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Afghanistan

Publié le 02/12/2021

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1PRÉSENTATION

Afghanistan, en pachto Afghānistān et en persan Afghānestān, pays d’Asie du Sud-Ouest. Sa capitale est Kaboul.

L’Afghanistan est bordé au nord par le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan, à l’extrême nord-est par la Chine, à l’est et au sud par le Pakistan, et à l’ouest par l’Iran.

2LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1Relief et hydrographie

La longueur maximale de l’Afghanistan est d’environ 1 450 km, et sa largeur d’environ 725 km. Sa superficie est de 652 225 km². C’est un pays essentiellement montagneux. Les basses terres ne dépassent pas 10 % de sa superficie ; elles correspondent aux vallées fluviales du Nord et à plusieurs plaines désertiques du Sud et du Sud-Ouest. Le reste du pays est formé par la montagne, 40 % des terres étant situées entre 1 500 et 2 000 m d’altitude.

L’Afghanistan est une région de convergence entre les chaînes turques, iraniennes et d’Asie centrale. Le principal massif montagneux du pays est l’Hindu Kush, qui, avec ses nombreuses ramifications, s’étend sur environ 965 km depuis le Pamir, au nord-est, jusqu’à la frontière iranienne à l’ouest. L’altitude moyenne de l’Hindu Kush, qui atteint 7 690 m au Tirich Mir, est d’environ 4 270 m. La chaîne du Safed Koh est orientée selon un axe est-ouest, et celle du Koh-i-Baba (5 143 m) est le « château d’eau « du pays. Ce relief tourmenté et compartimenté rend les communications intérieures et les liaisons avec les pays voisins difficiles. À partir de Kaboul, pour gagner le Harazajat, au centre du pays, le voyageur doit franchir une quinzaine de cols, tous situés à plus de 3 000 m d’altitude. Les voies de communication empruntent les passages naturels à travers les montagnes, comme le col du Shibar (3 000 m) ou le tunnel du col de Salang, creusé en 1964 — l’autre voie pour franchir l’Hindu Kush. On peut ensuite, de la région de Kaboul, gagner le nord du pays, ou encore la passe de Khyber à la frontière du Nord-Est, voie de passage historique vers l’Inde et le Pakistan, qui traverse la chaîne dinarique des monts Sulayman (1 400 m d’altitude).

Le pays s’étend sur une zone tectonique encore instable, où l’activité sismique est importante. Les plaines et les piémonts sont tous formés par des glacis d’érosion et d’accumulation. Les hautes plaines du Nord sont les plus fertiles, car recouvertes de lœss, tandis que le sud du pays est le domaine du dacht, une plaine steppique semi-aride ou aride.

Le réseau hydrographique afghan est endoréique. Les principaux cours d’eau d’Afghanistan sont l’Amou-Daria (connu dans l’Antiquité sous le nom d’Oxus), à la frontière du Tadjikistan, le Kabul, qui se jette dans l’Indus, l’Helmand, le plus long cours d’eau du pays (1 400 km), au sud, et l’Hari rud (1 130 km) à l’ouest, qui se perd dans les steppes du Turkménistan. À l’exception du Kabul, tous les cours d’eau se déversent dans des lacs ou des marécages.

2.2Climat

Le climat est de type continental aride, mais présente de grandes variations, non seulement régionales mais aussi quotidiennes et saisonnières. Au cours d’une même journée, les variations de température peuvent osciller entre le gel à l’aube et 38 °C à midi. Dans les vallées du Nord, les températures estivales peuvent monter jusqu’à 49 °C. À Kaboul, qui se situe à environ 1 800 m d’altitude, les hivers sont froids et les étés agréables. À Djalālābād (à environ 550 m d’altitude), le climat est de type subtropical, et celui de Kandahar (à plus de 1 000 m d’altitude) est doux. Partout, les étés sont secs. Les précipitations, dont la moyenne annuelle est de 305 mm, se produisent essentiellement entre octobre et avril ; dans les zones de plateau et de steppes, elles ne dépassent pas 100 mm par an.

2.3Ressources naturelles

Le climat aride et le terrain montagneux expliquent en majeure partie l’exploitation très faible du sol : 75 % des terres d’Afghanistan sont improductives. Les plus grandes étendues de terres arables se trouvent dans les vallées fertiles et facilement irrigables du Nord. Pourtant, les ressources naturelles de l’Afghanistan sont avant tout agricoles. On trouve divers minerais, en particulier du fer, des lapis-lazulis exploités dans la région du Badakhshan, mais les difficultés de transport, la désorganisation consécutive aux années de guerre et le manque de compétences et d’équipements sont un obstacle à leur exploitation. Il existe aussi un important gisement de gaz naturel dans le nord du pays.

2.4Flore et faune

De manière générale, la flore d’Afghanistan est semblable à celle du Tibet et de la région himalayenne ou à celle des plaines et des déserts de l’Iran. Entre 1 800 et 3 500 m d’altitude, on rencontre des forêts de cèdres et de pins de l’Himalaya, ainsi que d’autres conifères. En raison d’un déboisement excessif, ces forêts n’occupent plus qu’environ 3 % de la superficie du pays. Leurs produits, la résine, les pignons, ainsi que le bois d’œuvre et de chauffage, sont pourtant importants pour une économie essentiellement autarcique. À des altitudes moins élevées, on rencontre des arbustes et des arbres, tels que le noisetier, le pistachier, le frêne et le genévrier. En dessous de 1 000 m, la végétation est assez clairsemée. Au printemps éclot une grande variété de fleurs sauvages, aussi bien en montagne que dans les steppes herbeuses. Dans les vallées, on trouve de nombreux arbres fruitiers : abricotiers, pêchers, poiriers, pommiers, amandiers et noyers. Les dattiers prolifèrent dans l’extrême Sud, et les grenadiers et les agrumes sont exploités dans la région de Kandahar et Djalālābād. Les raisins et les melons abondent ; ils sont d’une excellente qualité et d’une variété inhabituelle.

En Afghanistan cohabitent de nombreuses espèces d’animaux sauvages, comme le mouton de montagne, l’ours, le bouquetin, la gazelle, le loup, le chacal, le lynx, le hérisson et le renard. Les principaux cheptels sont constitués de moutons, de bovins et de chèvres. Outre les chevaux, les ânes et les mules, on trouve aussi un grand nombre de dromadaires et de chameaux de Bactriane. Deux espèces sont propres au pays, le lévrier afghan, race de chiens de chasse, et les karakuls, moutons dont la laine sert à produire l’astrakan et le breitschwanz.

3POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1Caractéristiques démographiques

En 1979, lors du premier dénombrement relativement fiable effectué en Afghanistan, le pays comptait environ 15 millions d’habitants. En 2008, cette population était estimée à 32,7 millions d'habitants. Toutefois, la réalité démographique afghane est encore difficile à établir en raison des deux décennies de conflit dont sort péniblement le pays, de l’invasion soviétique en 1979 à la guerre civile qui s’est ensuivie dans les années 1990, de la prise du pouvoir par les talibans en 1996 à leur chute en 2001. La guerre d’Afghanistan aurait fait 900 000 victimes et provoqué l’exode de plus de 4,5 millions de personnes, réfugiées en grande partie au Pakistan et en Iran. Après la chute des talibans, le retour précoce d’environ 2 millions de réfugiés a provoqué une grave crise humanitaire, accentuée par plusieurs années de sécheresse. Aux 2 millions d’Afghans encore réfugiés au milieu des années 2000 (soit la population de réfugiés la plus importante au monde selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) s’ajoute le million de déplacés à l’intérieur du pays.

Les conditions de vie et sanitaires de la population, à 77 % rurale, sont parmi les plus difficiles au monde. En 2008, l’espérance de vie moyenne ne dépasse pas 44,2 ans ; le taux de mortalité infantile est de 155 ‰ et le taux de mortalité maternelle de 1 800 pour 100 000.

3.2Divisions administratives et villes principales

L’Afghanistan enregistre une densité moyenne de 51 habitants au km². La population est cependant très inégalement répartie sur le territoire, avec une forte concentration dans les vallées irriguées. Près de la moitié de la population urbaine réside à Kaboul (2 956 000 habitants en 2003). Située dans le centre-est du pays, la capitale afghane commande les routes vitales qui passent à travers les défilés. Les autres villes importantes sont Kandahar au sud, Herat à l’ouest et Mazar-é Charif au nord.

L’Afghanistan est divisé en 34 provinces, dirigées chacune par un gouverneur nommé par le gouvernement central. Les provinces sont divisées en districts et sous-districts.

3.3Peuples, langues et religions

Au cœur de trois grandes aires culturelles — centre-asiatique, indienne et iranienne —, l’Afghanistan regroupe une mosaïque de peuples dont les disparités ethniques ont freiné la constitution d’une identité nationale. Ce phénomène est en outre renforcé par le poids de l’organisation sociale traditionnelle en tribus et en clans, les liens tribaux ou claniques tendant à l’emporter sur le sentiment d’appartenance à la nation.

Les Pachtounes représentent environ 40 % de la population totale. Ils forment l’ethnie la plus importante du pays et ont traditionnellement tenu les rênes du pouvoir politique. Subdivisés en nombreuses tribus (comme les Dorrani et les Ghilzai), ils sont plus particulièrement implantés dans l’est et le sud du pays. Peuple de cultivateurs et d’éleveurs, ils comprennent la plus grande partie des nomades d’Afghanistan, le nomadisme concernant encore un million de personnes environ. Le deuxième groupe est constitué des Tadjiks, qui représentent 25 % de la population ; de descendance iranienne, ils vivent principalement dans le nord-est et sont des agriculteurs sédentaires et des commerçants. Un troisième groupe est formé par les Hazaras (15 %), peuple d’origine mongole, cantonné dans les montagnes de l’Afghanistan central. Les Ouzbeks (9 %) forment un quatrième groupe ; avec les Turkmènes, ils constituent les deux principaux groupes d’origine turque, implantés dans le nord du pays. Outre ces quatre groupes principaux, l’Afghanistan compte quelques ethnies moins importantes (Aimaks, Nouristanis, Baloutches) et une trentaine d’ethnies représentées chacune par moins de 10 000, voire moins de 1 000 personnes.

À cette diversité ethnique correspond une grande variété linguistique. La plupart des langues d’Afghanistan sont indo-iraniennes. C’est le cas des deux langues officielles, le pachto et le dari, une variante du persan oriental, parlé avant tout par les Tadjiks. Parmi la trentaine de langues ou de dialectes différents parlés dans le pays, l’ouzbek, le turcoman et le kirghize (qui appartiennent à la famille des langues altaïques) prédominent dans les régions frontalières.

Plus de 99 % de la population afghane est de confession musulmane. La plupart sont sunnites de rite hanéfite. Il existe aussi une importante minorité chiite, représentant 20 % de la population, notamment les Hazaras des plateaux du centre et certaines petites ethnies du Nord. Jusqu’à la guerre, on trouvait également en milieu urbain de petites communautés éparses de juifs, d’hindouistes et de parsis. Mazar-é Charif est le principal lieu de pèlerinage.

3.4Éducation

L’isolement et l’enclavement des populations afghanes se sont traditionnellement accompagnés d’un déficit d’éducation, une donnée que sont venus accentuer les guerres successives, puis le régime des talibans (1996-2001) qui a interdit l’école aux filles. En 2000, le taux d’alphabétisation n’est que de 36,3 %.

Après la chute des talibans, la communauté internationale — notamment le Japon et la France — aide à la reconstruction des établissements scolaires en Afghanistan et à la remise en marche du système éducatif. Avant les années de guerre, Kaboul abritait la principale université, fondée en 1932, l’École de commerce (1943), l’Institut polytechnique (1951) et l’Université islamique (1988), tandis que l’université de Nangarhar (1962), plus petite, était située à Djalālābād.

3.5Institutions et vie politique
3.5.1Historique

En 1973, le roi Zaher Chah est détrôné et la république proclamée. La Constitution promulguée en février 1977, donnant les pleins pouvoirs au président, fait de l’Afghanistan un régime à parti unique, avec l’islam pour religion d’État. Les pouvoirs législatifs sont dévolus à un parlement (Shura), comprenant deux chambres. Cette Constitution est suspendue en avril 1978 à la suite d’un coup d’État, et le Conseil révolutionnaire devient le principal corps gouvernemental du pays.

En 1987, le gouvernement prosoviétique rédige une nouvelle Constitution prévoyant un président élu pour une durée de sept ans. À la suite du retrait des troupes soviétiques en 1989 et de la chute du régime en avril 1992, un conseil intérimaire prend le pouvoir. L’élection présidentielle a lieu en décembre 1992. Mais dans un contexte de guerre civile, le véritable pouvoir est détenu par les chefs des bandes armées dans les différentes régions, et le fonctionnement du système judiciaire et administratif reste surtout théorique. Après la prise de Kaboul par les talibans en septembre 1996, la situation institutionnelle demeure confuse. Leur mainmise sur la majeure partie du pays n’est pas acceptée par l’ONU, qui ne reconnaît que le gouvernement mis en place le 28 juin 1992 par Burhanuddin Rabbani.

À la suite de l’effondrement du régime des talibans en décembre 2001, le pays entre dans une phase de reconstruction politique et institutionnelle. En juin 2002, la Loya Jirga, grand conseil de chefs tribaux rassemblant plus de 1 500 délégués, élit le leader royaliste pachtoune Hamid Karzaï à la tête d’un gouvernement de transition. De retour en Afghanistan après vingt-neuf ans d’exil, l’ancien roi Zaher Chah, qui incarne l’unité retrouvée du pays, reçoit le titre honorifique et symbolique de « père de la nation «.

3.5.2Organisation des pouvoirs

Une nouvelle Constitution est adoptée en janvier 2004 par la Loya Jirga. Elle proclame la République islamique d’Afghanistan. Affirmant que la religion de l’État est l’islam, elle garantit toutefois la liberté de culte pour les autres religions. Elle ne proclame pas la charia (loi islamique), mais précise qu’aucune loi ne peut être « contraire à la religion sacrée «, et instaure un système judiciaire indépendant.

La nouvelle Constitution entérine un régime présidentiel fort, dans lequel le président de la République est à la fois le chef de l’État et le chef du gouvernement. Assisté de deux vice-présidents, il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Le pouvoir législatif est exercé par un Parlement bicaméral constitué d’une chambre basse, la Wolesi Jirga (Maison du peuple), et d’une chambre haute, la Meshrano Jirga (Maison des anciens). La Wolesi Jirga est composé de 250 membres maximum élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Les deux tiers des 102 membres de la Meshrano Jirga sont élus par les administrations locales (conseils de province et de district), tandis que le tiers restant est nommé par le président de la République. L’égalité de l’homme et de la femme devant la loi est reconnue, tandis que des quotas sont instaurés pour assurer la représentation des femmes au Parlement. Enfin, la Constitution protège également les droits linguistiques des minorités.

4ÉCONOMIE

L’économie afghane est en cours de redressement après plusieurs décennies de conflit et dépend, dans une très large mesure, de l’aide internationale. Porté par l’agriculture, le bâtiment et le secteur des services (en particulier les transports et la téléphonie mobile), son taux de croissance atteint 8 % en 2006. Toutefois, le développement du pays est entravé par de nombreuses difficultés structurelles telles que l’enclavement géographique, l’absence de voies de communication, le peu de ressources énergétiques, l’insuffisance des moyens de l’État, la corruption, etc. En outre, en dépit de la stabilisation politique en cours depuis 2002, le pays doit faire face à la persistance de l’insécurité et à une aggravation de la criminalité, alimentée notamment par le commerce de l’opium, la culture du pavot représentant un pilier de l’économie afghane (plus de la moitié du PIB au milieu des années 2000) et un moyen de subsistance pour 10 % de la population environ.

4.1Agriculture

L’agriculture, principale source de richesse de l’Afghanistan, emploie environ 85 % de la population et contribue pour près de la moitié au PIB. Outre le pavot, ses principales cultures sont le blé, le seigle, le maïs dans le sud-est, le riz, l’orge, les légumes et les fruits. Le ricin, la garance (qui fournit une substance colorante rouge), l’assa-fœtida (résine médicinale), le tabac, le coton et la betterave à sucre sont plus particulièrement exploités pour le commerce. Interdite sous le régime des talibans, la culture du pavot occupe environ 10 % des terres cultivables et fait de l’Afghanistan le premier producteur mondial d’opium (90 % de la production mondiale).

L’élevage est très diversifié (chameaux, chevaux, ânes, ovins, bovins et volailles). Le mouton fournit de grandes quantités de viande, de graisses et de laine au marché intérieur et de laines et peaux à l’exportation. En particulier, la peau du karakul, race de mouton à queue large, élevé en grand nombre dans le nord de l’Afghanistan, est très prisée pour sa fourrure, l’astrakan.

4.2Mines et industries

L’exploitation des gisements d’or, d’argent, de cuivre, de béryl et de lapis-lazuli se pratique depuis l’Antiquité. Des gisements de gaz naturel importants sont exploités dans le nord du pays. Quelques gisements de houille sont également mis en valeur, mais des réserves de minerai de fer, de sulfure, de chrome, de zinc et d’uranium tardent à être exploitées en raison de l’absence de voies de communication.

Lancée dans les années 1960-1970, l’industrialisation n’est guère avancée. Concentrée principalement à Kaboul, l’industrie concerne essentiellement le textile (filature de laine et de coton), l’agroalimentaire (conditionnement de fruits) et la cimenterie.

Environ 70 % de l’énergie de l’Afghanistan est d’origine hydroélectrique (les principales infrastructures sont situées sur les rivières Helmand et Kabul).

4.3Échanges

L’unité monétaire est l’afghani, qui est divisé en 100 puls. Le commerce extérieur est très déficitaire : en 2000, les exportations ne rapportent que 125 millions de dollars, alors que les importations atteignent 524 millions de dollars. Les principaux partenaires commerciaux de l’Afghanistan sont l’Inde, le Pakistan, l’Iran et les États-Unis. Les principaux produits d’exportation sont l’opium, les fruits secs, le coton, les tapis et les peaux de karakul, ainsi que les pierres précieuses. Le pays importe principalement des biens d’équipement, des produits textiles, alimentaires et pétroliers.

Les déplacements sont limités du fait du relief accidenté. Le pays n’a pas de chemin de fer, et ses cours d’eau étroits et rapides ne sont pas navigables. Les chameaux et autres bêtes de somme sont fréquemment utilisés pour le transport de marchandises. Le pays dispose de 34 782 km de routes, le plus souvent non goudronnées. Les principales, qui forment une rocade inachevée contournant les montagnes centrales, relient Kaboul aux capitales provinciales, ainsi que Kaboul et Kandahar au Pakistan, Mazar-é Charif à l’Ouzbékistan, et Hérat à l’Iran. Leur entretien est un problème constant en Afghanistan, principalement en raison des violentes inondations printanières.

5HISTOIRE
5.1L’Afghanistan antique

La Bactriane, région fertile du nord-ouest de l’Afghanistan, est occupée à partir de l’âge du bronze. Au vie siècle av. J.-C., le pays est inclus dans l’Empire perse des Achéménides.

Les territoires correspondant à l’Afghanistan d’aujourd’hui sont conquis aux environs de 330 av. J.-C. par Alexandre le Grand. Le passage du conquérant est bref, mais laisse des traces dans l’histoire de l’Afghanistan ; ainsi, Herat et Kandahar sont-elles fondées par le souverain macédonien. Après sa mort, en 323 av. J.-C., la majeure partie de la région passe sous la domination du général d’Alexandre, Séleucos Ier Nikator, et plus tard sous celle du roi indien Chandragupta. En Bactriane, un État grec s’installe de 256 à 130 av. J.-C. Cette civilisation gréco-bouddhique donne naissance à un art connu sous le nom d’art de Gandhara, dont les bouddhas géants de Bamyan (aujourd’hui disparus) sont l’un des plus beaux exemples. Tour à tour, aux iiie et ive siècles apr. J.-C., les Scythes, des nomades iraniens appelés Sakas en Asie, puis les Kushans, qui adoptent le bouddhisme, et enfin les Perses sassanides envahissent le pays. Les Huns hephtalites (surnommés Huns blancs) prennent ensuite le contrôle de l’Afghanistan, jusqu’à ce que les conquérants arabes envahissent la région au milieu du viie siècle.

5.2L’islamisation du pays
5.2.1Les premières dynasties musulmanes

Il faut attendre plusieurs siècles avant que l’islam ne devienne la religion dominante. La conquête de l’Afghanistan est entreprise dès 651 par le calife Omar, qui s’empare de Herat et s’achève par la prise de pouvoir du premier calife omeyyade Mu’awiya en 660. Les Turcs venus d’Asie centrale envahissent ensuite le pays. La domination totale des Turcs seldjoukides est établie à la fin du ixe siècle et dure jusqu’au début du xie siècle. La conversion à l’islam s’achève par celle de la population de Kaboul en 870. Par la suite, la culture musulmane s’épanouit sous la première dynastie afghane, celle des Ghurides (1148-1215), qui étend peu à peu sa domination au nord de l’Inde ; Delhi devient même un temps sa capitale. Toute l’élite intellectuelle persophone fréquente Kaboul et Ghazni.

5.2.2Les invasions mongoles

Les Ghaznavides sont renversés par les hordes du conquérant mongol Gengis Khan, qui descend du Nord aux environs de 1220. L’invasion mongole prend les proportions d’un cataclysme en Afghanistan. La plus grande partie des villes du pays sont rasées, et l’Afghanistan reste sous la domination mongole jusqu’à la fin du xive siècle, quand un autre envahisseur mongol, Tamerlan, s’empare du nord du pays. Son successeur, Babur, fonde la dynastie des Moghols de l’Inde, qui prennent Kaboul aux environs de 1504. Les successeurs moghols de Babur n’affirment leur autorité que sur l’est du pays, et sont confrontés à des révoltes afghanes continues.

5.3La fondation de l’État afghan

La tribu afghane Ghilzai (de l’ethnie pachtoune) s’empare de la capitale iranienne, Ispahan, en 1722. Nader Chah, en 1738, rétablit l’autorité iranienne sur la quasi-totalité du territoire afghan. Il est assassiné en 1747, et les chefs afghans choisissent pour souverain un de ses généraux, Ahmad Chah Dorrani. Ahmad Chah agrandit considérablement son royaume en s’appropriant l’Est iranien, le Baloutchistan, le Cachemire et une partie du Pendjab. En 1826, Dost Mohammad Khan, membre d’une éminente famille afghane, s’empare de l’Est et s’attribue le titre d’émir en 1835.

5.3.1Les guerres anglo-afghanes

Au cours du xixe siècle, l’Afghanistan devient l’un des enjeux stratégiques majeurs entre la Russie et le Royaume-Uni. L’affaire éclate en 1839, lorsque Dost Mohammad se tourne vers la Russie après le rejet de ses revendications territoriales sur le Pendjab par les autorités coloniales britanniques de l’Inde.

Craignant de voir s’élargir la sphère d’influence russe jusqu’aux frontières de l’Inde, le Royaume-Uni s’engage alors dans la première des trois guerres anglo-afghanes (1839-1842). Après s’être emparé de Kandahar (avril 1839), de Ghazni (juillet) et de Kaboul (août), les Britanniques placent sur le trône afghan un souverain fantoche totalement acquis à leur cause, Chuja Chah. La résistance afghane dirigée par un fils de Dost Mohammad a raison de l’envahisseur, et les Britanniques sont contraints de quitter le pays en 1842. Dost Mohammad recouvre son trône. Ce n’est qu’en 1855 qu’il conclut un accord de paix avec les autorités britanniques.

En juillet 1878, Shir Ali Khan (fils et successeur de Dost Mohammad) ranime l’hostilité des Britanniques par une diplomatie jugée pro-russe ; l’armée britannique des Indes envahit de nouveau l’Afghanistan, déclenchant la deuxième guerre anglo-afghane (1878-1880). La campagne militaire britannique est couronnée de succès et, par le traité de Gandarak (26 mai 1879), Yakoub Khan (successeur de Shir Ali Khan) doit accepter le protectorat britannique et abandonner le contrôle des passes de Bolan et de Khyber. Face à l’animosité du peuple afghan, Yakoub Khan est contraint d’abdiquer et, en 1880, les Britanniques quittent le pays et valident l’accession d’Abd al-Rahman Khan (petit-fils de Dost Mohammad) sur le trône.

Pendant son règne, qui dure jusqu’en 1901, Abd al-Rahman Khan règle des conflits territoriaux avec l’Inde et la Russie, crée une armée de métier, et s’applique à affaiblir les pouvoirs des chefs des principales tribus.

En 1907, sous le règne de Habibollah Khan (1901-1919), les gouvernements britannique et russe concluent une convention par laquelle ils s’engagent à respecter mutuellement l’intégrité territoriale de l’Afghanistan, qui devient un État tampon entre les deux Empires. Déterminé à mettre son pays à l’écart de la sphère d’influence britannique, le successeur de Habibollah, Amanollah Khan (1919-1929), déclare la guerre au Royaume-Uni en mai 1919 : c’est le début de la troisième, et éphémère, guerre anglo-afghane. Les Britanniques, confrontés au même moment au mouvement grandissant de libération indienne, négocient la paix. Par le traité de Rawalpindi (Pakistan), conclu le 8 août 1919, ils reconnaissent la souveraineté et l’indépendance de la nation afghane.

5.3.2Réformes et modernisation du pays

Très impressionné par les programmes de modernisation de l’Iran et de la Turquie, Amanollah Khan institue une série de réformes politiques, sociales et religieuses. Un gouvernement constitutionnel est installé en 1923, les titres de noblesse sont abolis, l’enseignement pour les femmes est décrété, et d’autres mesures radicales destinées à moderniser les institutions sont imposées. L’hostilité provoquée par cette modernisation forcée auprès du clergé musulman et d’une société très traditionnelle conduit à une rébellion en 1929 et à l’abdication du roi Amanollah. À l’issue d’une période de troubles, un cousin d’Amanollah vainc les rebelles en 1930, se fait couronner roi sous le nom de Nader Chah mais est assassiné dès 1933.

Son fils et successeur, Zaher Chah, qui n’a que dix-neuf ans au moment de son accession au pouvoir, laisse ses oncles gouverner en son nom selon la tradition. En 1939, alors qu’éclate la Seconde Guerre mondiale, il proclame la neutralité du pays. La question du tracé des frontières afghanes, fixé au lendemain de la Première Guerre mondiale, resurgit en 1947 avec l’accession à l’indépendance de l’Inde et du Pakistan. La province pakistanaise de la Frontière du Nord-Ouest, peuplée essentiellement de Pachtounes et de Baloutches, devient dans les années 1950 le théâtre d’affrontements sporadiques entre l’armée pakistanaise et un mouvement indépendantiste pachtoune créé avec l’approbation du nouvel homme fort en Afghanistan, le prince Mohammad Daoud Kahn (1953-1973), cousin et beau-frère du roi Zaher Chah. Dans le contexte de la guerre froide, la signature d’un pacte d’assistance militaire conclu entre les États-Unis et le Pakistan entraîne un rapprochement entre l’URSS et l’Afghanistan. Ce rapprochement se traduit par la signature d’accords de coopération militaire (1955), favorisant la pénétration soviétique dans l’armée afghane.

5.4De la République à la guerre civile
5.4.1La chute de la monarchie

En 1963, Zaher Chah destitue le prince Mohammad Daoud Kahn. Il poursuit la politique de modernisation sociale (le voile est abandonné et la mixité des universités instaurée) et tente une libéralisation politique. Une nouvelle Constitution est promulguée en 1964, et les partis politiques sont autorisés l’année suivante. Les premières élections législatives ont lieu en septembre 1965 et aboutissent à la formation d’un gouvernement sous l’égide d’un leader libéral, Hashim Maïnandwal, qui modernise l’économie et adopte une position de non-alignement. En 1967, les relations diplomatiques sont rétablies entre l’Afghanistan et le Pakistan.

Au tournant des années 1960-1970, le pays connaît cependant une succession de graves sécheresses qui compromettent son développement. Dans ce contexte, Mohammad Daoud s’empare du pouvoir en juillet 1973, destitue le roi et proclame la première République afghane. Surnommé le « prince rouge «, il s’éloigne rapidement de ses anciens alliés communistes. Ces derniers, divisés entre deux factions au sein du Parti démocratique du peuple afghan (PDPA), se réunifient sous l’influence de l’URSS et renversent le 27 avril 1978 le président Mohammad Daoud, assassiné avec la plupart des membres de sa famille. À la tête d’un Conseil révolutionnaire, Mohammad Taraki suspend la Constitution et met en place un programme de « socialisation «. Les dettes rurales et les hypothèques sur les terres sont supprimées, l’école devient obligatoire ; une propagande antireligieuse intensive aggrave les effets d’une politique qui brise les cadres traditionnels de la société et déclenche rapidement la résistance armée des islamistes les plus radicaux. Le rejet moral du discours communiste, l’expansion rapide de la rébellion et les désertions dans l’armée afghane empêchent le PDPA de juguler les troubles, malgré une aide matérielle soviétique considérable.

5.4.2L’invasion soviétique et la guerre d’Afghanistan

L’incapacité du régime à contrôler le pays pousse le président soviétique Leondid Brejnev à intervenir militairement. Le 27 décembre 1979, l’armée soviétique envahit l’Afghanistan et installe au pouvoir Babrak Karmal. L’opposition à l’invasion soviétique se transforme en une guerre sainte (le djihad) contre l’envahisseur étranger et infidèle, sans réelle structuration politique, les combattants (les Moudjahidin) se ralliant par familles, par clans et par tribus à l’autorité d’un chef de guerre ; voir guerre d’Afghanistan.

Au milieu des années 1980, les forces gouvernementales et 200 000 militaires soviétiques contrôlent les villes et les principaux axes de communication (20 % du pays). En 1986, la fourniture massive d’armes américaines (missiles anti-aériens Stinger) à la résistance afghane et l’aide pakistanaise modifient les données du conflit, qui se transforme en une guerre classique avec l’usage d’armes lourdes, de blindés et d’artillerie des deux côtés. Les pertes de plus en plus sévères et l’effet désastreux en URSS d’une « sale guerre « sans issue militaire convainquent Mikhaël Gorbatchev de retirer les troupes soviétiques.

5.4.3La guerre civile

À la suite des accords de Genève signés le 14 avril 1988, le retrait des troupes soviétiques s’achève en février 1989. Le régime communiste se maintient cependant, sous la présidence de Babrak Karmal, puis de Mohammad Nadjibollah. Il tombe en avril 1992, lorsque Kaboul est prise par une coalition de Moudjahidin dirigée par le commandant Ahmed Shah Massoud. Mais, à la guerre contre le régime communiste, ont succédé les combats entre factions rivales, alimentés par les conflits personnels et la diversité ethnique du pays. Ces divisions ethno-religieuses opposent principalement quatre groupes : les Pachtounes, les Tadjiks, les Ouzbeks et les Hazaras. Malgré la mise en place d’un conseil intérimaire — avec comme président Burhanuddin Rabbani du Jamiat-i Islami (Tadjiks du commandant Massoud et musulmans modérés) et comme Premier ministre Gulbuddin Hekmatyar, le leader du Hezb-i-Islami (Pachtounes et islamistes) — la guerre civile s’intensifie pour le contrôle de Kaboul et de l’État tout entier.

5.5Le régime des talibans
5.5.1La prise de contrôle du pays

Le 1er janvier 1994, les combats reprennent à Kaboul entre les troupes fidèles au président Rabbani et celles du Premier ministre Hekmatyar et de son allié, l’ancien général communiste Rashid Dostom, dirigeant du Front national (Ouzbeks et laïques). Un nouvel accord de paix, conclu en janvier 1995, est immédiatement rompu sous la poussée militaire d’un nouveau mouvement armé apparu à l’été 1994, celui des talibans. Dirigé par le mollah Mohammed Omar, il est constitué par des « étudiants « en religion de l’ethnie pachtoune issus des madrasas (écoles coraniques), encadrés par des oulémas, avec l’appui direct des services secrets et de l’armée du Pakistan. Les talibans triomphent sans réels combats des troupes de Hekmatyar et menacent Kaboul, mais ils sont repoussés de justesse par une coalition des autres factions. En septembre 1996, ils prennent Kaboul aux troupes du commandant Massoud ; dès le mois de mars suivant, ils contrôlent les deux tiers du pays. Ils continuent leur offensive dans la vallée du Panshir, le fief de Massoud, et en direction de Mazar-é Charif, la grande métropole du nord du pays, contrôlée par les milices ouzbeks du général Dostom. Les talibans prennent la ville le 25 mai 1997, puis se retirent trois jours après, face à une coalition des milices hazaras et ouzbeks, tandis que le commandant Massoud contient de son côté l’offensive des religieux.

Bénéficiant du discrédit politique des commandants de la résistance, les talibans instaurent dans les territoires qu’ils contrôlent la loi islamique (la charia) et restaurent la paix civile. Ils procèdent à la confiscation des armes, au désarmement des commandants qui se livrent au racket — ce qui leur vaut le soutien des commerçants de Kaboul —, tout en proposant une amnistie générale à tous ceux qui se rallient à leur mouvement. Leur rigidité et leur austérité, l’obligation pour les femmes de porter la burqa (voile qui les recouvre de la tête aux pieds), l’interdiction pour les filles d’aller à l’école et pour les femmes de travailler, l’interdiction des jeux traditionnels, d’écouter de la musique, de porter des costumes occidentaux ne font pas l’unanimité, surtout dans les villes. Mais la discipline de leurs troupes, le rétablissement d’un minimum d’ordre dans une société en proie au chaos les rend alors populaires, d’autant qu’ils redonnent une place prééminente dans la société afghane à la communauté pachtoune.

Sur le plan diplomatique, les talibans sont soutenus par le Pakistan et, au début, par les États-Unis ; ces derniers retirent toutefois assez tôt leur soutien à un régime qu’ils accusent de refuser d’éradiquer les champs de pavots et les laboratoires d’héroïne.

En août 1998, les talibans sont maîtres de la plus grande partie du pays, les chiites pro-iraniens s’étant repliés au centre et le commandant Massoud dans le Panshir. Une vive tension s’installe entre l’Afghanistan et l’Iran, dont plusieurs diplomates sont assassinés par des talibans lors de la conquête de Mazar-é Charif. Le 20 août 1998, les États-Unis bombardent un centre d’entraînement du terroriste présumé d’origine saoudienne Oussama Ben Laden, en représailles aux attentats perpétrés quelques semaines plus tôt contre les ambassades américaines du Kenya et de la Tanzanie. En novembre 1999, devant le refus des talibans d’extrader Oussama Ben Laden, le Conseil de sécurité de l’ONU impose des sanctions financières et commerciales à l’Afghanistan.

Après avoir conquis, le 6 septembre 2000, Taloqan, capitale de la province de Takhar au nord-est du pays, les talibans prennent le contrôle des principaux points de passage vers le Tadjikistan, à partir duquel les opposants au régime des talibans reçoivent de l’aide. La province du Badakhshan est également attaquée par l’est. Les troupes du commandant Massoud sont contraintes de se replier dans la vallée du Panshir où le ravitaillement devient difficile pendant la période hivernale. De plus, le commandant Massoud ne peut plus compter sur ses traditionnels soutiens politiques, l’Iran et la Russie, qui assouplissent leur position vis-à-vis du régime des talibans.

Maîtres de la quasi-totalité du territoire de l’Afghanistan, les talibans entreprennent de renforcer leur régime islamiste, y compris sur le plan symbolique. Ainsi, en mars 2001, leur chef suprême, le mollah Mohammed Omar, publie un décret ordonnant la destruction de toutes les statues bouddhiques (dont les deux bouddhas géants de Bamyan, vieux de 1 400 ans) ainsi que les peintures dans les grottes et monastères rupestres excavés dans les falaises de l’ancienne région du Gandhara, qui datent de la période ayant précédé l’arrivée de l’islam dans la région.

Sur le plan économique, l’exceptionnelle sécheresse de l’été 2000, qui entraîne la disparition de nombreuses cultures et troupeaux, provoque l’exode de milliers de réfugiés dans les camps de l’ONU dans l’ouest du pays ainsi qu’au Pakistan, où vivent déjà plus de 2 millions d’Afghans.

5.5.2La chute du régime

Le 9 septembre 2001, le commandant Massoud est victime d’un attentat-suicide meurtrier. À l’annonce de cette nouvelle, les troupes des talibans enregistrent de très fortes progressions. Mais deux jours après l’assassinat du commandant Massoud, quatre avions de ligne, détournés, s’écrasent aux États-Unis, sur le World Trade Center de New York, sur le Pentagone et en Pennsylvanie, causant la mort de plus de 3 000 personnes (voir attentats du 11 septembre 2001). Les soupçons se portent rapidement sur le milliardaire islamiste Oussama Ben Laden. Les talibans, qui l’abritent en Afghanistan, refusent de le livrer. Le président américain George W. Bush, considérant ces attentats comme un acte de guerre, appelle à la mise en place d’une coalition internationale contre le terrorisme. Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite rompent leurs relations avec les talibans, bientôt suivis par le Pakistan.

Les premières frappes aériennes américano-britanniques sur l’Afghanistan ont lieu le 7 octobre. Elles visent les installations de l’organisation Al Qaida de Ben Laden, ainsi que les aéroports contrôlés par les talibans. Les villes de Kaboul, Kandahar (qui abrite le chef des talibans, le mollah Mohammed Omar), Djalālābād et Herat sont touchées. Les avions américains pilonnent également les positions des talibans sur les lignes de front afin de permettre la progression de l’Alliance du Nord vers la capitale et vers Mazar-é Charif. Le nombre de victimes civiles est difficile à déterminer, tandis que des milliers d’Afghans fuient vers le Pakistan.

Au mois de novembre, avec l’aide de l’aviation américaine, l’Alliance du Nord se rend peu à peu maître de la majeure partie de l’Afghanistan, les talibans ne résistant plus que dans leur fief de Kandahar. Des Marines américains débarquent sur le sol afghan pour traquer sur le terrain les membres et le chef du réseau Al Qaida. Après 38 jours de frappes aériennes, la prise de Kaboul par les soldats de l’Alliance du Nord est accompagnée de manifestations de liesse et du retour de la musique dans la ville, interdite par les talibans. L’Alliance du Nord annonce que les femmes pourront recommencer à travailler et les jeunes filles à aller à l’école.

L’avenir politique du pays fait l’objet d’une conférence interafghane organisée sous l’égide de l’ONU à Bonn (Allemagne) à la fin du mois de décembre. Après d’âpres discussions, les délégués parviennent à un accord prévoyant la mise en place d’une administration intérimaire composée de 30 membres représentant les différentes ethnies pour une durée de six mois, la période transitoire devant au total durer deux ans. Présidé par le leader royaliste pachtoune Hamid Karzaï, et « vice-présidé « par une femme, Sima Amar, le gouvernement investi le 22 décembre comprend des membres de l’Alliance du Nord aux postes-clés (Défense, Affaires étrangères et Intérieur). Conformément à cet accord, une Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan (ISAF), mandatée par le Conseil de sécurité de l’ONU, est déployée à partir du mois de janvier 2002 afin de contribuer à la stabilité du pays au sortir de 23 années de guerre. Au même moment, une conférence internationale pour la reconstruction de l’Afghanistan se réunit à Tokyo (Japon) et annonce l’attribution au pays de 4,5 milliards de dollars d’aide sur cinq ans.

5.6Hamid Karzaï et la transition démocratique

Au mois d’avril 2002, Zaher Chah rentre en Afghanistan après vingt-neuf ans d’exil en Italie. Même s’il exclut le retour à la monarchie, l’ancien roi se déclare prêt à assumer la fonction de chef de l’État. Conformément aux accords de Bonn, il inaugure à Kaboul, au mois de juin, la Loya Jirga. Instituée au xviiie siècle, cette grande assemblée traditionnelle réunit plus de 1 500 délégués — dont 200 femmes — représentant les différentes autorités ethniques, politiques et militaires du pays, afin d’élire le président du futur gouvernement de transition chargé d’élaborer une nouvelle Constitution et d’organiser les élections de 2004. Le 14 juin, le chef de l’autorité intérimaire Hamid Karzaï, soutenu par les États-Unis, est élu chef de l’État avec un peu plus de 80 % des suffrages. Écarté du jeu politique sous les pressions des Tadjiks et des États-Unis, Zaher Chah n’est pas en lice, mais il reçoit le titre symbolique de « père de la nation «.

La composition du nouveau gouvernement reflète le rapport des forces sur l’échiquier militaro-politique afghan, les Tadjiks de l’Alliance du Nord détenant les ministères clés de la Défense et des Affaires étrangères. Elle témoigne aussi du souci de Hamid Karzaï de tenter d’équilibrer le pouvoir en intégrant des membres de l’ethnie pachtoune, pénalisée en raison de ses liens avec le régime taliban. Le nouveau gouvernement se caractérise enfin par l’entrée en force de plusieurs seigneurs de guerre, le chef de l’État pariant sur leur intégration dans l’administration centrale afin de les éloigner de leurs fiefs régionaux.

Le nouveau pouvoir est cependant fortement déstabilisé par plusieurs assassinats commis contre des membres du gouvernement transitoire — le président Hamid Karzaï lui-même échappe à un attentat en septembre 2002. En dépit de la présence de la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan (ISAF) et des forces de la coalition, le pays est confronté à une insécurité croissante, liée notamment à la résurgence de la guérilla talibane et alimentée par la lutte pour le contrôle de la drogue. En effet, alors que la culture du pavot avait été éradiquée sous le régime taliban, l’Afghanistan redevient rapidement, dès 2002, le premier producteur mondial d’opium. Face aux besoins de reconstruction immenses (estimés à 30 milliards de dollars jusqu’en 2012), l’Afghanistan obtient de nouveaux engagements financiers de la part des donateurs internationaux lors de la conférence internationale sur l’Afghanistan qui se tient à Berlin au printemps 2004.

Parallèlement, le pays poursuit sa transition démocratique. Une nouvelle Constitution est adoptée en janvier 2004. Elle met en place un régime présidentiel fort, avec un Parlement bicaméral et un système judiciaire indépendant. Elle reconnaît l’islam comme religion d’État tout en garantissant la liberté de religion. Les droits de la femme sont protégés ainsi que les droits linguistiques des minorités.

Le 9 octobre 2004, l’Afghanistan organise la première élection présidentielle de son histoire. Huit millions d’électeurs sont appelés à choisir leur président parmi dix-huit candidats lors d’un scrutin réalisé sous le contrôle d’une commission électorale réunissant les représentants de l’État afghan et des experts de l’ONU. L’élection, qui se déroule dans un climat relativement calme, se caractérise par une participation massive (environ 83 %). Elle consacre la victoire d’Hamid Karzaï, qui obtient 55,4 % des suffrages dès le premier tour, devant son principal rival Yunès Kanouni (16,3 %). Contestée pour fraude par la plupart des autres candidats, cette victoire est officiellement annoncée le 3 novembre suivant par la commission électorale, pour laquelle les irrégularités constatées lors du scrutin ne remettent pas en cause sa validité. La tâche du gouvernement est immense et doit faire face à la guérilla talibane qui se réorganise et redevient offensive, en particulier au cours de l’été 2005, à l’approche des élections législatives et provinciales du 18 septembre 2005, reportées à deux reprises pour des raisons de logistique et de sécurité. Au terme d’une campagne électorale entachée de graves violences, ces scrutins se déroulent sans incident majeur mais avec une faible participation (50 % seulement). Ils viennent parachever la reconstruction politique du pays aux termes des accords de Bonn, conclus en décembre 2001 sous l’égide de l’ONU. Ne se disputant pas sous les couleurs de partis politiques, ils donnent naissance à un Parlement très fragmenté, où dominent les pouvoirs traditionnels moudjahidines et tribaux. Ces avancées politiques ne permettent pas de sécuriser le pays. En 2007, les chefs de guerre sont parvenus à reprendre du terrain dans le nord du pays, tandis que dans le sud les talibans multiplient les prises d’otages et les attentats suicide.

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