Databac

Claude Roy: "Dormante" - « Toi ma dormeuse mon ombreuse ma rêveuse »

Publié le 19/12/2021

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Claude Roy: "Dormante" - « Toi ma dormeuse mon ombreuse ma rêveuse ». Ce document contient 1392 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format PDF sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en: Français / Littérature.


« "Dormante", telle est la femme à laquelle s'adresse le poète.

Ce sommeil procure de fortes impressions au pète, qui choisit de les exprimer sur le mode lyrique.

Nous verrons d'abord comment Claude Roy fait se rejoindre modernité et tradition du lyrisme amoureux, puis comment s'exprime la sensualité féminine, et enfin quelle est l'ambiguïté contenue dans l'image du sommeil de la femme. [Un poème d'amour moderne au lyrisme traditionnel] Ce poème, que nous savons avoir été inspiré à Claude Roy par une jeune femme inconnue, aperçue dans son sommeil sur une plage, n'en prend pas moins la forme d'un poème d'amour moderne au lyrisme traditionnel. En effet, il est disposé en strophes régulières et ses vers sont des alexandrins, au rythme ternaire (alexandrin romantique) ou binaire (alexandrin classique).

On trouve des rejets (v.

15) et des enjambements (v.

11-12), ainsi qu'une diérèse (« capricieuse » au v.

15), qui manifeste une préoccupation de travailler sur les contraintes du vers classique.

Mais la forme se veut moderne sous un autre aspect : celui de la suppression de la ponctuation et des ambiguïtés syntaxiques et sémantiques qu'elle présente ainsi au lecteur. S'il n'y a pas de ponctuation, le lecteur est invité à se laisser porter par la tonalité lyrique du texte et à lire certaines phrases comme si elles se terminaient par un point d'exclamation ; en premier lieu, la plupart commencent par une apostrophe à la femme couvée du regard par le poète : « toi, toi qui..., toi que...

».

On peut remarquer, par ailleurs, l'effet d'amplification qui est donnée à chaque apostrophe par la multiplication des groupes qualifiants, noms ou adjectifs : « Toi ma dormeuse mon ombreuse ma rêveuse », au vers 1 par exemple, ou aux vers 5 et 6 : « distraite comme nuage et fraîche comme pluie/trompeuse comme l'eau légère comme vent ».

L'attachement du poète à la femme se manifeste, par ailleurs, par les adjectifs possessifs attachés à tous les mots qui la qualifient. La manière dont le poète évoque la femme donne aussi ce lyrisme moderne au texte. Comme dans un blason ou un sonnet à la manière de Pétrarque, le poète évoque le corps féminin dans ses attributs les plus classiques : ses « yeux », ses « cheveux », ses « bras ».

Mais il ajoute des membres que la pudeur ancienne évitait de nommer : les « jambes » et les « pieds nus », le « corps abandonné ».

Par ailleurs, on trouve, d'une part, des qualificatifs connotés positivement, des comparaisons et des antithèses comme les utilisaient les poètes du xvi" siècle : « distraite comme nuage et fraîche comme pluie », « ma brûlante aux bras frais ».

D'autre part, on rencontre également des qualificatifs connotés négativement, ou dont l'emploi, à propos d'une femme, paraît étrange ; le poète choisit même ce mot pour la décrire : « mon ombreuse ».

Or la définition du mot serait, dans son sens habituel : « où il y a de l'ombre ».

Il choisit donc de le détourner, mais aussi d'indiquer ainsi la part de mystère de la femme. Le poète exprime donc un vif attachement à la femme évoquée, en recourant tout à la fois à la tradition du lyrisme et à certains aspects de la poésie amoureuse contemporaine. [La sensualité de la femme] La modernité du poème est également caractérisée par la façon dont le poète exalte la sensualité féminine. Sa situation, tout d'abord, sollicite le fantasme masculin : elle est allongée, nue, ou presque, et endormie, c'est-à-dire livrée au regard de l'homme.

Son sommeil et sa position sont signalés plus de dix fois dans le poème sous des formes différentes ; on peut noter le titre, Dormante, ou les adjectifs « ombreuse », « gisante », « abandonné ». La nudité, quant à elle, est évoquée deux fois directement, au vers 2 et au vers 19, à propos des pieds de la femme, fantasme érotique banal.

En fait, plusieurs expressions évoquent également cette nudité, mais indirectement, comme aux vers 9, 10 et 11 : « la vague [...] vient lécher tes jambes étonnées / ton corps abandonné respire le soleil ».

Le caractère excitant de la situation naît aussi de ce que le poète imagine des pensées de. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles