ORGANISATION DES NATIONS UNIES (ONU)
L'ONU, qui a pris en 1945 la suite de la Société des Nations (SDN), fut préparée au cours de la Seconde Guerre mondiale par les États alliés en lutte contre les puissances de l'Axe. La Charte de l'Atlantique (14 août 1941), la déclaration des Nations unies (1er janv. 1942), la déclaration de Moscou (1er nov. 1943), les travaux des conférences de Dumbarton Oaks (sept./oct. 1944) et de San Francisco (avr./juin 1945) marquèrent les principales étapes d'une élaboration qui aboutit à la Charte des Nations unies, signée à San Francisco le 26 juin 1945 par les représentants de cinquante et une nations en guerre contre l'Axe. Cette Charte fut ratifiée le 24 oct. suivant, et la première assemblée générale de l'ONU s'ouvrit à Londres le 10 janv. 1946. Le principe d'établir le siège de l'organisation aux États-Unis fut accepté, et, à partir de 1952, l'ONU put s'installer dans son siège permanent, à New York. À la suite de l'admission de nouveaux membres, l'ONU rassemblait 115 États dès 1964, 127 États en 1970, 144 États au début de 1976 et 190 en 2003.
À sa fondation, l'ONU ne comprenait que les États ayant participé à la guerre contre les puissances de l'Axe. Les anciens alliés européens de l'Allemagne hitlérienne ainsi que l'Espagne et le Portugal y furent admis en 1955 (Italie, Bulgarie, Roumanie, Finlande, Hongrie) et en 1956 (Japon). Le développement de la politique de détente eut pour conséquence, en 1973, l'entrée des deux États allemands dans l'organisation internationale. La question de la représentation de la Chine devait faire l'objet de nombreux débats : le gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-chek, qui était au pouvoir en 1945, occupa le siège de la Chine à l'Assemblée générale et au Conseil de sécurité. Après la victoire des communistes chinois (1949), l'Inde demanda que la Chine fût désormais représentée par les délégués du gouvernement de Pékin. L'ONU s'y refusa, sous la pression des États-Unis, et il en fut ainsi chaque année jusqu'à ce que l'amélioration des relations sino-américaines permît, en 1971, l'admission des représentants de Pékin au Conseil de sécurité et à l'Assemblée générale, les représentants du gouvernement nationaliste de Taiwan étant désormais exclus de l'ONU.
Institutions et moyens d'action
Des actions multiples
Vers une réforme de l'ONU ?
Institutions et moyens d'action
Les organes de l'ONU sont : a) l'Assemblée générale, principal organe délibérant, composée de tous les membres de l'organisation, lesquels disposent chacun d'une voix ; b) le Conseil de sécurité, qui a la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales ; il comprend quinze membres : cinq membres permanents (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, URSS) et dix membres non permanents élus pour deux ans par l'Assemblée générale et non immédiatement rééligibles ; c) le Conseil économique et social, composé de dix-huit membres élus par l'Assemblée générale ; d) le Conseil de tutelle, qui comprend, outre les membres permanents du Conseil de sécurité, les puissances chargées d'administrer des territoires sous tutelle, et des membres élus par l'Assemblée générale ; e) la Cour internationale de justice, qui siège à La Haye et qui est composée de quinze juges élus pour neuf ans par l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité ; f) le secrétariat général, qui est l'organe administratif de l'ONU. Le poste de secrétaire général a été occupé successivement par : Trygve Lie (1946/52), Dag Hammarskjöld (1953/61, mort en mission au Congo), U Thant (1961/71), Kurt Waldheim (1971/81), Javier Perez de Cuellar (1982/1991), Boutros Boutros-Ghali (1992/96) et Kofi Annan depuis 1997. Sont rattachées à l'ONU plusieurs « institutions spécialisées » dans des domaines économique, financier, social ainsi que culturel : l'Organisation internationale du travail (OIT), la Food and Agriculture Organization (FAO), l'UNESCO, l'OMS (v.), le FMI (v.), la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), le GATT (v.), l'Union postale universelle, l'Union internationale des télécommunications, l'Organisation météorologique mondiale, l'Organisation intergouvernementale consultative de la navigation maritime.
000200000C6A00001065 C64,Pour remplir sa mission, l'ONU fut dotée de pouvoirs plus étendus que ceux de l'ancienne SDN : le Conseil de sécurité peut décider des sanctions diplomatiques, économiques et même de l'emploi de forces, les Casques bleus, fournies par les États membres. Cependant, l'ONU devait être souvent paralysée par le droit de veto accordé à chacun des membres permanents du Conseil de sécurité : de 1945 à 1965, l'URSS n'utilisa pas moins de cent trois fois son droit de veto. L'intervention des forces de l'ONU en Corée (v.), en juin 1950, ne fut possible que parce que l'URSS boycottait alors le Conseil de sécurité, en raison du refus de l'admission de la Chine populaire. Les Soviétiques ayant peu après réoccupé leur siège, l'ONU, pour les empêcher de bloquer par leur veto l'action internationale engagée en Corée, décida, le 3 nov. 1950, que l'Assemblée générale aurait désormais compétence, en cas de menace contre la paix et d'agression, lorsque le Conseil de sécurité serait paralysé par l'exercice du droit de veto.
Des actions multiples
L'ONU a joué un rôle important dans les domaines social et humanitaire (aide aux réfugiés, extension des droits de l'homme, lutte contre la drogue...). Mais les résultats politiques de l'action de l'ONU apparaissent, en revanche, plutôt décevants.
Au Proche-Orient, l'ONU décida, le 29 nov. 1947, la division de la Palestine en deux États, juif et arabe, Jérusalem et les Lieux saints constituant une zone internationale ; mais ce plan de partage fut repoussé par les Arabes, et la guerre israélo-arabe qui suivit (au cours de laquelle le médiateur de l'ONU, Folke Bernadotte, fut assassiné par des terroristes juifs) aboutit à des frontières très différentes de celles qui avaient été fixées par l'ONU. En Inde, l'ONU tenta, en 1949, d'imposer sa médiation entre l'Inde et le Pakistan dans la question du Cachemire ; mais elle ne parvint pas à contraindre le gouvernement de New Delhi à organiser un libre référendum qui eût permis l'autodétermination des habitants de cette région. Dans l'ex-Congo belge (actuelle république démocratique du Congo, ex-Zaïre), le gouvernement central congolais, aux prises avec des tendances sécessionnistes, fit appel, en juill. 1960, à une force internationale de l'ONU qui fut rapidement portée à 20 000 hommes ; cette force se trouva amenée à intervenir dans les affaires intérieures congolaises, et son rôle dans l'élimination de Lumumba (sept. 1960) provoqua les protestations de l'URSS. En Afrique du Sud, l'ONU condamna la politique de ségrégation raciale poursuivie par la République sud-africaine et vota des sanctions diplomatiques et économiques contre celle-ci (1962) et, pour les mêmes raisons, contre la Rhodésie (1966).
Si l'on excepte la guerre de Corée, où les États-Unis pesèrent de tout leur poids en faveur d'une intervention de grande envergure, l'ONU devait se révéler inefficace dans tous les conflits où se trouvait impliquée, directement ou indirectement, une grande puissance décidée à ignorer ses résolutions. De fait, tout le développement de la politique de détente se fit en dehors de l'organisation internationale, par contacts directs entre les grandes puissances.
000200000C3C00001CC9 C36,Le blocage du Conseil de sécurité dû à l'opposition entre les deux grands conduisit les États-Unis à favoriser une revalorisation du rôle de l'Assemblée générale. Cette politique se retourna cependant contre eux, car, depuis les années 1960, les États du tiers monde sont devenus majoritaires dans l'organisation. L'Assemblée devint en fait la tribune du tiers-mondisme, souvent plus critique à l'égard de l'Occident que des pays de l'Est. Les questions sud-africaine et israélo-arabe servirent ainsi de thème unificateur aux pays du Sud et de l'Est et l'Assemblée vota, chaque année, diverses résolutions condamnant l'État hébreu et le régime d'apartheid.
Vers une réforme de l'ONU ?
Les bouleversements des années 1989/91 à l'Est ont permis de redonner à l'organisation un rôle actif. Le rapprochement de l'URSS, puis (après que celle-ci eut disparu) de la Russie, des positions occidentales a permis le vote de résolutions importantes par le Conseil de sécurité. Ainsi, après l'invasion du Koweït (v.) par l'Irak en 1990, le Conseil a pu faire usage de l'ensemble de ses pouvoirs en matière de maintien de la paix : condamnation de l'intervention irakienne (résolution 660), sanctions économiques (661), recours à la force navale pour faire appliquer ces sanctions (665), usage de tous les moyens nécessaires pour que l'Irak se conforme à la résolution 660 (678). Les interventions des Nations unies se sont multipliées. L'ONU n'a plus servi seulement à stabiliser une situation de crise, mais a également contribué au règlement politique et à la recherche de solutions durables. En Namibie, le Conseil de sécurité a mené à bien une mission exemplaire d'observation du bon déroulement de la transition vers l'indépendance (1989/90). Au Cambodge, à partir de 1991, l'APRONUC (Autorité provisoire des Nations unies pour le Cambodge) a joué un rôle dans la pacification et l'organisation des élections. Mais surtout, l'ONU a innové en créant un « droit d'intervention humanitaire » qui permit de secourir des populations en danger. Ce droit allait à l'encontre du principe, jusque-là érigé en dogme à l'ONU, de non-ingérence dans les affaires intérieures des États. Il fut appliqué pour la première fois en févr. 1991, à l'initiative de la France, au profit des Kurdes, victimes de la répression irakienne qui suivit la seconde guerre du Golfe (v.). Il fut de nouveau employé en Somalie en déc. 1992 pour venir en aide à la population, victime de la famine provoquée par des luttes incessantes entre chefs de guerre.
Les missions qui suivirent mirent un terme aux grands espoirs suscités par la fin de la guerre froide ; les moyens de l'ONU, tant financiers que politiques, se révélèrent en effet inadaptés à une revalorisation de ses missions. Dans l'ex-Yougoslavie, la FORPRONU, créée par la résolution 743 et déployée à partir de mars 1992, demeura inefficace devant l'intransigeance des parties en présence. Au Rwanda, la MINUAR s'est révélée totalement impuissante face aux massacres de 1994. En Haïti, il fallut attendre trois ans (de 1991 à 1994) pour qu'une mission de l'ONU restaurât le président élu J.-B. Aristide.
000200000900000028FF 8FA,L'ONU, sollicitée depuis le début des années 1990 pour la résolution de tous les conflits en cours, ne disposait pas de forces propres et restait soumise à la bonne volonté des États à lui fournir des troupes et un financement. Or, les seuls États capables de mobiliser et de financer rapidement des corps expéditionnaires efficaces, à savoir les États occidentaux, ne paraissaient prêts à s'engager fermement que quand leurs intérêts étaient en jeu, comme en 1990, lorsque leurs approvisionnements pétroliers furent soumis à un chantage irakien. En outre, lors de l'affaire du Kosovo, en 1999, ces mêmes puissances préférèrent utiliser les structures de l'OTAN, plus simples à mettre en uvre en cas de désaccord de la communauté internationale. Par ailleurs, seuls une dizaine d'États étaient à jour de leur cotisation envers l'organisation. Soumise à une grave crise financière, l'ONU a essayé de changer son mode de fonctionnement. Elle s'est efforcée en particulier de rationaliser l'utilisation des fonds, de développer une pratique, moins coûteuse, de prévention des conflits et de suivi des processus électoraux, et de déléguer à des organisations régionales la résolution de certaines crises. L'ONU paraissait également menacée d'une nouvelle paralysie. La Russie s'opposa en effet aux Occidentaux sur le problème yougoslave. La Chine marchandait par ailleurs la non-utilisation de son droit de veto en le subordonnant à l'octroi d'avantages commerciaux et à une totale immunité en matière de respect des droits de l'homme. L'intervention unilatérale des États-Unis en Irak (mars 2003), au nom de la légitime défense préventive, les nouvelles formes de terrorisme, et notamment l'attentat contre la mission de l'ONU à Bagdad (19 août 2003) ont fragilisé l'ONU. Le Conseil de sécurité est en outre critiqué pour son manque de représentativité. Se pose ainsi le problème de la représentation du Japon, de l'Allemagne, de l'Union européenne (la France et la Grande-Bretagne étant critiquées par les autres membres pour leur manque de concertation) ainsi que des grands États du Sud (Brésil, Inde...) au risque de remettre en question des équilibres régionaux fragiles. Mais si les instances centrales sont en crise, les agences spécialisées font preuve d'une grande efficacité sur le terrain.
ORGANISATION DES NATIONS UNIES (ONU, en angl. UNO, United Nations Organization). Organisation internationale qui remplaça la Société des Nations (créée par le traité de Versailles en 1919) et dont les buts sont le maintien de la paix et de la sécurité mais aussi une coopération tendant à résoudre les problèmes internationaux d'ordres économique, social et culturel et à développer le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. L'ONU tient son mandat de la Charte des Nations unies signée à San Francisco le 26 juin 1945 par les représentants de 51 nations en guerre contre l'Axe. Les principaux organes de l'ONU, dont le siège est à New York, sont l'assemblée générale composée de tous les délégués des Etats membres ( 184 membres en 1994) qui peut émettre des « recommandations », le conseil de sécurité qui détient le véritable pouvoir et qui est l'organe exécutif sur le plan politique. Il est composé de 15 membres dont cinq « permanents » (États-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France et Chine), chacun de ces cinq membres disposant du droit de veto. Le conseil de tutelle, en déclin depuis la décolonisation, était chargé d'administrer jusqu'à leur indépendance les anciens territoires sous mandat de la SDN, le conseil économique et social dont dépendent les institutions spécialisées veille à la coopération dans des domaines spécialisés. La cour internationale de justice qui siège à La Haye est chargé de régler certains litiges. Enfin le secrétaire général est élu par l'assemblée générale, sur proposition du conseil de sécurité, pour cinq ans, et il assure l'administration permanente de l'ONU. Six secrétaires se sont succédé : Trygve Lie, Norvégien (1946-1952), Dag Hammarskjöld, Suédois (1953-1961), U Thant, Birman (1961-1972), Kurt Waldheim, Autrichien (1972-1981), Javier Ferez de Cuellar, Péruvien (1981-1992), et depuis 1992 Boutros Boutros-Ghali, Égyptien. Bien que l'ONU dispose de pouvoirs plus étendus que la SDN (en particulier une force d'intervention armée, les casques bleus), l'organisation a été en plusieurs occasions paralysée par le droit de veto de l'un des membres permanents du conseil de sécurité. L'ONU peut aussi intervenir par l'intermédiaire de ses organisations spécialisées comme la FAO (Food and Agriculture Organization), l'OIT (Organisation internationale du travail), la Banque mondiale, le FMI (Fonds monétaire international), l'OMS (Organisation mondiale de la santé), ou l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture).
Liens utiles
- LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME Un organe de l’ONU ( Organisation des Nations Unies)
- ONU (Organisation des Nations unies) - rôles et interventions
- Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture[Unesco] - relations internationales.
- Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture [FAO]- relations internationales.
- Organisation des Nations unies pour le développement industriel[ONUDI] - relations internationales.