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Comment expliquez-vous que, d'« oeuvre de circonstance », Les Châtiments aient fini par devenir un monument poétique ayant survécu à son temps ?

Publié le 09/12/2021

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Quant aux images du cloaque, de l'égout, du ruisseau charriant des immondices et des pourceaux qui s'y vautrent, des scènes de ripailles où l'on lave les traces de sang à grand renfort de lampées de vin, elles n'expriment pas seulement l'horreur. Elles servent à dire que l'homme n'est qu'un ventre, régi par les instincts les plus bas. [III. Une épopée de l'humanité] L'utilisation de registres variés conduit à l'ampleur et à l'élargissement. Victor Hugo dépasse l'événement de 1851 en concentrant l'attention sur le combat de la Liberté contre la tyrannie et il élargit la tragédie nationale du coup d'État en posant le problème du Mal dans l'Histoire et même le problème métaphysique du Mal dans le monde. [1. L'ampleur] [a. Le souffle épique] En l'espace d'un an, de l'automne 1852 à l'automne 1853, il écrit quelque huit mille vers. L'oeuvre s'étoffe grâce au jaillissement perpétuel de l'imagination et Victor Hugo invente la satire épique. « La satire sape, l'épopée entraîne », écrit André Maurois.

« [Introduction] La poésie de circonstance est vouée par sa nature même aux oubliettes de l'Histoire, car elle devient lettre mortequand l'événement qui l'a inspirée ne mérite pas de figurer dans les annales.

Volontiers péjorative, l'expressioncaractérise d'ailleurs une poésie éphémère, peu sincère, facile, qui choisit ses sujets dans la vie quotidienne.

Maispour désigner Les Châtiments, l'expression prend le sens large de poésie inspirée par le coup d'Etat du 2 décembre1851 et ses conséquences.

Les coups d'État ne se comptent plus dans l'histoire des nations, et pourtant un seul ainspiré un chef-d'œuvre ayant traversé victorieusement l'épreuve du temps, Les Châtiments.

Quels sont lescaractères d'une œuvre de circonstance présentés par ce recueil ? Comment Victor Hugo a-t-il réussi à latransformer en un monument poétique ayant une valeur durable et même en une véritable épopée de l'humanité ? [I.

Une « œuvre de circonstance »] [1.

L'histoire d'un crime]Initialement, Victor Hugo avait l'intention d'écrire un recueil poétique qui fût l'équivalent en vers d'Histoire d'un crimetout en ayant la force satirique du pamphlet Napoléon le Petit.

Les Châtiments sont donc d'abord un récit, non paslinéaire comme en prose, mais éclaté et souvent allusif, du coup d'État du 2 décembre 1851, raconté par « untémoin, un acteur et un juge » de l'Histoire, selon les propres termes de Victor Hugo dans une lettre à MadameHugo.

L'examen des dates de composition des poèmes révèle que jusque vers le milieu de l'année 1852 la mémoiredu poète est obsédée par les massacres comme celui de la rue Tiquetonne, les morts du cimetière Montmartre, lescolonnes de déportés.

La récurrence des images sanglantes et des visions macabres exprime toute l'horreur ducitoyen devant des combats fratricides où l'on n'épargna ni les femmes ni les enfants ni les vieillards, devant lesorgies qui ont accompagné le coup d'État et, plus que tout, devant l'application cynique et impitoyable du principede « l'obéissance passive », au nom duquel tous les tyrans se sont efforcés de justifier leurs crimes :« On voit, quand dans Paris leur troupe se promèneAux fers de leurs chevaux de la cervelle humaineAvec des cheveux blancs » (« A l'obéissance passive », II, 7). [2.

L'indignation d'un poète]Le prince Louis Napoléon est donc pour Victor Hugo un assassin et un traître : il a gagné les républicains à sa cause,mais ensuite il a trahi la République en s'octroyant le pouvoir.

Cette trahison explique et justifie l'acharnement dupoète à dénoncer l'hypocrisie révoltante du Te Deum célébré le 1er janvier 1852 à Notre-Dame.

« Je mens, ergo sum» : cette parodie, dans « Éblouissements » (VI, 5), du célèbre « Cogito » de Descartes résume avec un laconismelourd de sens la réprobation du mensonge, qui est l'élément naturel des politiciens.

Le poète dénonce en outrel'arrogance des grands commis de l'État, les Maupas, lesTroplong, les Louis Veuillot..., et le règne de l'argent, seulevaleur du nouveau régime.Or l'attitude personnelle de Victor Hugo à l'égard de l'argent explique son indignation devant le luxe effréné des fêtesde l'Empire : lui qui pratiquait à longueur d'année une charité active grâce à « la réserve sacrée », la part du budgetfamilial destinée à soulager les pauvres - elle atteignit jusqu'au tiers de ce budget ! -, ne pardonne pas à l'auteur deL'Extinction du paupérisme, d'avoir trompé les espérances de tous les esprits généreux conscients de l'urgence desmesures à prendre pour enrayer la misère du prolétariat urbain.

Au lieu d'utiliser son pouvoir pour mieux répartir lesrichesses au sein de son peuple, le tyran gaspille les deniers publics d'une façon éhontée.

L'opposition dans lepoème « Joyeuse vie » (III, 9) entre les « millions », dont le scandale est souligné par la diérèse (c'est une allusionaux seize, puis aux vingt-cinq millions que l'empereur se fit octroyer pour sa liste civile) et le dénuement total danslequel vivent des centaines de milliers d'ouvriers sacrifiés sur l'autel du capitalisme (« C'est de ces douleurs-là quesortent vos richesses ») est une condamnation sans appel. [II.

Un monument poétique] L'invective risque cependant de lasser, car le poète ne peut éviter la répétition et la redondance.

Or, par laconcentration des effets et la variété du ton, Victor Hugo réussit à esquiver l'écueil de la monotonie qui guettetoujours le genre satirique. [1.

La concentration des effets]En mobilisant une foule d'images, de métaphores et d'allusions fournies par sa vaste culture, de Cartouche àMandrin, de Sardanapale à Néron, de Judas à Shylock et à Robert Macaire, Victor Hugo réunit tous les criminels del'Histoire, du mythe et de la littérature pour donner à la figure abhorrée de Napoléon III le relief d'une caricatureinoubliable.

Ce portrait au vitriol doit constituer le châtiment par sa démesure même.

Parallèlement, tous leslibérateurs, de Moïse à Prométhée, de Josué au Christ, se rejoignent en un individu unique, le Poète.

Vengeur desrépublicains, massacrés, exécutés, prisonniers ou proscrits, il appelle le peuple à se réveiller.

L'ennemi n'est plusseulement le prince-président, mais la tyrannie de tous les temps ; les libérateurs ne sont plus une poignéed'hommes résolus mais le Peuple tout entier, qui a dû se reconnaître dans les « va-nu-pieds superbes » de l'an II etqui va continuer leur combat avec le même enthousiasme ; l'objectif de la France, fondatrice des droits de l'homme,est dans l'immédiat le renversement du tyran, mais, à plus longue échéance, l'enjeu de sa lutte concerne l'humanitétout entière, puisqu'il ne s'agit de rien de moins que de l'avènement du Progrès. [2.

La variété du ton]Mais là où Victor Hugo donne toute la mesure de son génie, c'est quand il intègre dans la satire les registres qui en. »

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