Bangladesh (1983-1984)
Publié le 12/09/2020
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Bangladesh 1983-1984
Le Bangladesh (95 millions d'habitants), presque entièrement entour é par l'Union indienne pour ce qui est
des frontières terrestres, est formé par une plaine basse deltaï que périodiquement submergée par les
plus fortes crues de deux énormes fleuves, le Gange et le Brahmapoutr e, ou par les eaux marines
lorsqu'elles sont poussées vers l'intérieur par les vents des terr ibles typhons qui, à la fin de l'été, balaient
les côtes du golfe du Bengale.
Dans cette plaine, au demeurant petite (500 km du nord au sud), la
densité de peuplement est extrêmement forte (près de 600 habit ants au km² en moyenne), et la
population augmente rapidement.
Des gisements charbonniers restent encor e inexploités, et quelques
gisements de gaz naturel commencent à être utilisés.
Les ressou rces sont essentiellement agricoles:
surtout le riz et le jute, première production mondiale et la princip ale marchandise exportée, mais cette
production concurrence des cultures vivrières indispensables.
Les difficultés du Bangladesh, l'un des États les plus pauvres du monde, viennent du contraste entre
l'importance de la population et la faiblesse des ressources, héritag e d'une longue histoire marquée par
l'insuffisance de l'investissement productif.
Déjà, sous la domina tion britannique, le Bengale oriental avait
été négligé par rapport à la région de Calcutta.
Les i nitiatives en matière de droit foncier avaient abouti à
la mise en place d'un régime social particulièrement injuste et pa ralysant.
Les problèmes furent aggravés
au moment du partage de l'Inde et de la division du Bengale: l'Est se tr ouvait coupé des usines de jute
concentrées autour de Calcutta, et dépourvu de facilités portua ires.
Mais surtout, le Bengale, à l'intérieur
du Pakistan, fut traité comme une véritable colonie de la partie o ccidentale, qui reçut l'essentiel des
investissements décidés à Karachi puis à Islamabad, capitale s successives de l'État.
Cette injustice fut
l'une des causes essentielles de la révolte de 1971.
Les opération s militaires très dures qui en résultèrent
apportèrent un cortège de destructions qui aggrava encore la situa tion.
De plus, le Bangladesh a connu depuis son indépendance en 1971 une gr ande instabilité politique.
Immédiatement après l'indépendance, de 1971 à 1975, le leade r du combat pour la liberté, Sheikh
Mujibur Rahman ("Mujib") mena une politique réformatrice, appuyé e par l'armée de libération et par la
Ligue Awami.
Mais il ne sut pas éliminer la corruption et les difficu ltés économiques se multiplièrent.
L'assassinat de Mujib en août 1975 conduisit au pouvoir le géné ral Ziaur Rahman.
Il s'appuya sur des
éléments plus conservateurs de l'armée, sur la bureaucratie, et sur une classe d'entrepreneurs industriels,
pour mener une politique plus conservatrice, tandis que les relations ex térieures étaient marquées par
une méfiance certaine vis à vis de l'Inde, et un conflit ouvert à propos des eaux du Gange, détournées
vers le Bengale Indien par la construction du barrage de Farakka à la tête du delta.
Cependant, Ziaur
Rahman stabilisa la situation politique pour quelques années, en cré ant un parti bien implanté, le
Bangladesh National Party (BNP), et il obtint une croissance économ ique modérée.
L'assassinat de Ziaur
en 1981 inaugura une nouvelle phase d'instabilité.
Après un bref i ntermède civil, l'armée reprit le pouvoir
avec le général Ershad, qui prit le titre "d'administrateur en che f de la loi martiale", en mars 1982.
Ershad s'appuie sur les mêmes forces sociales que Ziaur Rahman, mais en donnant une plus large place à
l'armée, aux dépens des dirigeants civils des partis politiques.
C eux-ci s'opposent à lui de plus en plus
violemment, mais ils sont très divisés.
On compte en effet environ 70 partis politiques.
Parmi eux, il existe
deux coalitions principales, autour de la Ligue Awami, animée par la fille de Mujib, et du BNP, où la veuve
de Ziaur Rahman joue un rôle symbolique.
Ershad poursuit une politiqu e similaire à celle de Ziaur
Rahman, mais avec de nombreuses dénationalisations, et une tendance a u fondamentalisme islamique
(ainsi, l'arabe est devenu obligatoire dans les universités).
Cette politique a rencontré une opposition croissante, avec notamment de graves troubles dans les
universités en février 1983.
Aussi, tout au long de l'année 198 3.
Ershad a-t-il promis un retour à un
régime "démocratique", et proposé des élections.
Mais il sou haite mettre en place un régime présidentiel
- où il pense sans doute garder une place dominante - tandis que les partis politiques demandent un
régime parlementaire, et donc l'élection d'une assemblée avant celle d'un président.
De grandes
manifestations de masse ont eu lieu à Dakha, la capitale, en novembre 1983, et Ershad a été obligé de
faire quelques concessions, tout en menant des actions répressives as sez dures..
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