ANDRÉ ADY
Publié le 16/05/2020
Extrait du document
«
ANDRÉ ADY
1877-1919
L'ESPRIT soufRe où il veut.
Il est égalitaire et ne se soucie pas de questions d'opportunité.
André Ady, par exemple, ce poète hongrois d'une qualité exceptionnelle, s'interrogea durant
toute sa vie, courte en durée, mais riche en souffrances inédites, sur le sens de son génie.
« Que vaut l'homme s'il naît Hongrois? », demanda-t-il dans un de ses poèmes.
Car, en effet, si
un Lapon, un Slovaque ou un Hongrois se découvrent des dons de musiciens ou de peintres, ils
peuvent s'adresser - du moins théoriquement -par-dessus les limites de leur milieu natal, à
toute l'humanité; le langage dans lequel ils s'expriment a quelque chose d'universel.
Ainsi deux
contemporains et amis d'Ady, Béla Bartok et Zoltàn Kodàly, musiciens de génie, ont atteint un
auditoire mondial.
Mais quand on a pour unique moyen d'expression une langue parlée et com
prise seulement par un nombre très restreint d'êtres humains- des mots, des images, des rythmes
qui ne peuvent être traduits sans être trahis, quand les limites du langage jurent avec la tendance
innée de l'esprit, de« confier à tout le monde, comme disait l'écrivain Karinthy, ce qu'on ne saurait
raconter à personne » - le drame est irréparable.
André Ady en était perplexe.
Il écoutait avec
un sourire douloureusement sardonique certains de ses critiques hongrois- tel l'ardent Ignotus -
qui, en connaissance de cause, l'avaient proclamé « un des plus grands poètes du siècle ».
« Même
si cela est vrai, à quoi me sert de le savoir? >>, semblait-il demander, et demandons-nous après
lui.
Les quelques traductions de ses poèmes en français - même les meilleures dues à Armand
Robin - ne donnent qu'une pâle et fragmentaire image de la puissance de son art.
Il faut donc
nous croire, nous autres Hongrois, quand nous affirmons, sans en apporter la preuve, la grandeur
d'Ad y; il faut nous croire sur parole ...
et regretter que les beautés de son œuvre restent interdites
à
la majeure partie de l'humanité.
Tout ce que nous pouvons faire pour lui, c'est de situer son
existence
et son art, c'est d'en présenter les principales préoccupations.
André Ady est né dans une gentilhommière de Transylvanie.
Il conservera du milieu fermé,
traditionaliste et chauvin de sa prime jeunesse un malaise qu'il travestira tantôt en orgueil,
tantôt en un sentiment aigu d'infériorité et d'inutilité.
Comme la plupart des fils de la petite
noblesse, il fit des études de droit qui devaient le préparer au service administratif.
Dans la Hongrie
semi-féodale et semi-libérale de la fin du siècle, l'administration était le privilège, ou plutôt le
pis-aller
de la noblesse appauvrie, à laquelle appartenait son père.
Mais André Ady se détourna
vite de cette « voie royale » menant au notariat ou à la préfecture, pour se lancer dans le journa
lisme à Debrecen, immense villa~e, appelé ville, de la grande plaine magyare.
Il écrivait aussi des
poèmes.
Son premier recueil, publié en 18gg, était franchement médiocre, conformiste, patriotard
ct sentimental.
Cc n'est qu'à Nagyvàrad, centre culturel de Transylvanie, où il gagnera sa vic
comme journaliste, que sa voix commencera à muer.
Au milieu de vers passablement ennuyeux,
342
ADY Photo communiquée, par M.
Fejto..
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