RFA 1982-1983 La nostalgie du "miracle allemand"

« RFA 1982-1983 La nostalgie du "miracle allemand" Après treize années passées dans l'opposition, le Parti chrétien-démocrate (CDU/CSU) est revenu au pouvoir en Allemagne Fédérale.

Le 1er octobre 1982, le chancelier social-démocrate Helmut Schmidt est renversé par une "motion de censure constructive" du Parlement, qui élit Helmut Kohl (CDU) pour lui succéder.

Depuis l'automne 1981, la direction du Parti libéral (FDP) cherchait en effet une occasion pour rompre son alliance conclue en 1969 avec le Parti social-démocrate (SPD).

Déjà exclus de plusieurs Parlements régionaux, les libéraux craignaient pour la survie de leur parti.

Ils n'étaient en outre pas disposés à subir les conséquences de l'usure du pouvoir qui a affaibli le SPD, donné perdant par tous les sondages d'opinion pour les élections législatives de 1984. La politique à mener pour affronter la crise économique a fourni le prétexte à la rupture.

Pourtant, malgré plusieurs indicateurs alarmants (11 916 faillites en 1982 contre 6 315 en 1980 ; 2,5 millions de chômeurs représentant 10,4% de la population active et une baisse du PIB de 1,2%), l'héritage laissé par le gouvernement Schmidt n'est pas négatif.

La RFA dispose toujours d'une des monnaies les plus fortes du monde et d'une économie compétitive.

En 1982, elle a enregistré un taux d'inflation de 5,3% et un excédent record de sa balance commerciale (de 51,2 milliards de marks), permettant à la balance des paiements de dégager un solde positif de 3,08 milliards de marks. La nouvelle coalition CDU/CSU-FDP a été confirmée au pouvoir par les élections législatives anticipées du 6 mars 1983.

La situation économique a été déterminante dans le choix des électeurs et a desservi le SPD dont toute la campagne électorale était axée sur des thèmes de politique extérieure, notamment la sauvegarde de la paix.

La démocratie chrétienne a de son côté mené une campagne basée sur la nostalgie des performances économiques de la période de reconstruction d'après-guerre et du légendaire "miracle" économique. Les premiers indices d'une possible relance économique, aux États-Unis et en RFA, ont été connus juste à temps, à la fin de février 1983.

"Votez pour la relance" - le slogan des chrétiens-démocrates - semble avoir convaincu une majorité d'électeurs qu'une réédition du "miracle" était possible avec les partis conservateurs.

Cela vaut également pour les libéraux, au moins dans le domaine économique.

Amputé de son aile gauche qui désapprouvait le renversement d'alliances, le FDP s'est ouvertement présenté comme lobby du patronat et des professions libérales, se situant du même coup à la droite de la CDU. Ces élections ont d'autre part permis à une nouvelle force politique de faire son entrée au parlement fédéral: "les Verts", le parti des écologistes et des pacifistes qui a déjà conquis des mandats dans plusieurs assemblées régionales.

27 "verts" (5,6% des voix) siègent dorénavant à Bonn aux côtés de 244 députés CDU/CSU (48,8%), 34 FDP (7%) et 193 SPD (38,2%).

Si leur arrivée ne modifie pas radicalement l'échiquier politique, les députés néophytes confèrent un aspect insolite à la vie parlementaire avec leurs banderoles, leurs fleurs et leurs bicyclettes.

Les "Verts" ont aussi annoncé leur intention de rendre le travail législatif plus "transparent".

Reste à savoir comment ils réussiront à maintenir le contact avec le mouvement social qui les a mandaté. Appelé communément "alternatif" et "pacifiste", ce mouvement - très mal apprécié à l'étranger - représente une nouvelle sensibilité politique et a des comportements qui contredisent le stéréotype des Allemands disciplinés et soumis à n'importe quelle autorité.

La campagne pour le boycottage d'un recensement national prévu le 27 avril 1983 en RFA en témoigne.

Une véritable fronde civique s'est levée contre un État jugé excessivement "fouineur" au point de faire. »