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Commentaire Camus : En quoi cette scène de bonheur totale est-elle en fait paradoxale ?

Publié le 13/04/2022

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« COMMENTAIRE GUIDÉ - Ex de plan détaillé + rédaction intro et ccl Extrait Camus, L’Etranger, 1942. PROBLÉMATIQUE : En quoi cette scène de bonheur totale est-elle en fait paradoxale ? INTRODUCTION : Le premier roman d’Albert Camus, intitulé L’Étranger, écrit en 1940 et publié en 1942, s’inscrit dans le mouvement de l’Absurde, notion philosophique issue de l’existentialisme, qui considère que la condition humaine est absurde en ce sens qu’il n’y a plus de caution religieuse possible pour justifier que l’homme naît pour mourir. Les affres de l’Histoire, comme la montée du nazisme puis l’éclatement de la seconde guerre mondiale, accentuent ce sentiment.

Le roman en deux parties s’ouvre sur l’enterrement de la mère du héros dont la réaction, a priori indifférente, le pose d’emblée comme « étranger » aux événements.

Aussi la scène de retrouvailles du chapitre suivant où il semble vivre un bonheur total peut-elle paraître paradoxale.

Il s’agit d’une scène de bonheur dominée par la sensualité et l’harmonie mais, à y regarder de plus près, elle n’est pas sans présenter quelques discordances. Dès lors, cette dualité est-elle le signe que Meursault est seulement un être primitif ou un personnage en quête de sens et d’authenticité ? OU : Nous montrerons qu’il s’agit là d’une scène (…) mais qu’à y regarder (…) authenticité ? I UNE SCÈNE DE BONHEUR DOMINÉE PAR LA SENSUALITÉ L’harmonie et la sensualité irradient cette scène de retrouvailles. 1°) Deux personnages en accord : • Retrouvailles : un désir ravivé « J’ai retrouvé dans l’eau Marie Cardona, une ancienne dactylo de mon bureau dont j’avais eu envie à l’époque.

Elle aussi, je crois » , un temps colmaté. • Rire sexuellement provocant, référence à sa beauté méditerranéenne « peau brune » qui suscite aussitôt le désir de Meursault. • Partage des mêmes plaisirs : baignade, plaisir de l’instant présent, cinéma • Une scène à dimension érotique : référence aux éléments du corps féminin, contacts sensuels, de l’effleurement des seins aux caresses puis au baiser, enfin à l’acte sexuel. 2°) Une fusion avec la nature : présence des trois éléments sur quatre : l’eau, le soleil, l’air S’oublient un instant dans la chaleur du soleil : « Nous sommes restés longtemps sur la bouée , à moitié endormis » et dans l’immensité du ciel pour Meursault, idée soulignée par l’hyperbole « J’avais tout le ciel dans les yeux » . Présence des sens : le toucher, la vue. Fonction exaltante du soleil à l’origine de leur nage commune , fonction protectrice de l’eau et de la couleur bleue. Symbolique des éléments : un retour à l’origine. 3°) Deux êtres libérés des contraintes : un samedi, « jour de congé » . Oubli du temps qui passe : Oubli des autres dont il n’est plus question.

: « Il y avait beaucoup de jeunes gens .

» TRANSITION : Présence au monde totale de deux êtres à l’unisson.

Cependant, présence de discordances. II UNE SCÈNE DISCORDANTE Meursault apparaît comme un être singulier, à part.

Plusieurs éléments contribuent à rendre ce décalage perceptible, 1°) Marie, un miroir inversé à commencer par le personnage de Marie qui joue en quelque sorte le rôle d’un miroir inversé.

En effet, … • Le rire de Marie : récurrent, personnage qui respire la joie de vivre qui contraste avec l’absence d’expression des sentiments et des émotions du narrateur.

Ambiguïté du « je » qui équivaut à une 3ème personne , ambiguïté du point de vue interne assimilable à un point de vue externe.

Aucun élément ne serait modifié si l’on remplaçait « je » par « il ». • Seule trace d’appréciation : le modalisateur « je crois » qui relève de l’impression aussi bien d’un narrateur interne que d’un narrateur externe qui lirait l’expression d’un visage, interprèterait des gestes et l’adverbe « doucement » mais qui relève encore du domaine des sensations. • L’étrangeté du personnage de Meursault soulignée par Marie : La surprise de Marie qui souligne l’incongruité a priori du comportement de Meursault au lendemain de la mort de sa mère et relance la thématique de la faute. 2°) Le nivellement des événements et de leur interprétation • « J’ai eu envie de lui dire que ce n’était pas de ma faute » La locution verbale « avoir envie de » , là encore, est de l’ordre du désir, est ravalé au même niveau que le désir sexuel (Marie Cardona « dont j’avais eu envie à l’époque ») . 1. »

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