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NIETZSCHE Friedrich (1844-1900)

NIETZSCHE Friedrich (1844-1900)

Né près de Leipzig. Son père, pasteur, lui donna une image très triste de la religion (« je suis un être humain né dans un presbytère ») ; il fut bon élève, enfant obéissant. Très doué, on le nomma à vingt-quatre ans professeur de philologie classique à l'université de Bâle. Déjà passionné par la musique de Wagner, il découvrit, en 1865, la philosophie de Schopenhauer. Il se consacra dès lors entièrement à la philosophie. De 1869 à 1878, il mena une vie nomade entre les Alpes et la Méditerranée. La maladie (syphilis entraînant migraines, troubles oculaires...) le tortura constamment. Il en tira une plus grande sensibilité à ce qui est bon pour la vie et à ce qui l'amenuise. Il sombra dans la démence en 1889 et vécut sans parler jusqu'en 1900.

Nietzsche : 1844-1900.

Naquit en Prusse à Rökken. Après la mort prématurée de son père, il est élevé par les femmes de la famille dans un milieu protestant. A dix-huit ans il perd la foi, traverse une période de dissipation et en sort dégoûté. Il découvre la philosophie à travers Schopenhauer, devient docteur en philologie à l'université de Bâle (1869-1879). Il fait la connaissance de Wagner, amitié houleuse qui se termina par une rupture. Dès 1886 il mène une vie de plus en plus isolée et en 1889 il est atteint d'une crise de folie. Les dernières années de sa vie se passent dans la démence. Œuvres principales : Ainsi parlait Zarathoustra, 1883 ; Par-delà le bien et le mal, 1886 ; La Volonté de puissance, publié en 1894.

NIETZSCHE Friedrich Wilhelm. Né le 15 octobre 1844, jour de la fête du roi Frédéric-Guillaume IV, d’où ses prénoms, à Roecken, en Prusse, mort à Weimar, le 25 août 1900. Nietzsche avait quatre ans lorsque son père mourut accidentellement, encore très jeune, et le souvenir de cette fin dramatique et prématurée sera pour lui déterminant, d’autant plus que la mort de son père sera suivie de celle de son jeune frère. Sa mère quittera avec lui Roecken pour Naumbourg-sur-Saale. A douze ans il entra au collège de Pforta, ancien monastère cistercien, pris au XVIe siècle par les révolutionnaires luthériens et qui devint un foyer de la Réforme. Son père et sa mère étant de famille ecclésiastique luthérienne, sa place y était marquée. Il se signala tout de suite par un exploit. Les camarades de Nietzsche s’accordant pour traiter de légende l’histoire de Mucius Scaevola qui avait mis sa main dans le feu, il plongea la main dans le poêle et en ramena un charbon ardent. A dix-sept ans il décida de ne pas se faire pasteur et à dix-huit ans entra à l’Université de Bonn où il vécut isolé. En 1863, étudiant à l’Université de Leipzig, il fut bouleversé par la lecture du Monde comme volonté et comme représentation de Schopenhauer; et il écrivit à sa sœur : « Que cherchons-nous ? Le repos, le bonheur ? Non, rien que la vérité, toute effrayante et mauvaise qu’elle puisse être... » A cette époque, il se lia avec Erwin Rohde qui demeura longtemps son meilleur ami. Il admirait Bismarck. Incorporé dans l’armée en 1867 il fut renvoyé chez lui après une chute de cheval. On lui demanda des études historiques pour une revue importante de Berlin. Mais il s’intéressait à tout, sauf à la politique. « Décidément, disait-il, je ne suis pas un animal politique. » Après la lecture de Schopenhauer, le deuxième événement important de sa jeunesse fut sa rencontre avec Wagner, pour lequel il avait la plus grande admiration. Aussi accepta-t-il, avant d’avoir obtenu tous ses diplômes, d’être nommé professeur de philologie grecque à Bâle (1868), ce qui lui permettait de voir plus facilement Wagner qui habitait Triebschen, sur le bord du lac des Quatre-Cantons, avec Cosima, la fille de Liszt, qu’il venait d’enlever et d’épouser. Nietzsche devint un assidu de leur maison et un ami intime. En 1870, il consacra ses loisirs à l’étude des origines de la tragédie grecque. A l’annonce de la victoire allemande, il s’engagea et fut envoyé en France comme ambulancier, puis à Carlsruhe où il tomba malade. L’Allemagne lui paraît alors prendre la suite de la Grèce : Bismarck étant son chef, Moltke son soldat, Wagner son poète, Nietzsche son philosophe. En 1871, il publia le résultat de ses travaux sous le titre : La Naissance de la tragédie ou hellénisme et pessimisme, sans obtenir de succès. Depuis Winckelmann, la critique classique ne reconnaissait qu’un aspect de l’art grec, celui qui symbolise Apollon, art fait de mesure et de pondération, qui est l’objet d’une contemplation sereine s’élevant au-dessus d’un monde condamné à la souffrance. Nietzsche lui oppose un autre aspect, symbolisé par Dionysos : c’est l’extase dans laquelle plonge la vue du vouloir-vivre universel, et qui permet d’échapper à la souffrance non pas en la niant, mais en niant sa cause qui est ce vouloir-vivre lui-même poussé à son point suprême. L’influence de Wagner, combinée avec celle de Schopenhauer, est prédominante alors, et durera même après que le premier se fut installé à Bayreuth grâce à l’amitié que lui portait le roi de Bavière, Louis II. Une première crise intellectuelle éclata pour Nietzsche lorsqu’il se détacha du pessimisme de Schopenhauer et de l’esthétisme de Wagner et qu’il commença à répudier l’art comme moyen d’évasion. C’est alors qu’il publia les premières Considérations inactuelles où l’histoire est dénoncée comme un poison pour l’être sain et joyeux de vivre. L’Université de Bâle où il était professeur lui ayant accordé un congé, il partit en Italie avec deux amis, Alfred Brenner et Paul Rée, et il y retrouva Wagner dont l’esprit était alors occupé par le sujet de Parsifal. Pour Nietzsche cet opéra marque le point culminant de la dégénérescence européenne : la négation du vouloir-vivre n’est autre qu’une extinction de l’instinct vital. C’est l’idée qu’il développa dans Humain, trop humain (1878) et Le Voyageur et son ombre (1880). A ce moment il lisait les moralistes français, surtout La Rochefoucauld, Chamfort, et aussi Pascal. Il admirait leur lucidité et leur amour de la vérité pour elle-même, leur rigueur et leur clarté. A partir de 1879, tombé malade, il abandonna sa chaire de philologie et commença une vie errante. Sa sœur l’emmena d’abord dans l’Engadine où il retourna chaque été, l’altitude lui était bienfaisante. Désormais il sera toujours égrotant et forcé de vivre avec la pension de quatre mille francs par an que lui fait l’Université de Bâle. Les livres qu’il publiera n’auront aucun succès et ses amis l’abandonneront, excepté l’un d’eux, Peter Gast. Après un court séjour à Naumbourg dont le climat ne lui réussit pas, il décide de se rendre de nouveau en Italie, séduit cette fois par Venise où habitait Gast, qui y vivait dans la gêne mais librement, et y composait de la musique. Gast servait de lecteur, de secrétaire et de musicien à Nietzche qui, grâce à lui, devint un « méditerranéen ». Il pressent une nouvelle poésie, une nouvelle musique, une nouvelle philosophie qui vaudront par elles-mêmes et sans besoin d’opposition, tirant leur joie d’une affirmation passionnée. C’est dans cette atmosphère que naissent les aphorismes composant Aurore dont le sous-titre est alors : L’Ombre de Venise et dont le titre est emprunté à un passage des Védas : « Il y a beaucoup d’aurores qui n’ont pas encore lui » — passage lu par lui dans le livre d'Ol-denberg sur Bouddha paru à l’époque. Nietzche, après une nouvelle tentative de séjour à Naumbourg, passa l’hiver à Gênes où il vécut de la vie populaire. Son livre parut dans l’été 1881. A cette époque, il repartit pour l’Engadine et, au début d’août, y connut l’extase très singulière du Retour éternel. La lecture d’Empédocle, celle des philosophes hindous connus à travers Oldenberg, celle plus récente de Karl Vogt (La Force), l’avaient mené à considérer l’Univers comme animé d’un mouvement cyclique. Un après-midi, se promenant à travers bois du côté de Silva-Plana, Nietzsche s’arrêta au pied du rocher de Surlei, aujourd’hui consacré à sa mémoire, qui surplombe les eaux du lac de Sils. C’est là « à six mille cinq cents pieds au-dessus de la mer et beaucoup plus au-dessus des choses humaines » qu’il eut l’intuition que, la durée du monde n’ayant pas de terme et les éléments dont il se compose étant un nombre fini, les combinaisons qui le constituent à chaque instant sont également limitées. Un instant comme celui où Nietzsche convalescent contemple le lac au pied du rocher est donc fatalement appelé à revenir. C’est ainsi que le monde du devenir se rapproche du monde de l’être au point de coïncider presque avec lui. Cette ancienne croyance est renouvelée par Nietzsche qui la fait passer du domaine mythique au domaine mystique : l’important pour lui est moins la répétition de l’événement que la joie dionysiaque avec laquelle cette répétition est accueillie, et l’éternité du retour des choses n’a de signification que par l’instant qui marque pour nous ce retour, instant qui, lui, porte le caractère de l’éternel. L’homme, en même temps, devient un héros lorsqu'il accepte ou plutôt lorsqu’il veut cet éternel retour en apparence absurde et désespérant, et qu’il dit à la Nature : « Encore une fois ! » Nietzsche, une fois son exaltation tombée, fut tenté à trois reprises par le suicide. Puis il passa un hiver relativement heureux, malgré l’insuccès total de Aurore, à Gênes, où il 'fréquenta l’opéra. A Venise il avait retrouvé la musique de Chopin; à Gênes ce fut celle de Rossini, de Bellini, de Bizet : « Carmen me délivre », disait-il. Il publia un nouveau recueil : Le Gai savoir. Au printemps il partit pour la Sicile, puis pour Rome. Là Mme Malwida von Meysenbug lui présenta une jeune fille russe, Lou Salomé, avec laquelle elle espérait le marier et dont Nietzsche tomba amoureux. Mais, après une période de réflexion, Lou Salomé refusa le mariage proposé et d’ailleurs se rendit à Bayreuth pour y entendre Parsifal; elle finit par rompre. Nietzsche retourna passer l’hiver en Italie, à Rapallo. C’est là que prit corps la conception du Surhomme — ou plutôt du Surhumain — et que Nietzsche écrivit la première partie de Ainsi parlait Zarathoustra, son grand livre prophétique dans lequel il exalte les valeurs vitales aux dépens des valeurs de connaissance. Wagner venait de mourir à Venise après avoir connu un succès triomphal. Un retour en Engadine permit à Nietzsche d’écrire sur le lieu même de « la vision » la deuxième partie de Zarathoustra, qui contient aussi des réminiscences d’un séjour à Rome en juin 1883, sous une forme lyrique. L’hiver suivant se passa à Nice, qui enchanta le voyageur et le retint plus que ses autres résidences : la troisième partie y fut écrite et publiée en même temps que la deuxième, en 1884. Quant à la quatrième elle ne put être tirée qu’à quarante exemplaires, faute d’éditeur. Le sous-titre du livre était : Un livre pour tous et pour personne. Il se présentait en effet comme un substitut de l’Évangile, destiné à être répandu aussi largement que celui-ci, et en même temps comme une annonce, difficile à comprendre, des temps nouveaux. La culture moderne a besoin d’être fondée sur une croyance à des valeurs qui ne soient pas celles d’une décadence, comme celles qui inspirent le christianisme, le pessimisme, le rationalisme, le moralisme et le socialisme. Zarathoustra est l’homme fort qui brise les anciennes tables de valeurs et les remplace par d’autres : ce n’est pas un pur destructeur, c’est un messie. Les mêmes idées sont développées dans un livre d’aphorismes dont un grand nombre se réfère a un plan systématique : La Volonté de puissance , avec pour sous-titre: Essai d'une transmutation de toutes les valeurs, qui ne fut publié qu’après sa mort et qui l’occupa plusieurs années, en Allemagne et à Nice où il vécut tour à tour. Entre-temps il reçut la visite de lecteurs très rares attirés par ses idées mais qui ne viendront plus le revoir, tel un jeune écrivain, ami de la veuve de Wagner, Heinrich von Stein, et un dilettante errant, Paul Lawzky, qui fut son compagnon occasionnel à Nice. En 1886, Nietzsche publia à ses frais un essai improvisé sur le sujet qui lui tenait à cœur : Par-delà le bien et le mal, avec pour sous-titre : Prélude à une philosophie de l’avenir, après un voyage à Venise où il revit Peter Gast, et un autre en Allemagne. Malgré ses déplacements, Nietzsche menait une vie monotone. Pendant cinq étés de suite il logea à Sils-Maria dans une chambre solitaire qui donnait sur une pinède et qu’il payait un franc par jour. Il y travaillait chaque matin en déclamant ses phrases et en martelant la cloison à coups de poing pour souligner leur rythme. Il se rendait ensuite à l’auberge voisine où il déjeunait en compagnie de dames qui revenaient chaque année et qui lui rendaient le service de remplir son assiette, car il y voyait à peine. Il n’aimait pas à parler de son œuvre ni de ses idées, mais il se plaisait à faire de longues promenades avec ses compagnes d’occasion envers lesquelles il se montrait délicat et serviable, aussi effacé dans sa vie qu’il l’était peu dans son œuvre. Le soir il dînait seul d’une tranche de cake et d’une tasse de thé qu’il préparait lui-même, comme le matin en se réveillant il avait préparé son café. Il aurait voulu aller en Corse et particulièrement à Corte : « C’est là que Napoléon a été conçu. N’est-ce pas un lieu tout indiqué pour entreprendre la transmutation de toutes les valeurs ?» Il y aurait terminé La Volonté de puissance. Mais c’était un voyage trop difficile à entreprendre, et le livre ne trouvait du reste pas d’éditeur. Nietzsche se mit à écrire des préfaces pour des réimpressions de ses livres déjà parus. A Nice où il passait l’hiver il lisait Stendhal, Maupassant, Baudelaire, et il fit la connaissance de Guyau dont il lut l'Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction; il avait des affinités avec lui, bien que le malentendu fût fondamental entre eux, Guyau ne faisant que renforcer la morale traditionnelle avec l’arme qu’employait Nietzsche pour la renverser : l’exaltation de la vie. Plus importante et significative fut la rencontre que fit Nietzsche de l’œuvre de Dostoïevsky — c’était avec les Mémoires écrits dans un souterrain où l’homme humilié devient à son tour un humiliateur; cette analyse du ressentiment aura une répercussion sur les derniers livres. (Entre-temps il avait reçu des témoignages d’admiration de la part de Jakob Burckhardt, le philologue de Bâle, et de Taine, ce dernier témoignage lui étant particulièrement sensible, car il tenait à l’opinion de Paris où se faisait « la musique de chambre de la littérature », bien qu’il n’estimât pas la politique de « la pauvre France, malade de la volonté ».) En effet, en 1887, dans La Généalogie de la morale, Nietzsche voit dans le ressentiment, dans la révolte contenue et refoulée des esclaves contre les maîtres, le principe initial de l’ascétisme qui donne aux faibles et aux impuissants le pas sur les forts; les valeurs serviles l’emportent alors sur les valeurs héroïques, d’où le triomphe par la ruse des Sémites sur les Romains. Georg Brandès, le critique danois, lui écrivit pour l’approuver. C’est à Turin que Nietzsche fit la dernière étape de sa vie consciente. Il y découvrit une traduction française des Lois de Manu — v. Mânava-Dharmaçâstra — qu’il met en opposition avec le Décalogue, à cause de la hiérarchie entre les classes sociales que le code védique institue et de la victoire qu’il assure des valeurs supérieures sur celles qu'aime la multitude. Il y écrivit aussi Le Cas Wagner (1888), pamphlet violent, suivi du Crépuscule des idoles (1888). « Il faut méditerranéiser la musique », tel est le thème positif de ces œuvres. Puis L’Antéchrist, écrit en un mois à Sils-Maria, est une longue imprécation contre Jésus et ses disciples, dont Luther, et un éloge enthousiaste des grands hommes, tels César, Néron, César Borgia, Napoléon et Goethe. Le livre eut du retentissement à cause de sa violence. De retour à Turin à l’automne de la même année il éprouve un sentiment perpétuel de joie qu’il traduit dans son dernier manuscrit : Ecce Homo. Il s’y montre, ainsi que dans les lettres qu’il adresse à ses amis, comme la synthèse de Dionysos et du Crucifié. La crise de démence, qui éclata à Turin en janvier 1889, détermina Franz Overbeck a aller chercher Nietzsche et à le ramener à Bâle ; il fut ensuite interné dans une maison de santé de léna. Plus tard sa sœur, Mme Fôrster-Nietzsche, le recueillit dans une maison qu’elle fit construire à Weimar. Il fut reconnu d’après des examens médicaux que la paralysie générale dont Nietzsche fut atteint après sa crise de démence et sa période d ’euphorie était due à une syphilis ancienne qui avait évolué d’une manière classique. Nietzsche mourut sans avoir repris sa lucidité en 1900.




♦ « Pour parler de façon exacte, vous êtes, selon ma femme, le seul gain que la vie m hit amené. Je vous ai lu de nouveau et je vous jure devant Dieu Sue vous êtes le seul à savoir ce que je veux. » Richard Wagner, lettre à Nietzsche (1872). ♦ «Nietzsche, c'est la pensée de montagne. L’horizon est tourmenté, orageux; des nuages luttent comme des géants. Une grande déchirure s’est faite : des vérités lointaines apparaissent, incendiées par le feu du soleil qui surgit... Songée dans l’oxygène et dans l’ozone, sa philosophie a vraiment des vertus respiratoires. Elle a la pureté de l’air des sommets; elle augmente la force vitale. » Rémy de Gourmont. ♦ « Nietzsche a été jaloux du Christ, jaloux jusqu’à la folie... Il ne tenait qu’à Nietzsche de redécouvrir sous les suairçs et de ressusciter un Christ véritable; mais plutôt que de se rallier à Celui dont l’enseignement surpassait le sien, Nietzsche pensa se grandir en l’affrontant. » André Gide. ♦ « Voilà Nietzsche et son surhomme, qui est une force orgueilleuse, dont le délire d’orgueil conclut à la servitude et à l’avilissement du genre humain. Au profit de qui ? Du surhomme, qui est... un misérable fou oui vagit aux mains des infirmiers. » André Suarès. ♦ « Nietzsche n ’aprobablement pas connu le caractère de sa maladie, mais il se rendait exactement compte de ce dont il lui était redevable... C’est le propre de ce mal de provoquer... une ivresse où passent des vagues de bonheur et de puissance, où les forces de la vie s’exaltent subjectivement... Avant de plonger sa victime dans la nuit intellectuelle et de la tuer, il lui dispense les expériences illusoires de la puissance et de l’aisance souveraines, de la révélation et de l’inspiration,... il l’amène à se considérer comme le truchement de la divinité, comme le réceptacle de la grâce et même comme un dieu en personne. » Thomas Mann. ♦ « Il est possible de trouver chez Nietzsche pour chaque jugement son contraire. On dirait qu’il a sur toutes choses deux opinions. C’est pourquoi on peut invoquer des passages de Nietzsche à l ’appui des idées en apparence les plus inconciliables. La plupart des partis ont pu s’abriter derrière son autorité : athées et croyants, conservateurs et révolutionnaires, socialistes et individualistes, savants méthodiques et rêveurs, hommes politiques et apolitiques, esprits libres et fanatiques. » Karl Jaspers.

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