OCCAM (Guillaume d', s'écrit aussi Ockham)
OCCAM (Guillaume d', s'écrit aussi Ockham). Religieux franciscain (1290-1349), né à Occam, dans le Surrey. Il enseigna à Oxford mais n'accéda jamais au titre de maître en théologie. S'engagea, avec un groupe de franciscains, dans une rébellion contre le pape Jean XXII puis contre son successeur Benoît XII. Il n'est pas certain qu'à la fin de sa vie il ait fait acte de soumission. Son influence est sensible aux origines de la réflexion luthérienne. Il est connu par sa théorie du concept, et doit être rangé parmi les nominalistes. Il ne soutiendra pas, comme Roscelin, que le concept n'est qu'un ébranlement de l'air, un mot prononcé, mais il verra en lui un signe conventionnel, variable selon les lieux et les temps, capable de se substituer à la chose. Le terme prend la place d'une réalité singulière effectivement existante. Je puis penser au moyen d'un terme abstrait, mais je ne dois jamais concevoir derrière lui une chose : Dieu ne fait pas exister la paternité quand il n'y a ni père ni enfant. La connaissance abstraite produit des fictions (comme l'humanité ou la risibilité) qui ne sont légitimes que dans la mesure où elles renvoient à des choses singulières. En toutes circonstances, Occam met l'accent sur le fait, et s'oppose à l'idée d'un Logos immanent à la nature, qu’il trouve menaçant pour la liberté divine. Dans cette perspective, c’est toujours Dieu qui est cause, à tout moment, Dieu peut faire ce qu’il veut. Toutefois l'expérience quotidienne présente une régularité suffisante pour permettre l'édification d'un savoir. Mais ce savoir n’est que « probable ». Occam ne veut pas limiter la liberté de Dieu par sa sagesse. Cela le mène à de surprenantes affirmations morales : il n’y a pas de bien en soi ; Dieu pourrait changer les commandements, prescrire le vol et l'adultère, et même la haine du Créateur. Les conceptions métaphysiques et théologiques d'Occam sont très éloignées de la pensée aristotélo-thomiste. En dissociant en Dieu puissance et sagesse, elles enlèvent à la raison de l'homme son fondement essentiel.
Franciscain d’origine anglaise. Il n'enseigne que six ans à Oxford, avant d’être convoqué en Avignon par le pape, tant ses leçons paraissent peu conformes à l’orthodoxie. Impliqué dans les rivalités de l’époque entre franciscains et dominicains, il prend également parti contre le pape Jean XXII, puis contre son successeur Benoît XII, au nom d'un retour à la règle de son ordre et de l'« évidente raison ». Cet activisme politique lui vaut une excommunication en 1330, mais il consacre la fin de sa vie, en Allemagne, à la publication de nombreux pamphlets politiques.
♦ La philosophie d’Ockham prend appui sur une conception logique nouvelle, qui consiste à clairement distinguer le langage des choses, c'est-à-dire l’univers des signes que nous utilisons, de celui des singularités que nous percevons. Se voulant dans la continuité d’Aristote, c’est la tradition platonicienne qu'Ockham met à mal : pour lui, les « universaux » n’ont aucune existence, et le vrai problème à résoudre concerne, non la manière dont un universel pourrait s’incarner dans une singularité, mais bien les relations existant entre des singularités, leur rassemblement dans une série et la façon dont nous pouvons désigner efficacement cette dernière. Dans ce contexte, la distinction entre essence et existence disparaît : il n'y a d’essence que de et dans ce qui existe.
♦ Cette contestation des ambitions de la métaphysique a des conséquences en théologie : Dieu n'a créé, avec une liberté absolue, que des êtres séparés, et puisque la connaissance humaine s’établit nécessairement à partir de ce qui est perçu, toute tentative pour « prouver » l'existence de Dieu est frappée d'incertitude. Même l'argumentation a posteriori (cf. saint Thomas), qui prétend remonter de la diversité des « choses conservées » à la nécessité d’un « premier conservant », est douteuse : elle suppose une compréhension de la perfection qui nous est impossible. Le domaine de la foi se révèle ainsi plus étendu que chez saint Thomas, et ouvre la possibilité d'une attitude mystique.
Théologien et philosophe anglais. Franciscain, professeur à Oxford, il enseigna une philosophie nominaliste qui séparait radicalement l'ordre de la raison et l'ordre de la foi. Ses conceptions ecclésiologiques et politiques ont une importance capitale dans l'histoire des idées européennes, car elles marquent une rupture définitive avec l'idéal unitaire de la chrétienté médiévale. Guillaume d'Occam déniait au pape tout pouvoir temporel ; il esquissa même une théorie démocratique de l'Église : reléguant au second rang le pape et même les conciles généraux, elle faisait de l'Écriture et de l'universalité des fidèles les seules règles infaillibles en matière de foi. L'occamisme politique fut développé par Marsile de Padoue et Jean de Jandun dans leur Defensor pacis. Guillaume d'Occam se dressa contre le pape Jean XXII et se mit au service de son adversaire, l'empereur Louis de Bavière.
GUILLAUME D'OCCAM (dans le Sur-rey, fin xiiie-Munich, v. 1349). Théologien et philosophe anglais. Il critiqua sévèrement la scolastique déclinante et annonça l'empirisme de grands philosophes anglais comme Locke et Hume. Dominicain, il étudia à Oxford et à Paris. Pour avoir publié des pamphlets contre le pape Jean XXII, il fut excommunié. Menacé d'arrestation, il s'enfuit à Munich. Ses principales oeuvres théologiques et philosophiques sont le Commentaire sur les sentences de Pierre Lombard et une Somme de toute logique.
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