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Apollinaire et le brigand Schinderhannes - Rhénanes. Commentaire

Publié le 19/12/2021

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« Apollinaire, poète du début du XXe siècle, annonce le mouvement surréaliste, sans y appartenir véritablement, puisqu'il meurt pendant la guerre de 14-18.

Très attiré par l'Allemagne, il fit de nombreux séjours en Rhénanie, ce qui lui inspira les Rhénanes, neuf poésies du recueil Alcools.

L'une de ces Rhénanes, Schinderhannes, publiée dès 1904, retrace d'une façon assez originale la vie d'un célèbre brigand que chantaient de vieilles chansons allemandes... L'apparence romantique de ce poème mêlée à une parodie grotesque révèle une attitude déjà surréaliste chez Apollinaire. L'apparence romantique se manifeste dans la description des personnages, la peinture de l'Allemagne, et la vision de l'ivresse. Le personnage principal est un brigand, Schinderhannes, dont le nom fait rêver : il est le héros d'une légende célèbre ; arrêté et exécuté en 1803 par les troupes françaises, il devient un héros national.

Cette image de la mort qui plane le rapproche des héros romantiques, de la figure du bon brigand qui ne pourra échapper à son destin, tel Hernani chez Victor Hugo, ou les bandits dans Carmen de Mérimée, De même, ses compagnons, aux noms évocateurs, rappellent les truands décrits dans Notre-Dame de Paris.

De plus, l'Allemagne représente un pays à la mode chez les Romantiques : Madame de Staël s'y est intéressée dans son étude De l'Allemagne, et Goethe l'a rendue célèbre avec son jeune Werther.

Enfin, l'ivresse est une façon d'oublier et de se sublimer qui a souvent fasciné aussi bien les Romantiques que Baudelaire, Verlaine ou Rimbaud ; Musset montre son goût pour elle dans le vers célèbre : « Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse », et son héros Lorenzaccio disserte longuement sur les bienfaits du vin et ne méprise pas les beuveries.

Apollinaire lui- même, dans Nuit Rhénane, en apprécie les effets.

« Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme.

» Ce vin a d'ailleurs ici des qualificatifs élogieux : c'est « un vin parfumé », « le vin de mai », « le vin de Moselle ». Le temps et le lieu du poème présentent aussi un côté romantique : la scène se situe en mai, moment de fête et de gaieté, qui a donné un titre à un autre poème d'Apollinaire ; les brigands mangent et boivent dans la forêt, donc dans une nature sauvage chère aux Romantiques ; le « clair bouillon d'herbe » souligne le côté naturel de leur boisson : on est loin de la pollution des villes et de la société industrielle.

Le décor est remarquable par sa lumière : la scène vue « au clair des torches de résine » rappelle le clair-obscur de Rembrandt, mais aussi la vie sauvage des brigands, et transforme cette réunion en tableau un peu fantastique. Enfin le rythme du poème contribue à parfaire cette impression de description sérieuse : la structure est classique, le texte est composé de huit strophes de quatre vers : ce sont des octosyllabes aux rimes régulières.

Il est plein de musicalité grâce à des assonances telles que « accroupi » — « lit », ou « lit la Bible », des répétitions telles que « le brigand près de sa brigande », et aussi par un rythme de chanson qui ressemble à une ritournelle. Sous cette apparence romantique se manifeste une parodie grotesque, constituée par des images peu dignes et même des grossièretés, des contrastes excessifs et des caricatures du Romantisme. Schinderhannes « hennit d'amour », ce qui le compare à un cheval, et ne valorise guère son sentiment; Benzel est « accroupi » pour lire la Bible, ce qui enlève quelque dignité à son action, le « bandit en cotillon » n'a pas l'air très sérieux.

Les noms des brigands prêtent à sourire : « Jacob Born le mal foutu », « Juliette Blaesius qui rote », « Julia la mam'zelle » n'effraient guère le lecteur.

Ces images atteignent la grossièreté quand Juliette Blaesius se met à « roter », même si elle « fait semblant d'avoir le hoquet », quand « toute la bande pète », et que « la brigande est bientôt soûle », et se jette sur Hannes en manifestant ses désirs. Les contrastes sont assez remarquables : le « baquet » apparaît comme un contenant bien vulgaire pour apporter le « vin parfumé », on est surpris de voir que « la fleur de Mai », si poétique, est tout simplement « le florin », et la bande qui « s'attendrit à l'allemande » laisse quelques doutes sur la valeur de ses sentiments.

Enfin, on a vu. »

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