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Annie ERNAUX, La Place. Commentaire composé

Publié le 15/05/2020

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« Annie ERNAUX, La Place.

Commentaire composé Plus tard, je suis montée près de lui à un moment où ma mère servait.

Je l'ai trouvé assis au bord du lit, la têtepenchée, fixant désespérément la chaise à côté du lit.

Il tenait son verre vide au bout de son bras tendu.

Sa maintremblait avec violence.

Je n'ai pas compris tout de suite qu'il voulait reposer le verre sur la chaise.

Pendant dessecondes interminables, j'ai regardé la main.

Son air de désespoir.

Enfin, j'ai pris le verre et je l'ai recouché,ramenant ses jambes sur le lit.

«Je peux faire cela » ou «Je suis donc bien grande que je fais cela ».

J'ai osé leregarder vraiment.

Sa figure n'offrait plus qu'un rapport lointain avec celle qu'il avait toujours eue pour moi.

Autourdu dentier — il avait refusé de l'enlever — ses lèvres se retroussaient au-dessus des gencives.

Devenu un de cesvieillards alités de l'hospice devant les lits desquels la directrice de l'école religieuse nous faisait brailler des Noël.Pourtant, même dans cet état, il me semblait qu'il pouvait vivre encore longtemps. A midi et demi, j'ai couché l'enfant.

Il n'avait pas sommeil et sautait sur son lit à ressorts de toutes ses forces.

Monpère respirait difficilement, les yeux grands ouverts.

Ma mère a fermé le café et l'épicerie, comme tous lesdimanches, vers une heure.

Elle est remontée près de lui.

Pendant que je faisais la vaisselle, mon oncle et ma tantesont arrivés.

Après avoir vu mon père, ils se sont installés dans la cuisine.

Je leur ai servi du café.

J'ai entendu mamère marcher lentement au-dessus, commencer à descendre.

J'ai cru, malgré son pas lent, inhabituel, qu'elle venaitboire son café.

Juste au tournant de l'escalier, elle a dit doucement : « C'est fini.

» Annie ERNAUX, La Place. Vous ferez un commentaire composé de cette page du roman d'Annie Ernaux intitulé La Place.

Vous pourrez parexemple vous intéresser à l'analyse que fait la narratrice de sa relation à son père et à l'irruption de la mort dans lesrites de la vie familiale et quotidienne . Commentaire rédigé Ce passage est extrait des dernières pages du célèbre roman d'Annie Ernaux, La Place.

Un roman autobiographiqueoù la narratrice raconte son enfance et son ascension sociale, une ascension douloureuse, vécue comme unetrahison à l'égard de son père.

Celui-ci, en effet, — cruelle coïncidence —, mourut l'année où elle obtint son diplômede professeur, où elle rompit définitivement avec le milieu ouvrier dans lequel elle avait évolué, enfant.

Cette mortdu père est relatée à plusieurs reprises dans le livre; elle obsède la narratrice qui s'en tient pour partiellementresponsable, et qui nourrit un sentiment de culpabilité à peine dissimulé, dans ce passage.Le père meurt et c'est la fin de son enfance; c'en est fini du café-épicerie qu'il tenait.

Le lien qui unissait AnnieErnaux à cet homme semble rompu à jamais, par sa propre faute semble-t-il.Le passage commence par un portrait du père particulièrement intéressant.

A peine ébauché, il est comme unpremier reproche que se fait l'auteur.

Devant elle, meurt l'homme qui lui a donné la vie et elle connaît à peine sestraits, elle le comprend à peine : Je n'ai pas compris tout de suite qu'il voulait reposer le verre.

Ce père est présentécomme un étranger; il est celui avec lequel elle communique si mal.

Le lecteur n'aperçoit d'abord du père qu'unevague silhouette inerte : assis au bord du lit, la tête penchée.

Il est immobile à l'image des quelques meubles qui setrouvent dans sa chambre, comme l'indique le participe présent fixant, qui contraste nettement avec les passéscomposés : Je suis montée...

je l'ai trouvé.

A-t-il jamais existé vraiment pour l'auteur; a-t-il jamais été davantageque cette silhouette faisant partie du décor familier de son enfance?Bientôt, le mourant n'est plus qu'un bras tendu, seule partie de son corps encore animée : sa main tremblait.La narratrice semble fascinée par cette main : j'ai regardé la main.

Celle-ci aussi semble étrangère; elle représentetout le personnage du père qui essaie en vain de communiquer avec sa fille.

La juxtaposition des deux phrasescourtes et dépouillées : j'ai regardé la main.

Son air de désespoir est, à cet égard, révélatrice.

L'adjectif possessifson représente aussi bien le père que sa main qui reflètent le même désespoir (fixant désespérément, son air dedésespoir).Ce n'est qu'après avoir recouché son père, que la narratrice ose regarder son visage.

Les regards des deuxpersonnages ne se croisent pas à ce moment, comme on aurait pu s'y attendre.

Et pourtant leurs yeux sont grandsouverts : les yeux grands ouverts...

j'ai osé regarder.

La description de la figure de l'homme n'est pas l'occasionpour la narratrice d'exprimer les sentiments qui l'unissent à son père.

Les dernières photos du premier paragraphe nelaissent transparaître que le détachement, l'indifférence presque : Sa figure n'offrait plus qu'un rapport lointain aveccelle qu'il avait toujours eue pour moi.

L'auteur s'attarde de façon dérisoire et même méprisante sur le dentier quidonne au visage du père l'aspect d'une tête de squelette.

Mépris encore dans l'expression même dans cet état, etdérision : il me semblait qu'il pouvait vivre encore longtemps.Annie Ernaux, qui se conduit comme une petite fille, refuse de comprendre ce qui se passe réellement.

Comme uneenfant égoïste, comme son fils qui saute sur son lit avec insouciance, elle ne veut pas croire à la mort de son père.Et pourtant, ce décès marque un tournant décisif dans sa vie.

Peu à peu, elle va comprendre qu'elle est adulte.C'est l'agonie du père qui déclenche cette prise de conscience : Je peux faire cela...

Je suis donc bien grande que je fais cela, se dit-elle.

Elle est pour la dernière fois l'enfant de la maison.

Elle est maintenant mère, comme sa propre mère.

Les deux personnages sont constamment associés dans le texte; ils semblent évoluer côte à côte.

Auje fait suite ma mère ou elle à plusieurs reprises : je suis montée...

ma mère servait...

ma mère a fermé le café... elle est remontée...

je faisais la vaisselle...

j'ai entendu ma mère...

j'ai cru qu'elle venait...

Les deux femmes sont. »

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