Afghanistan (1987 - 1988)
Publié le 10/09/2020
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Afghanistan 1987-1988
En Afghanistan, 1987 a été l'année d'un curieux exercice de style: comment un
régime communiste se "décommunise"-t-il pour offrir un aspect présentable le
jour où les troupes soviétiques auront quitté le pays? En décembre 1986, le
secrétaire général du Parti démocratique du peuple afghan avait annoncé le
lancement d'une politique de réconciliation nationale visant à rallier au régime
les membres de la résistance armée.
Au fur et à mesure que le projet de
Constitution s'est précisé, tout ce qui caractérisait l'Afghanistan comme pays à
orientation socialiste a disparu.
Najibullah, secrétaire général du Parti, a été
élu chef de l'État (président du Conseil révolutionnaire) le 30 septembre 1987 ;
deux mois plus tard, il n'était plus cité comme secrétaire général du Parti,
mais uniquement comme président.
La Constitution, "votée" le 30 novembre 1987, a
supprimé le terme démocratique, accolé à la République d'Afghanistan depuis le
coup d'État du 27 avril 1978, a proclamé l'islam comme religion d'État et
entériné le pluripartisme politique.
Le journal officiel Kabul New Times est
redevenu le Kabul Times.
En mars 1988, le président Najibullah est allé jusqu'à
offrir le poste de Premier ministre à la résistance afghane.
Cette évolution ne s'est pas faite sans opposition dans le Parti: Babrak Karmal
est parti définitivement pour l'URSS en mai 1987, tandis que ses partisans ont
perdu leurs postes au Bureau politique.
Le ministre de l'Intérieur, Goulabzoy,
de la faction khalqi, s'est opposé ouvertement à la politique de "réconciliation
nationale".
Le Premier ministre, Keshtmand, s'est de plus en plus affirmé comme
défenseur des intérêts des ethnies persanophones.
En même temps, cette politique
n'a pas porté les fruits escomptés: aucun chef politique ou militaire important
de la résistance n'a rallié le régime.
Les partis de la résistance, tant chiites
que sunnites, ont annoncé leur intention de poursuivre leur combat après le
départ des Soviétiques et ont refusé tout gouvernement de coalition avec les
communistes.
On n'a signalé aucun retour massif de réfugiés en Afghanistan, où
les combats ont continué.
Dans le Parti lui-même, de fortes réticences sont
apparues.
Les dignitaires soviétiques ont multiplié les voyages et les
rencontres avec les dirigeants afghans pour leur faire entériner le processus de
paix mis au point à Genève avec les États-Unis.
Le 7 avril 1988, Mikhaïl
Gorbatchev a rencontré Najibullah à Tachkent et lui a annoncé que le retrait
soviétique se ferait dans tous les cas.
Cependant, les Soviétiques ont multiplié les accords économiques et les
protocoles de jumelage entre les républiques d'URSS et les provinces
d'Afghanistan, tandis qu'un redécoupage administratif des provinces afghanes du
Nord (création de la province de Sar-i pul) préfigurait ce qui pourrait être une
base de repli pour le régime et une zone de sécurité pour l'URSS.
La capitale du
Nord, Mazar-i Sharif, s'est vue dotée d'une université, et un ministre pour les
provinces du Nord, Najibullah Massir, a été nommé en avril 1988.
Ainsi, le
régime se battait pour sa survie, le dos au mur, ou plutôt à la frontière
soviétique.
Du fait de la guerre, l'économie a continué de tourner au ralenti.
La situation
agricole s'est améliorée grâce à de bonnes récoltes dans le Nord-Est du pays et
l'aide occidentale (non militaire) à la résistance a permis de maintenir une
certaine forme d'économie de marché..
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