Chateaubriand

« Une jeunesse errante A Saint-Malo, en 1768, sa mère « infligea la vie » à François­ René de Chateaubriand.

Enfant aban­ donné aux domestiques, il vit des an­ nées fiévreuses à contempler la mer.

En 1777, sa famille s'installe au châ­ teau de Combourg, où François-René ressent les premiers appels de sa muse dans la lande et les flots qui as­ saillent le château.

Après des études dans des collèges bretons, il revient à Combourg pour « deux années de délire», de rêveries romantiques, de courses dans les landes avec sa sœur Lucile, entre un père taciturne et une mère superstitieuse.

Il hésite sur l'orientation à donner à sa vie, puis finalement s'engage comme sous­ lieutenant dans l'infanterie en 1786.

Profitant d'un congé, il se rend à Paris, y fréquente la cour et se mêle à la vie agitée des salons, où il ren­ contre Fontanes, qui restera son ami le plus cher.

Au contact de cette vie dissipée, il s'enthousiasme pour Rousseau, approuve les premiers mouvements de la Révolution et perd sa foi religieuse.

A la recherche d'images exotiques et de gloire, il décide de s'embarquer pour le Nouveau Monde.

Le voyageur 1 1 y séjourne de juillet à décembre 1791 ; et, sur place, il commence lei récit de son expé­ dition.

Contemplateur d'une nature encore vierge (les chutes du Niagara, le Mississippi), il entre en contact avec des Indiens ; enrichi d'évocations neuves, il n'a de cesse de prendre des notes et commence même la longue épopée des Natchez.

En apprenant la fuite de Louis XVI à Varennes et son arrestation, il choisit de retourner en France pour se mettre au service de la monarchie menacée.

Il se marie et « L'auteur affamé,., caricature de Chateaubriand, dit M.

Boursouflé de maison Fernel Portrait de Chateaubriand enfant (peinture anonyme, château de Morlaix) L'Hôtel de France, à Saint-Malo, où naquit Chateaubriand (lithographie de H.

Lorette) Dans L 'Essai sur les révolutions ( 1797), « livre de doute et de douleur », Chateaubriand nie le progrès humain, reprend les arguments rationalistes contre la foi chrétienne.

Alors que dans Atala plus tard, épisode consacré aux amours de deux sauvages dans le désert, il vise à illustrer l'harmonie de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain.

La Vie de Rancé retrace l'existence d'un religieux de la fin du XVIII• siècle .

Écrit pour sa pénitence à la demande de son confesseur, Chateaubriand y relate la jeunesse mondaine et la maturité austère de l'abbé de Rancé qui, bouleversé par la mort d'une femme aimée et retiré à la Trappe, sut y instaurer la stricte observance de la Règle.

XIX " SlfTLE Incarnation du romantisme, Chateaubriand, par une existence digne et orgueilleuse, engage sa vie dans la défense de l'idéal chrétien et des libertés publiques.

rejoint l'armée des émigrés.

Blessé au siège de Thionville, il traverse la Belgique et se réfugie à Londres en 1793, où il va mener une vie misé­ rable.

En 1798, boule­ versé par la mort de sa mère et de sa sœur, il revient à la foi et décide de consacrer son talent à la défense et à la restauration des convictions religieuses dont il fait l'apologie dans Le Génie du christianisme.

La gloire littéraire et diplomatique R entré en France en 1800, il pu­ blie, en 1801, Atala qu'il avait détaché des Natchez.

Le succès est éclatant.

Selon le même principe, en détachant l'épisode du Génie du christianisme, il publie René en 1802, récit quasi autobiographique qui veut montrer les mécanismes irrationnels des passions.

Toute une génération se reconnut en René, in­ carnation -du romantisme .

Chateau­ briand publie alors Le Génie du. »