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Nostalgie (Sehnsucht) - Schelling

Nostalgie (Sehnsucht) • Il faut s’efforcer de tenir à l’écart le sens courant, anthropomorphique du terme. Ne désigne pas le « mal du pays » {Heimweh — encore que ce terme puisse être entendu, chez Novalis par exemple, en un sens également spéculatif). Ce terme-clef de la pensée schellingienne désigne tout à la fois la tendance à sortir de soi et à rentrer en soi-même. •• Le terme Sehnsucht est presque un oxymore, où se conjuguent force d’expansion et force de contraction : Sehn 'Sucht. Il se compose du verbe {siclo) sehnen (nach) - désirer ardemment, et de Sucht qui, comme l’a souligné, avant Heidegger, Schelling lui-même (XIV, 283 = Phil. Rév., III, 303), n’a rien à voir étymologiquement avec le verbe suchen (chercher), mais avec Seuche = maladie, épidémie, mal qui se répand (cf. Gelbsucht - jaunisse, Schwindsucht - phtisie, consomption). C’est donc l’être-à-mal en peine de soi-même, la fringale (Hunger) d’être, et par là un désirement plutôt qu’une nostalgie. ••• Heidegger a caractérisé la Sehnsucht comme conflit entre deux mouvements, lieu d’une mobilité adversée : la tendance à sortir de soi, la tendance à rentrer en soi (Schelling, 216). Comme l’amour, ce désirement est à prendre en un sens proprement spéculatif, ontologique plutôt qu’ontique, comme un trait de l’être bien plutôt que comme une langueur, une mélancolie ou une tristesse que seul l’homme éprouverait. Le désirement met en jeu les forces d’expansion et de contraction, il met pour ainsi dire sous tension l’opposition entre le fond et l’existence, et se trouve par là arraché, en tant que concept fondamental, à ce qui est lié strictement au domaine des sentiments humains.

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