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Chili

Publié le 02/12/2021

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1PRÉSENTATION

Chili, en espagnol Chile, pays du sud-ouest de l’Amérique du Sud. Sa capitale est Santiago.

Le Chili est bordé au nord par le Pérou, à l’est par la Bolivie et l’Argentine, et au sud et à l’ouest par l’océan Pacifique. Plusieurs archipels (celui des Chonos, l’île Wellington et le secteur occidental de la Terre de feu) longent le littoral méridional chilien depuis l’île Chiloé jusqu’au cap Horn. Les autres îles appartenant au Chili sont les îles Juan Fernández, l’île de Pâques et l’île Sala et Gómez ; toutes sont situées dans le Pacifique sud. Le Chili revendique également un territoire de l’Antarctique.

2MILIEU NATUREL
2.1Relief et hydrographie

La superficie totale du Chili est de 756 626 km². S’étendant sur près de 4 300 km du nord au sud, le territoire a une largeur moyenne de 180 km environ, n’excédant jamais 356 km. Le relief est dominé par la longue chaîne des Andes qui s’étend sur toute la longueur du pays, du plateau bolivien, au nord, à la Terre de Feu, au sud.

On distingue trois types de relief d’est en ouest : la haute cordillère des Andes, à l’est, la Vallée centrale, formant une zone de plateaux, et la chaîne côtière occidentale. Mais, en raison de l’omniprésence de la montagne andine, les paysages naturels chiliens offrent une réelle continuité du nord au sud. La cordillère des Andes est le trait caractéristique majeur du pays. Sa présence fait du Chili un gigantesque versant montagneux. Situé dans une zone de subduction, le Chili est bordé par d’importantes fosses sous-marines (notamment au large de Chañaral) et soumis à une intense activité volcanique et sismique.

La cordillère des Andes est plus large au nord qu’au sud. La région septentrionale est une zone de larges plateaux où se dressent de nombreuses montagnes dont les altitudes dépassent 6 100 m. C’est là que se trouve le point culminant du Chili, Ojos del Salado (6 880 m). La zone de plateau est dominée par le grand désert d’Atacama, qui renferme de vastes champs de nitrate et de riches gisements miniers (fer, cuivre, manganèse).

Au centre, le plateau s’ouvre sur une vallée, la Vallée centrale, longue d’environ 965 km. Large de 40 à 80 km, c’est la région du pays la plus peuplée. La dépression fertile située entre les fleuves Aconcagua et Bío Bío forme le cœur agricole du Chili. La partie centrale des Andes est moins large et moins élevée que la partie septentrionale. On y trouve les principaux cols andins. Le littoral de cette région offre les plus beaux ports naturels du pays. L’extrémité sud de la Vallée centrale est à Puerto Montt, au bord de la mer de Chiloé.

Le long chapelet d’îles qui borde le littoral est formé par les sommets des chaînes côtières sous-marines. Dans cette région méridionale, de nombreux fjords découpent la côte. Les Andes méridionales dépassent rarement 1 830 m d’altitude ; elles rejoignent le plateau de Patagonie.

Les nombreux fleuves qui irriguent le Chili sont plutôt courts, prenant leur source pour la plupart dans les Andes et se jetant dans le Pacifique, à l’ouest. Au nord et au centre, ils sont alimentés principalement par les neiges éternelles des Andes. Du nord au sud, on distingue, parmi les plus grands cours d’eau, le Loa (long de 362 km), l’Elqui, l’Aconcagua, le Maipo (long de 250 km et coulant au pied du volcan du même nom), le Maule (282 km), le Bío Bío (384 km) et l’Imperial. En raison des chutes d’eau, la navigation est difficile, voire impossible, sur ces cours d’eau. En revanche, ces fleuves sont vitaux pour l’irrigation et pour l’énergie hydroélectrique qu’ils fournissent. La majorité des grands lacs chiliens sont d’origine glaciaire. C’est le cas notamment du lac Llanquihue près de Puerto Montt. La plupart d’entre eux se situent dans la région méridionale qui dispose ainsi d’un fort attrait touristique.

2.2Climat

L’extension en latitude du Chili, 17e au 56e degré de latitude sud, explique la diversité des climats. On distingue trois régions climatiques : le Nord, de type aride, le Centre, de type méditerranéen, et le Sud, de type tempéré océanique. D’une façon générale, compte tenu de la faible largeur du pays, les températures sont modérées par les influences océaniques. L’autre trait marquant des climats chiliens est l’altitude. En effet, dans les Andes, les températures baissent d’un degré environ pour chaque tranche de 150 m d’altitude.

Le Nord est presque partout désertique et constitue l’un des déserts les plus arides au monde. Mais la présence au large du courant froid du Pérou, dit courant de Humboldt, et l’altitude modèrent les températures. La pluviosité augmente en allant vers le sud, et le centre, qui connaît un climat de type méditerranéen. Dans cette région, il pleut surtout de mai jusqu’en juillet, et les précipitations annuelles moyennes sont de 360 mm à Santiago et de 12,7 mm à Antofagasta. Les hivers y sont doux et les étés relativement frais. Les moyennes de janvier à Antofagasta et à Santiago sont respectivement de 20,6 °C et 19,5 °C. La moyenne de juillet s’élève à 14 °C à Antofagasta et à 8 °C à Santiago.

Le Sud est plus humide et froid. Dans cette région méridionale, la pluviométrie est régulière tout au long de l’année. Les précipitations maximales sont de l’ordre de 5 080 mm dans la zone du détroit de Magellan. La température moyenne annuelle à Punta Arenas, à l’extrémité sud, est 6,1 °C. Dans cette région, tempêtes et cyclones sont fréquents.

2.3Végétation et flore

La flore locale du Chili varie en fonction du climat. Dans le Nord, la végétation est peu abondante à l’exception de cactus et de plantes épineuses. C’est un des meilleurs exemples de désert absolu sur terre. Plus humide, la Vallée centrale permet la croissance de plusieurs espèces de cactées, d’épineux, de graminées et du pin du Chili, dont les noix sont comestibles. Le sud de Valdivia est recouvert de forêts denses humides composées de lauriers, de magnolias, de lianes comme le copihue et de diverses variétés de hêtres et de conifères. Encore plus au sud apparaissent les cèdres et les forêts d’araucarias. La région australe est une zone de steppes.

La faune est moins variée que dans les autres régions d’Amérique du Sud, en raison de l’obstacle à la migration que représentent les Andes. Les mammifères d’origine sont le lama, l’alpaga, la vigogne, le guanaco, le puma, le loup des Andes, le grand cerf des Andes, le poudou (sorte de daim) et le chinchilla. On rencontre de nombreuses espèces d’oiseaux, sauf les grands volatiles habituels d’Amérique du Sud. Hormis la truite qui fut importée d’Amérique du Nord, il y a peu de poissons d’eau douce dans les eaux et les lacs chiliens. L’océan voisin, en revanche, abrite une grande variété de poissons et d’animaux marins.

3POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1Démographie

Comparée aux autres pays d’Amérique du Sud, la population du Chili est relativement homogène. Les premiers colons espagnols se mêlèrent aux Amérindiens, Picunches au nord, Araucans dans la Vallée centrale et Huiliches au sud. Leurs descendants métis représentent plus de 92 p. 100 de la population actuelle. Les Indiens non métissés (Araucans, Mapuches, Quechuas) ne se rencontrent que dans les régions retirées et à l’extrémité méridionale, en Terre de Feu, où subsistent les Alakalufs, les Yagans et quelques centaines d’Onas. Les réserves qui leur sont accordées ne leur permettent pas de subvenir à leurs besoins. Ils représentent environ 6 p. 100 des habitants.

Au Chili, l’immigration européenne n’a pas été aussi forte que dans les autres contrées d’Amérique ; elle ne commença à être favorisée qu’au xixe siècle. Cependant, les migrants d’origine germanique furent nombreux dans la zone située entre Valdivia et Puerto Montt. La population est également composée d’importants groupes d’origines italienne, autrichienne, suisse, britannique, yougoslave et française. De nos jours, moins de 2 p. 100 de la population sont de purs Européens.

En 2008, la population du Chili était évaluée à 16,4 millions d'habitants, pour une densité globale d’environ 22 habitants au km². Les neuf dixièmes de la population vivent dans la région centrale, entre les villes de Concepción et de La Serena. Au milieu des années 2000, le taux de croissance annuel moyen était de 0,97 p. 100. Le Chili est, après l’Argentine, le pays le plus urbanisé d'Amérique latine, avec 88 p. 100 de population urbaine. Plus du tiers de la population totale habite à Santiago. Les communautés du sud et du désert septentrional vivent généralement isolées, séparées les unes des autres par de vastes étendues pratiquement désertes. Le taux de fécondité était de 2,1 enfants par femme en 2008 et l’espérance de vie de 77,2 ans.

3.2Découpage administratif et villes principales

Administrativement, le Chili est découpé en 13 régions — y compris la métropole de Santiago —, divisées en 40 provinces, qui sont à leur tour divisées en municipalités.

Outre Santiago, la capitale (182 479 habitants), les autres grandes villes sont notamment Concepción, centre agricole et industriel du sud du pays, qui forme, avec les villes voisines de Taccahuano et de San Vincente, une agglomération industrialo-portuaire de 700 000 habitants. Valparaíso (276 474 habitants) est le principal port maritime du Chili et Viña del Mar est la station balnéaire la plus touristique. Les autres villes importantes sont Talcahuano (171 383 habitants), Antofagasta (218 000 habitants), Temuco (282 279 habitants), Arica (185 432 habitants) et Punta Arenas (123 585 habitants).

3.3Institutions et vie politique

Les institutions du Chili reposaient sur la Constitution de 1925 avant le coup d’État de 1973. Bien que théoriquement toujours en vigueur, la plupart des clauses constitutionnelles garantes de la démocratie du pays et de son fonctionnement ont alors été suspendues. Une nouvelle Constitution a été approuvée en 1980, mais ce n’est qu’en 1989 que ses principaux principes ont été appliqués.

3.3.1Organisation des pouvoirs

La Constitution de 1980, réformée en 2005, confère le pouvoir exécutif à un président, élu par le peuple pour quatre ans, et à son cabinet qu’il nomme lui-même. Cependant, les militaires ont conservé le contrôle du gouvernement jusqu’en 1989, date à laquelle a été organisée la première élection présidentielle au suffrage universel.

Conformément à la Constitution, le pouvoir législatif est détenu par une Assemblée nationale à deux Chambres. La Chambre des députés est composée de 120 membres élus et le Sénat de 47 sénateurs également élus (les sièges de sénateurs désignés sans vote, réservés pour moitié à des militaires, et ceux des sénateurs à vie, occupés par les anciens présidents, sont supprimés en 2005). Le droit de vote s’exerce à partir de 21 ans.

Les régions sont placées sous l’autorité des gouverneurs. Ces derniers ainsi que les responsables des provinces sont nommés par le président.

La plus haute cour de justice chilienne est la Cour suprême, composée de 16 juges. Il existe 17 cours d’appel. Les magistrats sont nommés à vie par le président, à partir d’une liste présentée par les juges de la Cour suprême.

3.3.2Partis politiques

À la suite du coup d’État de 1973, toute activité politique a été suspendue, puis interdite en 1977. Les partis politiques ont été de nouveau légalisés en 1987.

Les principaux partis politiques sont, à gauche, le Parti démocrate-chrétien (PDC) et le Parti socialiste (PS), réunis au sein de la Concertation démocratique, le Parti pour la démocratie (PPD) et le Parti communiste (PC) et, à droite, l’Union démocrate indépendante (UDI) et Rénovation nationale (RN), réunis au sein de l’Alliance pour le Chili, et l’Union pour le Chili (UPC).

3.3.3Défense nationale

Un service militaire de deux ans minimum est obligatoire au Chili pour tous les jeunes gens valides de 18 et 19 ans. En 2004, les 94 500 soldats chiliens étaient répartis comme suit : 47 700 hommes dans l’armée de terre, 19 398 dans la marine et 11 000 dans l’armée de l’air. En 2003, les dépenses concernant la défense représentaient 3,9 p. 100 du produit intérieur brut (PIB).

3.4Langues et religions

L’espagnol, parlé par la quasi-totalité de la population, est la langue officielle du Chili. L’usage des langues amérindiennes est limité.

Près de 81 p. 100 de la population chilienne est catholique, bien que l’Église soit séparée officiellement de l’État depuis 1925. Le reste de la population est majoritairement protestante pentecôtiste. Les Indiens pratiquant les cultes traditionnels sont très minoritaires.

3.5Éducation

Le système scolaire moderne du Chili date du milieu du xixe siècle. Actuellement, l’école est gratuite et obligatoire pour tous les enfants de 6 à 13 ans. L’éducation est gérée par le gouvernement national sous l’autorité du ministre de l’Éducation. Le taux d’alphabétisation (96,5 p. 100), est l’un des plus élevés d’Amérique latine. En 1998, les dépenses concernant l’éducation représentaient 3,69 p. 100 du PNB.

En 2000, 1 798 515 enfants fréquentaient le primaire et 1 391 283 le secondaire. Les plus jeunes peuvent également aller dans des écoles maternelles. Parmi les établissements supérieurs, l’université du Chili créée en 1738, établissement public installé à Santiago, a une très bonne réputation à travers le monde. Les autres centres d’enseignement supérieur sont l’université de Concepción qui date de 1919, l’université catholique du Chili (1888), l’université catholique de Valparaíso, fondée en 1928, et plusieurs établissements supérieurs d’enseignement technique. L’enseignement supérieur chilien accueille près de 521 609 étudiants.

3.6Arts et vie culturelle

Avant la conquête espagnole, le Chili était marginal du point de vue culturel par rapport à d’autres régions d’Amérique latine. Le sud du pays, en particulier, ne semble pas avoir été le foyer d’une civilisation précolombienne. Les cultures traditionnelles établies sur le territoire de l’actuel Chili sont donc essentiellement d’origines argentine ou péruvienne. Il faut attendre la période contemporaine pour que s’affirme une culture nationale chilienne.

Deux courants opposés et dynamiques dominent la vie culturelle du Chili : la culture cosmopolite des citadins aisés et la culture populaire des paysans, à tendance nettement hispanique, comportant des empreintes du passé araucan. Ces deux influences se retrouvent particulièrement dans la musique et les danses chiliennes. Le Chili possède également une riche tradition littéraire. En témoignent notamment deux prix Nobel de littérature, tous deux poètes : Gabriela Mistral et Pablo Neruda.

Voir aussi art d’Amérique latine ; cinéma d’Amérique latine ; littérature hispano-américaine.

3.6.1Institutions culturelles

Les principales institutions culturelles sont regroupées dans les grandes villes du centre. Ce sont, entre autres, le Musée national des Beaux-Arts, le Musée national d’Histoire et le Muséum d’histoire naturelle, tous établis à Santiago, ainsi que le Muséum d’histoire naturelle de Valparaíso. La première bibliothèque du pays est la Bibliothèque nationale de Santiago qui possède quelque 3,5 millions d’ouvrages.

3.6.2Médias

Au Chili, les médias se sont nettement développés et diversifiés. En 2004, on dénombrait 59 quotidiens. El Mercurio, La Nación, publiés à Santiago, ont une influence considérable. La télévision émet depuis 1958 des programmes sur un réseau national public et comprend plusieurs stations indépendantes. Le pays compte près de 375 stations de radios.

4ÉCONOMIE
4.1Généralités

Depuis le début du xxe siècle, l’économie chilienne est dominée par la production de cuivre, dont le Chili est le premier producteur mondial. En cinquante ans, l’industrie a connu une croissance rapide, en grande partie due aux efforts des gouvernements pour la diversifier. Aujourd’hui, le Chili est l’une des nations phares d'Amérique latine pour son industrie et sa production minière et a même été surnommé « le jaguar de l’Amérique latine « ou « le Chili des Chicago Boys «. Au cours des années 1970, des efforts ont été faits pour améliorer les rendements agricoles dans un secteur plutôt négligé et pour diminuer la dépendance du pays face aux importations de denrées alimentaires. Après avoir subi un ralentissement dans la production de leurs principales cultures au début des années 1980, les rendements agricoles ont retrouvé un meilleur niveau à la fin de la décennie.

Depuis le renversement du gouvernement Allende en 1973, le pouvoir joue un rôle réduit dans l’économie, la plupart des sociétés nationalisées ayant été privatisées.

Le Chili est membre associé du Mercosur (Mercado Común del Sur, « marché commun du Sud «). Son économie a connu dans les années 1980 et 1990 une croissance annuelle considérable, proche de 10 p. 100 en 1992 (8,2 p. 100 en moyenne sur la période 1986-1996). La moyenne annuelle de croissance du produit intérieur brut (PIB) chilien, sur la période 1980-1991, était de 3,4 p. 100 ; elle est de 5,56 p. 100 pour la période 1990-2003. Les secteurs les plus dynamiques sont ceux du matériel de transport, de l’industrie chimique et des produits agroalimentaires. En 2006, le PIB atteignait 145,8 milliards de dollars. La croissance économique du Chili est encore trop tributaire de ses exportations minières, ce qui fragilise l’économie générale du pays, au sein duquel la répartition des richesses reste très inégalitaire et où près du tiers de la population est pauvre.

4.2Agriculture, forêts, pêche

En 2003, l’agriculture employait 13,2 p. 100 des actifs au Chili et les produits agricoles constituaient 4,1 p. 100 du PIB. À l’exception de l’élevage ovin pratiqué dans le sud du pays, la majorité des activités agricoles sont concentrées dans la Vallée centrale. Depuis les années 1960, les réformes agraires ont permis d’augmenter le nombre des petites exploitations et la modernisation des techniques agricoles a permis d’accroître la productivité. Pourtant, 3,1 p. 100 seulement des terres arables du Chili sont cultivées en permanence.

Les principales cultures sont le blé, la pomme de terre, la betterave à sucre, le maïs, le riz, la tomate et l’avoine. Les fruits ont une place prépondérante : raisins, melons, pommes, pêches, abricots, prunes et cerises. Le pays est un important producteur de vin. De larges troupeaux de moutons sont élevés en Terre de Feu et dans les pampas de Magellan. Le cheptel ovin s’élève à 3,40 millions de têtes et la production annuelle de laine atteint 14 000 tonnes. L’élevage concerne également 4,20 millions de bovins, 3,45 millions de porcins et 670 000 chevaux.

La forêt couvre près de 21,3 p. 100 du territoire chilien. La production annuelle de bois était de 47,1 millions de m³ en 2006. Les bois exploités sont à la fois des feuillus comme le laurier et des bois tendres tels que le pin. Ils servent essentiellement au bois de charpente et à la fabrication de pâte à papier. Cible des investissements depuis le milieu des années 1970, l’exploitation forestière représentait plus de 10 p. 100 des exportations annuelles à la fin des années 1980.

Le Chili possède l’une des plus importantes industries de pêche de l’Amérique du Sud. En 2005, 5,45 millions de tonnes de poissons étaient pêchés dans les riches eaux du pays. Les espèces les plus abondantes sont la sardine, le maquereau, le colin, l’anchois et le homard. Des pêcheries conditionnent la plus grande partie de la production pour la distribution.

4.3Mines et industries

En 2003, les activités industrielles représentaient 47,7 p. 100 du PIB chilien et employaient 23 p. 100 des actifs. Le secteur secondaire repose en grande partie sur le raffinage et sur la transformation des ressources forestières, agricoles et minières du pays.

Le Chili possède l’un des plus importants gisements de cuivre connus à ce jour et il en est le premier producteur mondial. Le cuivre représente près de la moitié des exportations annuelles totales en valeur ; mais celle-ci est largement soumise aux fluctuations des prix du marché mondial. En 2003, la production de cuivre s’élevait à 5,4 millions de tonnes (1er rang mondial).

Le pétrole et le gaz naturel, découverts pour la première fois en 1945, sont exploités en Terre de Feu et dans le détroit de Magellan. Le Chili a aussi de vastes gisements de nitrates, d’iode, de soufre et de charbon ainsi que d’argent (6e producteur mondial en 2003), d’or, de zinc, de manganèse et de molybdène.

Dans les domaines métallurgique et sidérurgique, le Chili a développé une industrie de transformation du cuivre et de l’acier, afin de valoriser sa production nationale. Les diverses raffineries de pétrole transforment à la fois le pétrole chilien et celui importé. Les autres grandes industries concernent le ciment, le papier et ses dérivés, les produits alimentaires, les textiles (coton, laine et synthétiques), les produits dérivés du tabac, le verre, les produits chimiques, le sucre raffiné et les équipements électroniques. L’assemblage d’automobiles constitue une activité importante. La plupart des industries manufacturières du pays sont installées autour de Santiago et de Valparaíso ; Concepción est le second centre industriel du pays.

En 2003, les centrales électriques du Chili produisaient 45,3 milliards de kilowattheures par an. Les fleuves à débit rapide, descendant des Andes et des chaînes côtières, représentent un potentiel énorme d’hydroélectricité. Le Chili a accompli d’immenses efforts pour exploiter cette richesse ; ainsi, dès la fin des années 1980, les trois quarts de l’électricité chilienne étaient d’origine hydraulique.

4.4Secteur tertiaire

En 2003, 63,9 p. 100 de la population active chilienne était employée dans le secteur tertiaire, qui représentait 48,2 p. 100 du PIB.

L’unité monétaire du Chili est le peso (divisible en 100 centavos) qui a remplacé l’escudo en 1975. La Banque centrale du Chili, fondée en 1926, est semi-indépendante. Banque émettrice, elle exerce de larges pouvoirs sur la régulation de la politique monétaire. En dehors de la Banque centrale fonctionnent une banque d’État et un réseau de banques commerciales et de développement.

Le réseau routier chilien représente 79 604 km de routes, dont près de 20 p. 100 sont goudronnées ou pavées. Les voies ferrées totalisent quelque 8 100 km de lignes confinées dans les deux tiers septentrionaux du pays. Les grands axes nord-sud sont reliés aux grandes villes du littoral par des embranchements et par des routes transandines aux frontières argentine et bolivienne. En raison du relief, de nombreuses villes côtières utilisent le transport fluvial. Les principaux ports sont Valparaíso, Talcahuano et Tomé (tous deux situés dans la baie de Concepción), Antofagasta, San Antonio et Punta Arenas. Le plus grand aéroport international est celui de Santiago ; les autres se trouvent à Arica, Antofagasta, Puerto Montt et Punta Arenas.

4.5Commerce extérieur

En 2004, les exportations ont représenté 30 894 millions de dollars. Métaux et minerais en constituent 52,9 p. 100. Les autres grandes exportations sont les fruits et légumes, la viande et les produits de la mer, la pâte à papier, les dérivés du papier et les produits chimiques. Pour la même année, les importations annuelles se sont élevées à 22 361 millions de dollars. Le Chili importe principalement des machines et du matériel de transport, des légumes et des produits carnés, des équipements électriques, des produits miniers et chimiques. Ses principaux partenaires commerciaux sont les États-Unis, le Japon et les pays de l’Union européenne.

5HISTOIRE
5.1Les origines du peuplement

L’explorateur portugais Fernand de Magellan est le premier Européen à avoir visité l’actuel Chili en débarquant sur l’île Chiloé lors de son périple en 1520, après avoir traversé le détroit qui porte désormais son nom. La région est alors appelée Tchili, du nom des indigènes qui la peuplent, ce mot signifiant en indien « neige «. À cette époque, toute la zone au sud du fleuve Rapel est habitée par les Mapuches (appartenant au groupe des Araucans), peuple indien doté d’une rare habileté au combat. Les tribus du nord du Chili sont en revanche soumises depuis le xve siècle par les Incas du Pérou.

C’est à partir de 1535, fin de la conquête espagnole du Pérou par Francisco Pizarro, que l’un de ses capitaines, Diego de Almagro, entame la conquête des terres situées au sud de Cuzco. Après trois ans de vaines recherches sur le territoire chilien, l’expédition qui n’a pas trouvé d’or et s’est heurtée aux redoutables Mapuches retourne au Pérou.

5.2La colonisation espagnole

Pedro de Valdivia, envoyé par Charles Quint, conduit une seconde expédition à travers le sud du Chili en 1540. Malgré une farouche résistance des Mapuches, Valdivia parvient à établir plusieurs colonies, dont Santiago de la Nouvelle Estrémadure en 1541, Concepción en 1550 et Valdivia en 1552. Mais en 1554, les Mapuches organisent un soulèvement général, massacrant Valdivia et nombre de ses compagnons ; ils dévastent toutes les villes, excepté Concepción et La Serena. Les Mapuches sont de fait la seule grande tribu indienne à résister aux assauts des Espagnols. Les combats continuent de façon intermittente pendant et après la période de colonisation entreprise par l’Espagne, et ne cessent que vers la fin du xixe siècle.

En 1557, l’Espagne, par l’intermédiaire d’un gouverneur, prend possession du territoire chilien. Au sein de cet empire colonial, le Chili est d’abord une dépendance de la vice-royauté du Pérou avant d’avoir son propre gouvernement, dirigé par un gouverneur et un Tribunal royal. Le développement du pays est lent, notamment en raison de l’absence de mines d’or ou d’argent susceptibles d’attirer les Espagnols. En outre, le Chili est éloigné des grands centres péruviens de colonisation et difficile d’accès. L’agriculture dans la Vallée centrale est la principale activité, permettant de fournir des produits alimentaires au Pérou, notamment du blé.

5.3L’indépendance

Les premières idées nationalistes prônant l’indépendance chilienne remontent au xviiie siècle. Deux mouvements principaux se développent : les royalistes, d’un côté, et les patriotes, de l’autre. Leurs combats aboutissent à une première victoire en 1810, date à laquelle, avec d’autres colonies espagnoles, le pays rompt tout lien politique avec l’Espagne. Le conseil municipal de Santiago destitue le gouverneur colonial du Chili et délègue ses pouvoirs à une assemblée de sept personnes. Bien qu’officiellement indépendant de l’Espagne dès cet instant, le Chili reste en guérilla contre les troupes espagnoles envoyées du Pérou, qui entreprennent une reconquête de 1814 à 1817.

Dès le 4 juillet 1811, le premier Congrès national élit une junte révolutionnaire avec à sa tête Bernardo O’Higgins. D’abord battus (à Rancagua, en octobre 1814), les troupes chiliennes bénéficient de l’appui de l’Argentin José de San Martín, qui lance son armée des Andes à l’assaut du Chili. Le 12 février 1817, la défaite d’une armée royaliste à la bataille de Chacabuco met un terme au contrôle des Espagnols sur le nord du Chili.

San Martín refuse le pouvoir et fait désigner O’Higgins comme directeur suprême ; un an plus tard, le 12 février 1818, le Chili proclame son indépendance. Cependant, les forces royalistes gardent le contrôle d’une grande partie du Sud jusqu’à la bataille de Maipú, en 1818. Ce n’est qu’en 1826 qu’elles sont définitivement chassées du pays.

5.4Les gouvernements conservateurs

Bernardo O’Higgins dirige le pays en dictateur jusqu’en 1823, date à laquelle il est obligé de démissionner face à l’hostilité populaire. La république, instaurée en vertu d’une Constitution libérale, est proclamée à l’instigation de Ramón Freire. Mais les rivalités entre les nombreux partis politiques sèment l’anarchie jusqu’en 1830.

Le général Joaquín Prieto, à la tête des conservateurs, fomente alors une révolte qui lui permet de s’emparer du pouvoir. En 1831, Prieto devient président, mais la personnalité marquante du gouvernement est Diego Portales, qui occupe divers ministères. Une nouvelle Constitution, conférant d’immenses pouvoirs à l’exécutif, est adoptée en 1833. Plusieurs fois, les libéraux échouent dans des tentatives de renverser les conservateurs (1835, 1851 et 1859).

En dépit de son caractère autoritaire, le gouvernement conservateur prend des mesures qui permettent au commerce et à l’agriculture du Chili de progresser considérablement. Les autorités encouragent également l’exploitation des ressources minières, la construction du chemin de fer et l’immigration, et mettent en place un système scolaire et des institutions culturelles. Sous le gouvernement conservateur, la politique extérieure du Chili est marquée par une série de conflits larvés avec les pays voisins, d’abord avec le Pérou et la Bolivie en 1839 (bataille de Yungay), puis avec l’Argentine en 1843. Ce dernier conflit prend fin en 1881 après avoir failli, à plusieurs reprises, dégénérer en guerre ouverte. Un traité est alors signé qui accorde la moitié de la Terre de Feu au Chili.

5.5Le gouvernement libéral et les guerres extérieures

Pendant ce temps, des dissensions avec l’Église catholique apparaissent et divisent le Parti conservateur. Dès 1861, une série de réformes constitutionnelles, dont le non-renouvellement du mandat présidentiel, est instaurée par l’aile libérale du Parti conservateur et par les libéraux. Les mesures d’amélioration du bien public et de développement des ressources nationales (notamment la création de nouvelles routes et voies ferrées ainsi qu’un système de postes) sont intensifiées. En 1865, le pays est entraîné dans une guerre hispano-péruvienne qui se poursuit épisodiquement jusqu’en 1869.

Par la suite, le Chili entreprend l’exploitation des riches gisements de nitrate dans le désert d'Atacama. Rejetant les prétentions de la Bolivie sur ce territoire, en février 1879, l’armée chilienne envahit le port bolivien d’Antofagasta. Deux mois plus tard, le Pérou, allié à la Bolivie, déclare la guerre au Chili, l’entraînant dans la guerre du Pacifique. Vainqueur de ce conflit en 1883, le Chili agrandit considérablement son territoire en annexant la province bolivienne d’Antofagasta et la province péruvienne de Tarapacá. Le Pérou lui cède également Tacna et Arica sous condition d’organiser un référendum dix ans plus tard. Bien que ne parvenant pas à se mettre d’accord sur les conditions du plébiscite, les deux pays signent les clauses régissant le territoire en 1928 : Tacna devient possession du Pérou et Arica revient au Chili. Voir conflit de Tacna et Arica.

5.6La guerre civile

En 1891, une alliance étroite entre forces politiques et clergé catholique se rebelle contre le gouvernement du président José Manuel Balmaceda, chef du Parti libéral. Sous le commandement du capitaine Jorge Montt, officier de marine, les rebelles s’emparent de la flotte chilienne et des riches provinces du nord. En août, ils vainquent une armée gouvernementale à proximité de Valparaíso. La ville tombe aux mains des rebelles, de même que Santiago. Cette chute marque pratiquement la fin de cette guerre civile qui a fait plus de 10 000 victimes et des dégâts matériels considérables. Balmaceda se suicide en septembre. Une des principales conséquences de ce conflit est l’orientation du régime vers un système parlementaire, accordant plus de pouvoirs au Congrès.

Peu après, Montt devient président. Le Chili entre alors dans une longue période de paix et de reconstruction. Pour satisfaire le mouvement libéral, Montt concède un certain nombre de réformes, en particulier la démocratisation de l’exercice du pouvoir. Par la suite, la vie politique se libéralise, mais elle s’accompagne également d’une montée de l’agitation politique liée à l’instabilité ministérielle.

En août 1906, un terrible tremblement de terre détruit pratiquement la ville de Valparaíso et ravage des quartiers de Santiago, tuant plus de 3 000 personnes et laissant près de 100 000 sans-abri.

5.7Les conflits mondiaux

Durant la Première Guerre mondiale, le Chili reste neutre. Après le conflit, libéraux et conservateurs s’opposent violemment. Les libéraux remportent les élections de 1920, mettant à la tête du pays Arturo Alessandri Palma, ancien ministre de l’Intérieur. Celui-ci tente de faire adopter ses projets de réforme ; mais en 1924, des chefs militaires renversent Alessandri et rétablissent la dictature. Cependant, le nouveau pouvoir est à son tour renversé au début de 1925.

Alessandri retrouve la présidence, mais son mandat dure moins d’un an. Une nouvelle Constitution est instaurée qui réforme le système électoral, réduit le pouvoir du Congrès et établit la séparation de l’Église et de l’État. Sous la présidence de son successeur, Emiliano Figueroa, le pouvoir est en fait exercé de 1927 à 1931 par un officier, Carlos Ibáñez del Campo. Celui-ci favorise l’intervention de l’État dans le secteur économique, mais la situation se détériore sous les effets désastreux de la crise de 1929.

Après maints coups d’État et changements de gouvernements, Alessandri est réélu président en 1932, grâce au soutien des partis centristes et des partis de droite. Il conserve cette fonction jusqu’à la fin légale de son mandat en 1938.

En 1936, un nouveau parti politique est constitué : le Front populaire, comprenant à la fois des radicaux, des socialistes et des communistes. Il remporte les élections de 1938 et un nouveau gouvernement, présidé par le radical Pedro Aguirre Cerda, est constitué. Son ambitieux programme, inspiré du New Deal américain, et mettant l’accent sur l’éducation et l’industrialisation, est brisé par un tremblement de terre dévastateur qui tue 30 000 personnes en 1939.

La coalition de Front populaire remporte à nouveau l’élection présidentielle de 1942 et le radical Juan Antonio Ríos devient président. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, celui-ci adopte une ligne modérée face aux tensions politiques entre les partisans des Américains et ceux de l’Axe, avant d’entrer dans la guerre aux côtés des Alliés en février 1945. Pendant cette période, le Parti communiste apparaît comme étant l’une des plus puissantes forces politiques du Chili. Le pays devient membre fondateur des Nations unies en juin 1945.

5.8L’après-guerre

L’élection présidentielle de 1946 est remportée par Gabriel González Videla, chef du Parti radical, soutenu par une coalition composée de radicaux et de communistes. González Videla nomme, pour la première fois dans l’histoire du pays, trois communistes dans son cabinet, mais la coalition ne dure pas six mois. Souvent en désaccord avec les autres membres du gouvernement, les communistes quittent le pouvoir en avril 1947. Quelques mois plus tard, le Chili rompt ses relations diplomatiques avec l’Union soviétique. La situation se durcit et, en 1948, des centaines de communistes sont arrêtés en vertu de la loi dite « de défense permanente de la démocratie « qui interdit le Parti communiste. Une révolte militaire menée par l’ancien président Ibáñez est réprimée et la période qui suit est troublée par une agitation sociale importante. En 1951, presque tous les secteurs de l’économie sont touchés par les grèves.

L’année suivante, le peuple manifeste son hostilité aux partis traditionnels en élisant le général Carlos Ibáñez, soutenu par le Parti agraire-travailliste. Celui-ci rétablit un semblant d’ordre mais ne parvient pas à résoudre les problèmes économiques et sociaux.

En 1958, Jorge Alessandri Rodríguez, ancien sénateur et fils d’Arturo Alessandri Palma, est élu président. À la tête d’une coalition regroupant libéraux et conservateurs, il préconise un programme en faveur de la libre entreprise et des investissements étrangers. En réponse à l’opposition nourrie du Parti communiste tout récemment légalisé et du jeune Parti démocrate-chrétien, il soumet un plan décennal qui prévoit des réformes fiscales, de grands travaux et une réforme agraire. Cependant, cette politique d’austérité économique provoque des mécontentements sociaux. En politique étrangère, Alessandri rompt les relations diplomatiques avec Cuba en 1964, mais rétablit les contacts avec l’URSS. Sa présidence est marquée par de violentes catastrophes naturelles qui traumatisent le pays ; ainsi, en 1960, de violents raz de marée et des tremblements de terre causent la mort de plusieurs milliers de personnes.

L’élection présidentielle de 1964 est remportée par le candidat démocrate-chrétien et ancien sénateur Eduardo Frei Montalva. Il entreprend de grandes réformes : la nationalisation partielle des mines de cuivre par la loi du 25 juillet 1966 associant l’État à la Kennecott Cooper et à l’Anaconda Cooper ; puis, en 1967, une réforme agraire prévoyant l’expropriation des exploitations de plus de 80 ha, mal exploitées ou abandonnées. Mais celles-ci soulèvent un mécontentement à gauche comme chez les conservateurs et lui valent une violente opposition politique. Pour la droite conservatrice, cette politique réformatrice est spoliatrice, alors que la gauche juge l’action de Frei trop timorée.

5.9Le régime Allende

À l’approche de l’élection présidentielle de 1970, l’opposition de gauche s’unit pour former l’Unité populaire et désigne Salvador Allende comme candidat. Celui-ci conduit une campagne fondée sur un programme promettant la nationalisation totale de toutes les industries de base, des banques et des communications. Il obtient non seulement près de 37 p. 100 des voix, mais aussi le soutien inconditionnel du Congrès face à son adversaire de droite, l’ancien président Alessandri. Allende devient alors le premier président élu sur un programme socialiste dans un pays non communiste.

Une fois en fonction, le président Allende met vite en application les promesses faites durant sa campagne, transformant le pays en État socialiste. Une partie importante de l’économie passe sous le contrôle de l’État : mines (loi de juillet 1971 sur le cuivre), banques étrangères et entreprises monopolistiques sont nationalisées. La réforme agraire s’accélère et des conseils paysans sont institués. De plus, Allende entreprend de redistribuer le revenu national, augmente les salaires et institue un contrôle des prix.

Cependant, l’opposition ne reste pas inactive et, dès 1972, organise des mouvements de panique. Les conditions se détériorent en 1973 : l’inflation galopante, la pénurie alimentaire due à la fois à la restriction des crédits étrangers et à la politique des détaillants et des petits industriels qui stockent les marchandises, les grèves et la violence politique mènent le Chili au bord du chaos. En plus de cette opposition interne, les États-Unis, méfiants à l’égard du nouveau pouvoir chilien, pratiquent un blocus financier à l’encontre du pays.

Pourtant, le 11 mars 1973, l’Union populaire remporte les élections municipales avec 44 p. 100 des voix. La situation économique continue à se détériorer — taux d’inflation élevé, déficit de la balance commerciale —, et les grèves et mouvements sociaux se multiplient. Dès lors, l’attitude de l’armée devient déterminante. Le 11 septembre 1973, les militaires s’emparent du pouvoir, et le président Allende se suicide après l’assaut du palais présidentiel par l’armée.

5.10Le gouvernement Pinochet

C’est le général Augusto Pinochet Ugarte qui prend la tête de la junte militaire et adopte, en juillet 1974, le titre de « chef suprême de la nation «. Aussitôt, il suspend la Constitution, dissout le Parlement, impose la censure absolue et interdit tous les partis politiques. Il lance par ailleurs le pays dans une campagne de terreur et de répression sanglante contre la gauche. Des milliers de personnes sont arrêtées. Beaucoup sont exécutées, torturées ou sont contraintes à l’exil, tandis que d’autres sont emprisonnées ou « disparaissent «.

La junte militaire maintient cet étau sur le pays plusieurs années durant et ne donne des signes symboliques de relâchement qu’à la fin des années 1970. L’état de siège est levé en 1978, mais l’état d’urgence reste en vigueur, et une loi amnistiant les auteurs des crimes et délits commis lors du coup d’État de 1973 est votée. Quelques civils entrent au gouvernement. Cependant, le Chili demeure un État policier. Un référendum organisé pour le septième anniversaire du coup d’État approuve une nouvelle Constitution qui entérine le régime jusqu’en 1989. Pinochet entame donc en mars 1981 un nouveau mandat présidentiel de huit ans.

Le gouvernement Pinochet réussit à renouer avec la croissance économique grâce à un contrôle drastique de l’économie nationale, d’inspiration néolibérale : l’inflation est freinée et la production stimulée entre 1977 et 1981. Mais, en 1982, la baisse des prix du cuivre, liée à la récession mondiale, crée de graves difficultés à l’économie chilienne ; l’endettement de l’État et le chômage augmentent. Des manifestations de grande ampleur (les protestas) contre le gouvernement sont organisées en 1983, suivies par une vague d’attentats dans les grandes villes. Ces oppositions se cristallisent autour de mouvements tels que l’Alliance démocratique ou l’Accord national pour la transition vers la démocratie. La contestation grandissante et la poursuite du déclin économique amènent le gouvernement à rétablir l’état de siège en novembre 1984. À la suite d’un attentat auquel il échappe en septembre 1986, Pinochet renforce la répression.

5.11Le retour de la démocratie
5.11.1La présidence de Patricio Aylwin (1990-1994)

L’autorisation des partis politiques constitue en février 1987 le premier signe d’un retour à la démocratie. L’état d’urgence est finalement levé en août 1988. Le 5 octobre de la même année, Pinochet organise un plébiscite visant à reconduire son mandat après mars 1989 jusqu’en 1997. Alors que le « non « l’emporte avec près de 55 p. 100 des voix, Pinochet annonce qu’il prolonge son mandat jusqu’en mars 1990. Néanmoins, en décembre 1989, le Chili connaît le premier scrutin présidentiel organisé depuis dix-neuf ans. L’élection donne la majorité au candidat démocrate-chrétien Patricio Aylwin.

Alors que Pinochet demeure à la tête de l’armée de terre, le président Aylwin nomme, en avril 1990, une commission d’enquête « pour la vérité et la réconciliation « sur les violations des droits de l’homme sous le régime précédent. Ses réformes économiques visent à maintenir un taux de croissance élevé et à instaurer une intégration sociale. Le pays s’ouvre sur l’extérieur en multipliant les exportations, en particulier vers les États-Unis, grâce à un accord bilatéral de commerce et d’investissements. Les élections municipales de juin 1992 renforcent la victoire des démocrates-chrétiens.

5.11.2La présidence d’Eduardo Frei Ruiz-Tagle (1994-2000)

Lors de l’élection présidentielle de 1993, le candidat démocrate-chrétien de la Concertation démocratique, Eduardo Frei Ruiz-Tagle, fils de l’ancien président Eduardo Frei Montalva, l’emporte sur Arturo Alessandri, candidat du centre droit. Tandis que la croissance économique continue, le gouvernement chilien doit pourtant faire face à un développement de la pauvreté dans certaines catégories de la population, ainsi qu’à une augmentation de la violence et de l’insécurité dans les villes. Après avoir intégré l’APEC (Coopération économique Asie-Pacifique) à la fin de l’année 1994, le Chili envisage de rejoindre l’Alena (Accord de libre-échange nord-américain), qui regroupe les États-Unis d’Amérique, le Mexique et le Canada. Le 25 juin 1996, le pays devient membre associé du Mercosur.

Tandis que la bonne santé de l’économie chilienne se confirme, la coalition au pouvoir (démocrates-chrétiens et sociaux-démocrates) recueille la majorité des suffrages exprimés lors des élections municipales d’octobre 1996. Elle remporte également, d’une faible majorité, les élections législatives du 11 décembre 1997. Le désengagement du pouvoir militaire dans les institutions du pays ne peut être réalisé. Le gouvernement doit différer (mai 1997) la présentation du projet de réforme constitutionnelle adoptée par le Parlement quant à l’abolition des neuf sièges sénatoriaux désignés par les Forces armées devant le Sénat, qui l’a déjà rejeté en avril 1996. Le 10 mars 1998, le général Pinochet quitte le commandement de l’armée de terre pour entrer, dans un climat hostile, au Sénat et y occuper un siège à vie.

D’autre part, le Chili enrichit ses accords commerciaux avec le Mexique et le Canada, avec lequel il signe un accord exonérant 80 p. 100 de ses droits de douane pendant six ans. En 1998, l’économie chilienne connaît un fort ralentissement, en raison de la crise asiatique et de la chute des cours du cuivre, qui se convertit en 1999 en une véritable récession.

À cette crise économique s’ajoute une grave crise interne provoquée par l’arrestation du général Pinochet par la police britannique, le 16 octobre 1998, à la suite d’un mandat Interpol présenté par le juge espagnol Baltasar Garzón. Ce dernier réclame l’extradition vers l’Espagne de l’ancien chef de la Junte militaire, afin de le juger pour des délits de « génocides «, « tortures « et « disparitions « commis pendant la dictature. Les révélations concernant le plan « Condor «, qui coordonnait, pendant les dictatures, l’action répressive contre les opposants en Argentine, en Bolivie, au Chili, au Paraguay et en Uruguay, viennent alourdir le dossier. À l’issue d’une « saga « judiciaire de dix-sept mois, le ministre britannique de l’Intérieur Jack Straw rejette la demande d’extradition du général Pinochet vers l’Espagne ; ce dernier peut ainsi retourner dans son pays, où la Cour d’appel de Santiago du Chili vote, le 23 mai 2000, la levée de son immunité parlementaire.

5.11.3La présidence de Ricardo Lagos (2000-2006)

Le 16 janvier 2000, Ricardo Lagos, candidat de la Concertation démocratique, coalition de centre-gauche au pouvoir depuis dix ans, est élu président du Chili avec 51,3 p. 100 des suffrages. Avec 48,7 p. 100 des voix, son rival, Joaquin Lavin, candidat de l’Alliance pour le Chili et ancien collaborateur du régime militaire d’Augusto Pinochet, obtient le meilleur résultat électoral de la droite depuis vingt ans. Ricardo Lagos, avocat et économiste formé aux États-Unis, ancien ministre de l’Éducation, puis ministre des Travaux publics, est le premier président socialiste du Chili depuis Salvador Allende. Il s’engage à faire des droits de l’homme une priorité de son gouvernement et se prononce en faveur d’un jugement d’Augusto Pinochet à son retour au Chili.

En décembre 2000, le juge Guzman inculpe Augusto Pinochet pour 75 enlèvements et exécutions, commis en octobre 1973 par la Caravane de la mort. 270 autres plaintes sont déposées contre Pinochet au Chili. Mais, après de nouveaux rebondissements, en juillet 2001, la cour d’appel de Santiago suspend « temporairement «, pour raisons médicales, les poursuites engagées contre Pinochet. En effet, selon la législation chilienne, un inculpé âgé de plus de 70 ans ne peut être jugé s’il souffre de « démence «. Or un rapport médical a conclu qu’Augusto Pinochet souffre de « démence d’ordre vasculaire « jugée « irréversible «. La suspension temporaire des poursuites contre l’ancien dictateur prend donc de fait un caractère définitif. Les parties civiles dénoncent cette décision et s’indignent d’une justice qui aurait subi des pressions, mais la Cour suprême de justice clôt définitivement la procédure en juillet 2002.

En décembre 2001, la coalition de centre gauche du président socialiste Ricardo Lagos, la Concertation démocratique, qui regroupe le Parti socialiste (PS) et le Parti démocrate-chrétien (PDC), remporte 47,92 p. 100 des suffrages aux élections législatives. Elle conserve la majorité à la Chambre des députés, mais elle la perd au Sénat, où elle la détenait d’une voix seulement. Face à elle, l’Alliance pour le Chili (droite), qui regroupe l’Union démocrate indépendante (UDI) et Rénovation nationale (RN), obtient 44,28 p. 100 des suffrages. L’UDI, dirigée par le maire de Santiago, Joaquin Lavin, principale héritière du régime de Pinochet, s’impose comme la première force politique du pays aux dépens des démocrates-chrétiens. Ce résultat serré réduit la marge de manœuvre du président Lagos qui doit faire face à un ralentissement de l’activité économique et à une hausse du chômage, qui touche plus de 9 p. 100 de la population active. En 2002-2003, plusieurs affaires de corruption sont mises au jour au sein de la vie politique, ce qui entraîne des remaniements gouvernementaux. Alors que le Chili compte parmi les rares pays démocratiques où le divorce est interdit, la loi qui l’autorise entre en vigueur fin 2004. En politique extérieure, membre du Conseil de sécurité pour deux ans à partir du 1er janvier 2003, le Chili ne soutient pas l’intervention américaine en Irak. Par ailleurs, le Chili continue de développer une politique commerciale active en signant de nombreux traités de libre-échange, notamment avec les États-Unis. Fort d’un bilan économique positif — avec une croissance de 6 p. 100 environ pour 2004-2005, une inflation très faible (1,1 p. 100 en 2004) et une dette publique contenue (environ 8 p. 100 du PIB) —, Ricardo Lagos termine son mandat avec une popularité située entre 60 et 70 p. 100. Alors qu’il ne peut se présenter pour un second mandat, il soutient la candidature de son ministre de la Défense, Michelle Bachelet, qui prend la tête de la Coalition démocratique.

5.11.4La présidence de Michelle Bachelet (2006- )

Le 15 janvier 2006, la socialiste Michelle Bachelet est élue au second tour du scrutin présidentiel avec 53,4 p. 100 des voix contre 46,5 p. 100 des suffrages à Sebastian Pinera, leader de la coalition de droite Alliance pour le Chili. Plaçant son action dans la continuité du président sortant, soit une combinaison d’économie libérale et de social-démocratie, elle lui imprime une orientation plus sociale et entend axer son gouvernement sur l’emploi, la sécurité sociale, le système des retraites, l’éducation publique, les femmes, la santé et l’environnement. Elle se fixe aussi comme priorité de lutter contre la pauvreté, qui touche près de 20 p. 100 de la population (contre 40 p. 100 au début des années 1980), et de réduire les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres, qui se sont accrues depuis le retour de la démocratie.

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