analyse linéaire Une Charogne de Baudelaire

« Baudelaire, poète de la modernité, publie son grand recueil Les Fleurs du mal en 1857.

Il expérimente en passant du romantisme, au mouvement parnassien, puis en insufflant le symbolisme, qui est un mouvement consistant à considérer que chaque chose dans le monde ont une signification secrète.

De même, il remet au goût du jour la forme oubliée du sonnet, et popularise le poème en prose ( Spleen de Paris , 1869).

Il mène une vie de tourments et de difficultés dont l’angoisse s e retrouve dans son concept central du Spleen (humeur dépressive).

« Une charogne » est un poème constitué de douze quatrains aux rimes embrassées, alternant alexandrins et octosyllabes.

Le poète s’y remémore une promenade amoureuse lors de laquelle il vit une charogne.

En décrivant ce cadav re, Baudelaire médite sur les rapports de l’art, l’amour et la mort.

Quels sont les enjeux de la description de la charogne ? 1ère strophe : Baudelaire : créer un effet de surprise : le poème commence sur la beauté de l’amour avant de faire surgir au vers 3 une « charogne infâme ».

Baudelaire fait rimer « mon âme » avec charogne infâme afin de souligner que la femme a qui il s’adresse est mortelle. 2ème strophe : Baudelaire compare la charogne à une femme : il y a donc bien un e forme d’identité entre la femme et la charogne lubrique : qui manifeste un goût effréné pour le plaisir sexuel.

La charogne est sexualisée : le poème s’inscrit dans l’érotisme macabre.

Le champ lexical de la sexualité est très présent : « femme lubrique » / sa posture « les jambes en l’air » / « brulante et suant » / « nonchalante et cynique » / ouvrait son ventre ».

Baudelaire utilise le participe présent : « brulante et suant » et des verbes d’actions : « ouvrait ».

On peut donc dire que la charogne est le sujet d’une action comme si elle était vivante.

En deux strophes la charogne passe de statut d’objets » au statut de sujet comme si elle prenait vie.

Les exhalaisons peuvent faire référence à un ventre rempli de pet mais surtout à une odeur atroce que dégage la charogne à cause de son stade de décomposition : « son ventre plein d’exhalaisons » v.8 3ème , 4ème et 5 ème strophe : Baudelaire décrit la charogne dans ces strophes.

-l’horreur : de la charogne en utilisant le champ lexical du réalisme macabre : « pourriture / carcasse/ puanteur/ putride/mouche/larves » v.9 àv.19.

-il inscrit cette charogne dans l’ordre de la nature (première argument : le soleil rayonne sur elle, le ciel la regarde) et dans le cycle de la vie p uisque cette charogne est un repas pour des centaines d’animaux.

La charogne est morte mais c’est aussi une multiplication de la vie par cent : « rendre au centuple à la grande nature » v.11.

-le poète va jusqu’à comparer la charogne à une fleur : « comme une fleur s’épanouir » ce qui nous montr e que nous pouvons voir du beau dans tous ce qui paraît hideux au premier abord.

-par une simple permutation des lettres (inversion du « p » et du « v »), le poète rapproche deux mouvements inverses : l’un tourné vers la vie ( : s’épanouir) et l’autre vers la mort ( : s’évanouir).

Ce jeu de rimes entres ces deux mots marque la domination de la charogne sur la femme vivante.

Ce qui paradoxalement, nous mène à voir la charogne comme vivante tandis que la femme tend à disparaitre, jusqu’à elle -même devenir charogne (on la considère comme morte).

-la vie se multiplie et se propage massivement dès la cinquième strophe dans laquelle on t rouve une métaphore guerrière : « d’où sortaient de noirs bataillons » v.18.

Tout cela donne l’impression qu’un tableau s’anime progressivement sous nos yeux.

6ème , 7ème et 8 ème strophe :. »