Analyse Linéaire, Le rouge et le Noir de Stendhal, procès de Julien
Publié le 22/06/2023
Extrait du document
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LL 4
INTRODUCTION : Évoquer Stendhal, le roman Le Rouge et le Noir, résumer le roman en axant
sur le parcours de Julien.
Situer l’extrait : Mme de Rênal, poussée par son confesseur, a écrit au
Marquis de la Mole pour dénoncer l'arrivisme de Julien et détruit ainsi les projets de mariage avec
Mathilde.
Julien revient à Verrières pour tirer sur Mme de Rênal.
Ce crime précipite la fin du
roman : Julien est emprisonné puis passe en procès.
Cet extrait est le discours qu'il prononce devant
ses juges.
LECTURE EXPRESSIVE
Problématique : Refusant de s'expliquer et de se défendre, Julien adopte ainsi une attitude
provocatrice contraire à ses intérêts.
En quoi ce discours permet-il de réaffirmer la dimension héroïque de Julien ?
4 mouvements
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L1 à 5 : L'affirmation/ revendication de sa condition => assume ce qu'il est
L6 à 10 : Une auto condamnation suicidaire => assume ce qu'il a fait
L 11 à 18 : Réquisitoire contre la société => se pose comme le porte-parole d'une génération
L19 à 22 : Réaction du public qui fait ressortir la singularité de Julien
PREMIER MOUVEMENT
L1 L'accroche montre qu'il connaît les codes du discours juridique et insiste sur sa bonne éducation.
L 2-3 Cette première phrase explique les raisons de sa prise de parole.
Il ne parle pas ici pour se
défendre alors qu'il risque sa vie (Ce n'est pas un plaidoyer), il parle car il refuse d'être méprisé.
« l'horreur du mépris » = les gens qui me méprisent me font horreur.
Cette expression est accentuée
car elle est placée en début de phrase.
Elle montre dans quel état se trouve Julien (il est écoeuré par
les gens qui le méprisent et ne peux donc plus se taire)
L3-4 L'apostrophe « Messieurs » relance le discours par un principe de rhétorique classique, pour
capter l'attention.
Cette apostrophe n'est pas complète, il manque « Messieurs les jurés ».
Cela
réaffirme que Julien n'a pas l'intention de produire un discours d'avocat et surtout qu'il ne considère
pas les personnes devant lui comme ses juges.
La distance qu'il met entre eux et lui se voit par
l'ironie perceptible de la phrase « je n'ai point l'honneur d'appartenir à votre classe.
(Rappeler que
tout au long du roman, Julien a largement critiqué nobles et bourgeois)
Le jeu des pronoms et adjectifs, les formes de phrases (négative puis affirmative) et le chiasme, tout
concourt à l'idée d'opposition et insiste sur la fracture sociale :
Je n'ai point l'honneur d'appartenir à votre classe
Vous voyez en moi un paysan
Devant eux, Julien se définit doublement toujours par un jeu d'opposition lexicale:
Par ce qu'il n'est pas
Par ce qu'il est
« Je n'ai point l'honneur d'appartenir à votre « un paysan qui s'est révolté contre la
classe »
bassesse de sa fortune »
Après avoir fait des efforts pour arriver, Julien se définit comme n'appartenant pas à la bourgeoisie.
Il reste fidèle à ses attaches « un paysan » et constate que son itinéraire ne l'a conduit qu'à être un
révolté.
La périphrase « un paysan qui s'est révolté contre la bassesse de sa fortune » souligne la
difficulté à trouver une identité sociale (on peut dire aussi que c'est un peu réducteur et aussi pas
tout à fait vrai : Julien n'a pas choisi la lutte politique pour défendre la classe des opprimés à
laquelle il appartient.
Il a préféré s'établir en société à partir de différentes stratégies opportunistes
qui l'ont même amené à trahir sa classe comme dans l'épisode de la note secrète)
Ainsi, dans cette première partie de discours, Julien confirme le fossé irréductible qui le
sépare de ceux qui le jugent et montre que les forces en présence ne sont pas à la même hauteur
et que le procès ne sera pas équitable.
Ce qui l'amène à adopter un discours de défense très
inhabituel...
2ème MOUVEMENT
L6 Julien en réalité ne plaide pas sa cause et cela se traduit par une revendication négative très
forte « je ne vous demande aucune grâce ».
Ce refus catégorique de l'indulgence est accentué par le
complément circonstanciel de manière montrant la détermination du personnage « en affermissant
sa voix »
L7 Certains procédés confirment la fermeté du ton et la lucidité de Julien
– Rythme ternaire et parataxe (c'est le fait de mettre des propositions courtes en les
juxtaposant) Je ne me fais point illusion,/ la mort m'attend /: elle sera juste
– Personnification de la mort qui « attend » = vision concrète qui ne l'effraie pas
– utilisation du futur
En insistant sur cette mort certaine et en exprimant le verdict à l'avance, Julien se substitue à ses
juges...
il les devance et accepte le sort qui l'attend.
L8 à 10 Pour accentuer cette auto condamnation, il aggrave volontairement son crime en
énumérant les circonstances aggravantes :
Circonstance aggravante 1 : il fait un portrait élogieux de Mme de Rênal dont il met en valeur les
qualités par des superlatifs répétés.
« la plus digne de tous les....
»
Circonstance aggravante 2 : Après l'avoir désignée comme « femme », il la nomme par son nom à
particule Mme de Renal pour rappeler son appartenance à la noblesse.
Circonstance aggravante 3 : La comparaison à la mère fait de son crime un matricide.
Circonstance aggravante 4 : Deux adjectifs violents « atroce « et « prémédité » qualifient le crime.
Julien semble conscient de rajouter un horreur supplémentaire avec la conjonction « et » ce qui ne
l'empêche pas de le revendiquer « mon crime ».
Dans le participe « prémédité », les italiques ont
une fonction prosodique (ensemble des traits oraux que nous donnons à notre expression verbale
ton, tonalité, accent..).
Ils signifient que Julien....
»
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