblée Nationale son « Discours sur la misère » pour engager les députés à constituer un comité destiné à préparer des lois relatives à la prévoyance et à l'assistance publique.

Cet extrait constitue la fin du discours dans laquelle Victor Hugo condamne une politique sociale désastreuse et œuvre en faveur de l’abolition de la misère.

Quels sont les moyens mis en œuvre par l'auteur pour rallier l'auditoire à sa cause ? Nous verrons d’abord que Victor Hugo essaie de toucher son auditoire par son témoignage qui dresse un tableau tragique et pathétique de la misère puis nous montrerons comment il appelle à l’action. (I- Victor Hugo, témoin de la misère) livre. D’abord, l’efficacité du discours de Victor Hugo tient au témoignage glaçant qu’il Dans son discours, Victor Hugo témoigne de la réalité objective de la misère en révélant le fruit de son observation directe.

La répétition du terme « faits »(« faits », « ces faits », « un fait », « de tels faits « ) ainsi que le lexique de la vérité (« révéler », « enquête », « vraie », « grand jour ») enracinent ainsi son discours dans le réel, renforçant la crédibilité de son témoignage.

L’écrivain utilise des déictiques qui ancrent ces faits dans la situation d’énonciation : « Voilà un fait.

En voici d’autres », « Ces jours derniers », « ce sont là ».

La situation décrite est alors rendue proche, présente.

Cette description de la misère, Hugo veut la rendre visible aux yeux des députés qui ne la connaissent pas ou refusent de la voir.

Il essaie ainsi de la décrire le plus précisément possible, notamment par l’utilisation de nombreuses expansions du nom qui s’enchâssent: « des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin, espèce de fumier des villes », «les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon » .

Plus encore, la description entraîne les auditeurs dans une perception de plus en plus précise de la misère par en effet de rétrécissement exprimé par la gradation des lignes 12-13 («Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris(...), il y a des rues, des maisons, des cloaques ») ou celle des lignes 24-25 (« des familles entières, vivent pêlemêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants »). Par le récit de son témoignage, Hugo entend ouvrir les yeux des députés mais aussi toucher leur sensibilité.

Le registre pathétique est ainsi omniprésent comme le montre le champ lexical de la souffrance qui parcourt le texte (« souffrance »l.1 et 2, « laborieuses et souffrantes » l.

19, « malheureux homme» l.

29 et 31, « misère » l.

3, 5, 6, 11 etc).

L’auteur personnalise la misère pour la rendre plus palpable encore.

Ainsi dans une gradation, il évoque d’abord « des familles entières » puis des « hommes, femmes, jeunes filles, enfants » et enfin, au paragraphe suivant, les tristes histoires d’« un homme » et d’« une mère et [de]ses quatre enfants ».

Le passage de l’article indéfini pluriel généralisant à l’article indéfini singulier particularisant permet de personnaliser cette misère, presque de lui donner une identité.

Notons, de plus, que l’orateur finit par l’évocation de la mère et de ses enfants , figures de fragilité et d’innocence, propres à susciter la compassion des plus endurcis.

Ces deux anecdotes sont l’occasion d’exposer les conditions de vie épouvantables des miséreux.

L’impact sur les auditeurs est d’autant plus grand que ces récits sont différés par l’utilisation de points de suspension (« Il y a...

») et les commentaires d’Hugo (lignes 16-20) suscitant un effet d’attente.

Plus encore, les champs lexicaux de la souillure et de la pourriture utilisés (« monceaux infects », « fermentation », « fange », « fumier », « immondes », « pestilentiels », « charniers ») de même que la métaphore de la maladie (« maladie », « lèpre », « mal », « sonde », « plaies », « choléra ») contribuent à créer une sensation de dégoût propre à susciter l’empathie de l’auditoire. Par ce témoignage saisissant, Victor Hugo suscite la pitié mais aussi l’effroi en présentant la misère comme une fatalité contre laquelle ses victimes ne peuvent pas lutter. La chiasme des lignes 29-31 symbolise cet enfermement tragique : « un malheureux homme de lettres » (…) un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre ». De même, la répétition du nom « misère » en début et en fin de phrase l.11-12 (« La misère, messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir où elle en est la misère ? ») suggère l’impossibilité tragique pour le peuple de sortir de cet état qui l’emprisonne.

Quant au lexique du mouvement associé à la personnification (« où elle en est », « elle peut aller », « elle va »), il présente la misère comme une force agissante qui se propage inéluctablement.

Par contraste, la gradation descendante dans « des rues, des maisons, des cloaques » l.24 suggère un resserrement progressif comme si l’environnement des miséreux se restreignait inévitablement jusqu’à les enfermer.

Hugo utilise aussi le registre fantastique pour renforcer le sentiment d’horreur.

Ainsi, chez les misérables, la frontière entre la vie et la mort est floue.

Le lexique de la vie et de la mort se côtoient.

Les pauvres sont associés à des morts-vivants (« des créatures humaines s’enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l’hiver »), ou évoluent parmi les cadavres en décomposition (« une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon »). Néanmoins, l’auteur souhaite montrer que la misère n’est pas une donnée inévitable de l’homme : c’est une maladie sociale qui peut être traitée.

Il compare ainsi la société à un corps humain et la misère à une maladie : « La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ».

Cette analogie est classique dans la philosophie politique (chez Rousseau, par exemple) qui représente souvent la société comme un corps dont le souverain est la tête et le peuple les membres. Mais par la métaphore de la maladie, Hugo suggère aussi que la misère est une altération du corps social guérissable comme l’affirme la proposition « la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu ». Si Victor Hugo partage un témoignage glaçant sur les conditions de vie des misérables, c’est bien pour encourager les députés à l’action.

L’écrivain fait ainsi de ce texte un « cri »visant à faire évoluer la situation..... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles