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Comment le rire nous éduque-t-il dans Gargantua de Rabelais

Publié le 23/04/2024

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« Comment le rire nous éduque-t-il dans Gargantua de Rabelais ? Rire: Ensemble des éléments comiques d'un auteur, d'une œuvre; qui provoquent une gaieté et du plaisir au lecteur. Éduquer: À avoir avec le développement de la conscience et des capacités cognitives et affectives supérieures.

Former quelqu'un en développant et en épanouissant sa personnalité.

L'éducation est un puissant facteur de changement. Elle améliore la santé et les moyens de subsistance, contribue à la stabilité sociale et stimule la croissance économique à long terme. INTRODUCTION: Le fameux précepte latin “placere et docere”, signifiant plaire et instruire, se voit reflété dans l'œuvre de Rabelais nommée Gargantua et publiée en 1534.

En effet, dans son livre Rabelais manifeste l’idée que l'apprentissage doit être agréable pour l’Homme afin qu’il puisse évoluer et comprendre le monde qui l’entoure.

François Rabelais est un auteur du XVIe siècle.

Il a également été moine, prêtre et médecin.Il publie ce livre sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier, une anagramme de son prénom afin de contourner la censure de la Sorbonne.

C’est ainsi que l’auteur réussit à faire passer des messages subtiles à travers le rire.

Rabelais étant un évangeliste, veut avant tout que l’Homme soit fraternel.

Pour lui que l’amour de Dieu compte, rien d'autre ne peut nous sauver. Le rire provoque de la gaieté et du plaisir au lecteur, il est notamment présent à travers divers éléments comiques d’un auteur ou d'une œuvre.

Le rire est corporel, il déforme le visage, expose nos émotions, il permet de libérer le corps.

Il peut être lié à une infinité d’aspects, comme une émotion, la communication, un désir de se moquer… D’autre part, l’action d'éduquer à avoir avec le développement de la conscience et des capacités d’une personne.

L'éducation est un facteur très important permettant le changement. Le sujet invite donc à s'interroger sur la façon dont le rire parvient à éduquer le lecteur. On se demandera dans quelle mesure le rire dans Gargantua est une source de savoir ? On abordera donc ce problème à travers un plan analytique divisé en 3 parties. Premièrement, nous analyserons la construction du savoir à travers un rire grossier, puis nous nous intéresserons à comment le rire parvient à dénoncer et enfin l’exposition de la pensée humaniste grâce au rire qui permet de nous eduquer. AXE I: Un rire grossier qui pourtant laisse place à la construction du savoir Cette œuvre s’inscrit dans une comique gigantal et un rire grossier qui pourtant laissent place à la construction du savoir. En effet, Rabelais crée des personnages géants, qui vivent sans limites, qui ont une culture populaire et folklorique.

Au début de l'œuvre on assiste à un banquet pendant lequel Gargamelle, enceinte de Gargantua, depuis déjà onze mois, mange “seize cuves, deux barriques et six pots” de tripes et Gargantua se retrouve bloqué à cause de la matière fécale.

On assiste ensuite au chapitre 6 à sa naissance, par l’oreille de sa mère.

Cette naissance si particulière nous est parfaitement décrite par Rabelais, médecin de profession; il utilise un vocabulaire technique, il parle de “la matrice”, du “boyau culier” et des “cotylédons”.

Ce vocabulaire est précis et propre au corps humain.

Ce rire grossier également présent lors des moments épiques laisse entrevoir du savoir à nouveau le savoir médical.

Lors des batailles entre Frère Jean et les soldats de Picrochole à l’abbaye de Seuilly, Frère Jean tue “treize mille six cent vingt deux” hommes à coups de croix, et toutes les blessures sont décrites avec grande précision médicale et anatomique; “lui transperçait la poitrine le médiastin et par le coeur”, “en frappant la suture lambdoïde" .Le rire a donc ici réussi à nous instruire et à accéder à l’essence des choses. En outre, la scatologie est très présente, et elle va parvenir à livrer des leçons et du savoir au lecteur, comme par exemple au chapitre 13, lorsqu’il raconte à son père qu’il a “inventé un moyen de me torcher le cul, le plus seigneurial, le plus excellent, le plus efficace qui jamais ne fut vu”.

Il décrit en long et large toute la démarche scientifique qu’il à menée.

Prouvant d’une pensée réfléchie et structurée assimilable à celle réalisée lors d’une expérience scientifique.

C’est ainsi grâce aux matières fécales que son père va mettre en place l'éducation de son fils.

Mais son idée va encore plus loin, le torche-cul a une signification profonde, c’est un symbole questionnant sur comment se débarrasser de toutes les mauvaises choses, de l’absurdité.

Finalement, le meilleur torche-cul est un oison, qui à cette époque était le nom donné aux professeurs de la Sorbonne.

Rabelais critique et se moque subtilement à travers le rire, et seuls les meilleurs lecteurs réussissent à déchiffrer le sens caché. In fine, le rire apporte le savoir médical et le raisonnement scientifique à travers la scatologie et un comique grossier, et l’auteur montre que la plaisanterie permet d'accéder à l’essence des choses. Non seulement le rire laisse place au savoir scientifique et médical, mais encore; le rire permet de dénoncer et de critiquer. AXE II: Un rire dénonciateur qui nous livre un jugement critique Le rire chez Rabelais a aussi une fonction révélatrice, qui nous livre un jugement critique sur la société.

Comme le dit Bergson dans son œuvre Le rire, on rit d’une anomalie, le rire a un désir de se moquer; de ce fait Rabelais signale donc des anomalies dans son œuvre. En effet, tout le long de l'œuvre on découvre plusieurs critiques comiques sous forme de couples et de dualités qui incitent au rire puis à la réflexion.

L'éducation scolastique, typique du moyenne âge est décrite comme une façon d’apprendre inutile, basée sur la mémorisation et la perte de temps; “il le restituait par coeur et à l’envers” , “ce qui lui prit treize ans six mois et deux semaines”, le temps à une porté démesurée, qui rend le passage extrêmement comique.

L’enfant ne prend pas de plaisir à apprendre, il se limite uniquement au par cœur sans comprendre ni réfléchir.

De plus, ses maîtres sont décrits comme des “vieux tousseux”, ce qui accentue le côté péjoratif et comique.

Si on s'intéresse à l’onomastique des noms de maîtres on se rend compte que le comique ne cesse, “thubal” signifiant “confusion”.

Ce modèle éducatif qui fait faillite et est inefficace est reflété plus loin dans l'œuvre, au chapitre 19 lors du discours de Janotus devant Gargantua au sujet des cloches de Notre Dame.

Janotus Bragmardo parle en latin et en français, il mélange ces deux langages pour montrer aux autres ses connaissances et prouver qu’il sait des choses, mais en réalité son harangue devient incompréhensible et ce chapitre prend une tournure comique.

Le lecteur ne comprend pas ce que veut dire Janotus, et on a l’impression que lui-même doute de ce qu’il raconte, il hésite, « Hen, hen, huhum, harch ».

Le registre est grotesque, le maître perd en crédibilité et provoque le rire qui permet de démasquer le faux savoir. De même, la religion est aussi moquée, il ne la remet pas en cause car lui-même est un moine, mais il se questionne sur comment elle pourrait être pratiquée d’une autre façon plus intelligente et réfléchie.

Il se moque des pratiques mécaniques et répétitives comme les prières, ou des membres de l’Eglise par exemple dans le chapitre 27 où les hommes de Picrochole viennent prendre l’abbaye de Seuilly.

L’auteur critique leur incapacité à aider la société, et leur passivité; “ne savaient auquel de leurs saints se vouer”, “ en voilà des chiens de chants”.

Les moines sont complètement passifs face à l’occupation de leur abbaye, ils ne se battent pas, ils ne font que prier, et pour Rabelais l’homme doit être actif, lutter contre les injustices, être comme Frère Jean qui ne doute à se battre, même si il le fait au nom du vin et non du Divin, on voit donc ici aussi le comique et la bêtise des hommes de l'Eglise, qui ne pensent qu'à cultiver leurs vignes.... »

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