Boris Godounov
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
Boris Godounov, pièce de théâtre parue
en 1831, est une quête des origines de la
société russe puisque le sujet de la pièce est
emprunté aux
xv1e -xvne siècles, époque
où la Russie de Pouchkine s'organise
politiquement et sociologiquement, mais
peut être lue aussi comme une fable sur la
parole
et sa force de séduction.
Par ailleurs,
l'opéra (écrit entre 1868
et 1874) que le
compositeur Moussorgski
à tiré de la pièce
constitue
l'un des chefs-d'œuvre du
répertoire lyrique du
xixe siècle.
«Lutter avec Boris n'est pas chose facile.,.
Gravures de Boris Zworykine
Boris Godounov
Luttes de pouvoir
B
oris Godounov, fils d'esclave et régent sous le
règne du tsar Féodor, est proclamé tsar
à la mort
de ce dernier.
Pour cela, il a fait exécuter le fils légi
time du tsar Ivan, Dmitri, qui aurait dû régner
à
la mort de Féodor.
Un moine ambitieux, Grigori
Otrepiev, se fait passer pour Dmitri.
Il trouve des
appuis en Lituanie et en Pologne, où
il s'est réfugié,
et lève une armée composée de Russes mécontents du
pouvoir en place ainsi que de Polonais.
Il marche
à la
tête de cette armée sur Moscou.
D'abord vainqueur,
il est finalement battu par Godounov, mais celui-ci
meurt, et le peuple ne soutient qu'un instant son fils
Féodor pour se tourner vers le faux Dmitri.
Les
enfants et la femme de Godounov sont tués dans leur
cellule.
Le pouvoir de la parole ou celui des armes ?
B
oris Godounov présente deux destins parallèles,
celui de deux imposteurs, puisque ni Godounov,
fils de serf, ni Otrepiev, se faisant passer pour le fils
du tsar,
n'ont de légitimité du sang -et par
conséquent du ciel dans cette conception du
pouvoir-pour gouverner.
Le destin d'Otrepiev
jaillit en quelque sorte de la littérature, puisque
l'idée de l'imposture lui vient lors des lectures
faites par son maître, le moine
Pimène, des
chroniques que celui-ci écrit sur son temps et
dont
il charge Otrepiev de poursuivre l'écriture.
Celui-ci décide alors
d'écrire lui-même son
histoire, et pousse les gens qui l'entourent
à la
croire.
Ceux-ci ne sont pas toujours dupes, mais
le charme de la parole et du mythe
qu'elle
véhicule les envoûte, outre l'occasion que
certains voient de tirer un avantage personnel
d'un nouveau pouvoir.
Godounov, par contre,
illettré et superstitieux, assied son pouvoir par
1
la force et le meurtre, et ce meurtre finit par
causer sa mort.
Le sang de
sa victime, dont
l'image l'a obsédé tout au long du drame et
qu'il a cherché
à ensevelir dans sa mémoire finit
par rejaillir au sens propre et provoquer sa mort
( « il est tombé, le sang lui a jailli des oreilles, de la
bouche » ).
Ces deux personnages sont en représenta
tion devant un public
se trouvant à l'intérieur même
de la pièce, le peuple de Moscou, dont les interven
tions prosaïques font relâcher la tension du drame.
XI:\" SIÎTl.E 1
Deux imposteurs
luttent
sans merci pour conquérir
le pouvoir en Russie au début
du xvne siècle.
«Qu'on s'empare de cette mauvaise graine
et qu'on l'exile à perpétuité au monastère de Solowetz ! ,..
»
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