Bellum omnium contra omnes

« Bel/am omnium contra omnes La guerre de tous contre tous Cette expression, qui désigne un conflit généralisé, fut créée par Thomas Hobbes pour expliquer ce qu'était l'état de nature à l'époque où les hommes n'étaient pas encore organisés en société civile (cf.

notamment De cive, 1, 12 : >; 5, 2 et Léviathan, 1, 14, 4; 2, 17, 1 ; cf.

aussi n.

764).

Hobbes s'est sans doute inspiré d'un passage des Lois de Platon ( I, 625e-626a), où l'auteur grec affirmait que toutes les cités se trouvaient en état de guerre permanent les unes contre les autres, TTOÀE µos àe l TTâo l v 6Là ~[ou auve x ~S' È OTL TTpos­ aTTciaas Tàs TToÀeLs; ce que les hommes appellent paix n'a de paix que le nom, car la guerre, quoique non déclarée, est l'état naturel des cités les unes à l'égard des autres, T'ÎJ 6.

Ëpy(f) traaaLS nps nciaas Tàs TTÀELS àel noÀeµov àK~puKTov KaTà uaLv elvaL.

Ce passage fut repris par Dion Chrysostome (74, 3) mais, sous sa plume, la lutte pour l'existence se transf ùt lïaait en une foi 111ule plus atténuée, devenant >, KaKîas noAeµos (noAtµos, il est vrai, n'est qu'une conjecture avancée par Reiske, mais il n'existe aucune raison de remettre en doute la justesse de cette hypothèse per­ tinente).

Dans la littérature latine, Lucilius ( 1234 Marx) évoquait les intrigues que les hommes tramaient les uns contre les autres, comme si >, hostes sint omnibus omnes; et au Moyen-Age, dans le De mu/tro, traditione et occisione Karo/i comilis Flandia"'m (75) de Galbert de Bruges on lisait l'expression voisine: :·\Janus omnium contra omnes armata.

La fonnule de Hobbes fut reprise par divers penseurs, souvent comme une allusion directe à ses théories: c "est ainsi qu'on la retrouve dans un ouvrage posthume de Nietzsche, publié en 1872, sur l'Etat grec ; dans une lettre de Engels à Pyotr Lavrov (Londres, 12-17 novembre 1875), et chez M~ lorsqu'il traite de la question juive (9 : selon lui, la religion ne reflète pas l'esprit d'une com­ munauté mais l'égoïsme forcené de l'individu, et>., bellum omnium contra omnes).

Notre sentence devint le titre d'un des paragraphes de l'Essai de philosophie pratique (12, 8) de Giovanni Gentile; Novalis (Fragments, 1428) reprit l'expression pour insister sur le caractère fondamental du concept de polarité (Status natu- 1·alis polaris, bellum omnium contra omne.s), et dans un autre registre, Bellum omnium contra omnes sert de titre à deux chansons de groupes rock ( The Receiving End of Sirens et A.naal Nathrakh ).. »