Castro (Fidel)

« 1 / 2 7 octobre 1964 Série No 13 Fiche N° 148 Castro (Fidel) 1.

Que le chef barbu d'une petite nation insulaire de 6 500 000 habitants concentre sur sa personne l'attention des observateurs du monde entier, c'est là un aspec! caractéristique de la conjoncture politique de notre temps, résultat paradoxal de l'écrasante suprématie militaire et économique des deux superpuissances mondiales.

2.

Fidel Castro est né le 13 août 1926, à Mayari dans la province Oriente.

Son père, qui avait émigré d'Espagne comme ouvrier, était devenu planteur de canne à sucre aisé.

Sa mère appartenait à la classe des riches propriétaires fonciers de l'ile.

Elève des Jésuites à Santiago et à La Havane, le jeune Fidel était un enfant turbulent mais intelligent.

En 1945, il entra à la Faculté de droit de l'Université de La Havane où il obtint son doctorat en 1950.

3.

Défenseur bénévole de clients misérables, Castro était candidat au Congrès quand le général-dictateur Batista chassa le président Socarras.

La lutte, finalement victorieuse, qu'il mena contre le régime de Batista commence alors.

Le 26 juillet 1953 (date devenue fête nationale) il fait partie du groupe des 165 rebelles qui attaque une caserne; 70 d'entre eux périssent.

Castro, arrêté, jugé et condamné à quinze ans de prison, s'écriait: " Condamnez-moi, cela n'a pas d'importance.

L'Histoire m'absoudra.

, Deux ans plus tard, une amnistie lui rend la liberté.

4.

Exilé au Mexique, il prépare une invasion qu'il tentera, le 15 novembre 1956, avec 80 compagnons.

Tous furent tués, sauf 12, dont Castro, qui se réfugièrent dans les montagnes et gagnèrent à leur cause une foule de paysans et de bourgeois remplis de haine pour Batista, constituant l'armée qui, en deux ans, conquit l'ile et en chassa le dictateur, le 1er janvier 1959.

5.

Dans les quinze jours qui suivirent la prise du pouvoir de Fidel Castro, environ 150 tortionnaires au service de Batista furent jugés et exécutés.

Pour établir le nouvel ordre révolutionnaire il fallut éliminer l'influence des USA qui dominaient l'économie de l'ile, état de choses qui explique le violent antiaméricanisme de Castro.

Pour empêcher la réforme agraire et arrêter les nationalisations, Washington cessa d'ache­ ter le sucre cubain, ce qui obligea Castro à se rapprocher de plus en plus de l'URSS et conduisit à la grave crise d'octobre 1962.

Depuis lors, le chef cubain a vainement fait appel aux USA pour une normalisation de leurs relations.

6.

Aujourd'hui, Castro se proclame marxiste-léniniste.

Il ne l'est devenu qu'au cours de sa lutte et de l'exercice du pouvoir.

Mais, plus que l'idéologie en tant que telle, compte pour le " lider maximo » sa faculté communicative d'enthousiasme.

Sa puis­ sante et pittoresque personnalité, dont il sait jouer, lui assure une renommée hors de pair.

Bousculant les usages et les protocoles avec une furieuse vitalité qui épuise et charme ses interlocuteurs les plus rétifs, il a dressé l'image insolite d'un homme d'Etat qui établit des rapports directs avec ceux qu'il gouverne, procédant à une sorte de démystification du pouvoir, ce qui explique sa popularité parmi ses partisans cubains. 2 / 2. »