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Bien parler est-ce bien penser ?

Publié le 16/05/2020

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« Cette question nous pose ici à nous interroger sur la pertinence de l'assertion selon laquelle parler serait unecondition suffisante pour bien penser.

Nous le voyons, cette question n'est pas neutre puisqu'il y a deux fois le mot« bien ».

Le contexte élargi donc le rapport entre le langage et la pensée, le rapport entre la rhétorique qui est l'artde faire des beaux discours et la philosophie qui cherche entre autre à bien penser.Bien parler, c'est autrement dit bien savoir s'exprimer.

Cette expression renvoie à ce que le langage populaire appellele « beau parleur », autrement dit, celui qui sait persuader, qui subjugue les foules voire qui peut les manipuler.

Lavéracité de l'objet de son discours ne lui importe pas ou peu, ce qui lui importe étant l'effet produit sur sonauditoire.Comme « bien parler », l'expression « bien penser » recèle deux sens : le « bien penser » au sens de pensercorrectement, et le bien penser qui renvoie au bien pensant autrement dit au fameux « politiquement correct ».Cependant ici il nous apparaît que le « bien penser » au sens d'être « bien pensant » n'est pas nécessairement àprendre en compte.

Le problème porte donc sur la relation entre le « bien penser » et le « bien parler ». Pour les sophistes, l'art de bien penser passe nécessairement par l'apprentissage du bien parler, autrement dit de larhétorique.

Un sophiste, c'est celui qui n'envisage pas le langage comme le fait de parler de quelque chose maisc'est celui qui se contente de parler à quelqu'un.

Le sophiste ne reconnaît pas au langage une fonction detransmission de la pensée ou de la connaissance mais reconnaît au langage une dimension de persuasion del'interlocuteur.

On constate que lorsqu'une personne ne s'exprime pas de manière claire et précise, cette dernièremanifeste généralement certaines imprécisions dans sa pensée.

Certes, on estime généralement que le langage n'estqu'un moyen d'extérioriser la pensée, de la transmettre.

Nous penserions d'abord et ensuite, par le truchement dulangage, nous ferions part de notre pensée aux autres.Inversement, mais en poursuivant le même genre d'idée, nous considérons que le « beau parleur » n'est pasnécessairement le bon penseur.

Dire d'une personne qu'elle parle bien consiste avant tout à souligner ses capacitésà bien persuader, à bien enjôler des propos.

Or, cela est rarement le garant d'une bonne pensée.

Bien au contrairesouvent.

Une telle approche tendrait ainsi à nous faire constater qu'il ne suffit pas de bien parler pour bien penser.Cependant, peut-on inversement bien penser sans bien parler ? Le langage n'est-il qu'un moyen de communicationde la pensée ou en est-il la condition ? Et s'il en est la condition, est-il une condition nécessaire et suffisante ?Saussure définit le langage comme n'étant que la faculté propre à tout homme en tant qu'homme, de pouvoir parler,et de faire usage de la langue.

Selon Saussure, le langage, à proprement dit, serait uniquement humain et doncarticulé.

De plus, cette définition sous-entend que l'homme serait amené à l'utiliser comme un instrument puisqu'il enferait « usage ».

Par conséquent, la seule vocation du langage serait de servir l'individu et, à une échelle supérieure; l'ensemble de la société humaine.

Le langage serait donc considéré que par l'usage que l'on en fait, c'est-à-direseulement comme un moyen.L'idée que le langage est un instrument en appelle une autre, qu'il sert à manipuler son objet en vue d'une finquelconque.

Effectivement, le langage peut-être utilisé comme moyen de pression, de domination et même demanipulation.

Dès que nous posons une fin à réaliser par le langage, nous admettons que celui-ci doit être un moyenefficace de persuasion.On appelle rhétorique l'art de bien parler en vue d'obtenir par la parole les fins que l'on poursuit.

Le rhéteur est celuiqui sait déployer toutes les ressources du langage pour tenter de plier la volonté de celui à qui il s'adresse, pourobtenir ce que l'on désire.

Ce qui résulte de la seule magie du discours ne crée qu'une persuasion et pas de vraiesconvictions.

On en retient rien de précis d'un discours très rhétorique, on n'y rencontre pas vraiment la convictionde raisons solidement enchaînées, mais seulement des opinions.

Inversement, pour être convaincu de la justessed'un point de vue, nous n'avons pas besoin de beaucoup de mots, mais d'une parole claire, véridique, munie deraisons.

Dans Gorgias : Gorgias, face à Socrate ; est intarissable, il est l'homme de l'éloquence, l'homme d'esprit quibrille en société.

Il est brillant et il sait de quel pouvoir il dispose à travers la rhétorique.

Platon nous présente aucontraire un Socrate volontairement maladroit, mais incisif dans son questionnement.

Socrate ne fait pas beaucoupde longs discours mais rétorque question après question.

Il y a là deux manières de se rapporter au langage, celle du« beau parleur », du sophiste, qui cultive l'art de parler, et celle du philosophe qui cultive l'art de penser.

L'enjeuentre l'une et l'autre consiste essentiellement dans l'alternative entre se servir de la parole comme d'un outil demanipulation d'autrui ou bien laisser la parole à elle-même comme d'une voie d'accès à la vérité.

Comprendre laparole comme voie d'accès à la vérité rend nécessairement économe de ses mots.

La prudence devant le langagerend la pensée plus économe pour éviter l'erreur.

User de la parole pour séduire ; persuader ou se faire obéir, c'esten négliger l'humilité devant la vérité et préférer l'arrogance du pouvoir sur autrui que le langage rend possible.

Lebien parler est donc non seulement ambigu, mais aussi parfois trompeur.

Les tournures savantes, les figures destyle, jeux de mots, tout cela fait son effet, mais l'effet est faux-semblant, il permet aussi de malmener la languepour lui faire dire ce que l'on veut bien lui faire dire.

L'effet permet de séduire, tout en sauvegardant l'apparence, ycompris l'apparence d'une pensée rigoureuse.

Il est donc possible que des discours brillants, ponctuésgénéreusement de « donc » et de « par conséquent » contiennent bien des sophismes que nous ne pouvons pasbien déceler, perdus dans ce ‘‘torrents'’ des mots.Persuader n'est donc pas convaincre.La rhétorique est un art de la persuasion qui ne se soucie pas de la vérité mais plutôt de l'effet qu'elle doitprovoquer chez le destinataire.

Ainsi, la rhétorique et surtout la rhétorique démagogique et politicienne va souventdans le sens de « la grosse bête » qu'est le peuple pour reprendre l'expression de Platon dans La République Larhétorique ainsi a pour conséquence moins le « bien penser » que le « bien pensant », le politiquement correct. Mais dans quelle mesure bien penser implique le bien parler, au sens de « parler vrai » ?Platon, dans Gorgias fait une critique de la rhétorique du bien parler en vue du bien pensant.

En effet, sa critiqueproférée est que les rhéteurs ne définissent pas leur concept afin d'avoir le dernier mot.

La rhétorique apparaît. »

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