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MERLEAU-PONTY : TOUT EST NATUREL ET CULTUREL EN L'HOMME

MERLEAU-PONTY : TOUT EST NATUREL ET CULTUREL EN L'HOMME

Il peut être nécessaire, dans le cadre d'une réflexion politique, de chercher à « démêler ce qu'il y a d'originaire et d'artificiel dans la nature actuelle de l'homme ». Mais la difficulté de cette tâche, Rousseau en est conscient, tient au fait qu'il n'existe aucune nature biologique de l'homme qui serait réellement séparée de toute culture. Merleau-Ponty explique ici comment nous sommes toujours à la jonction de la nature et de la culture.


« L’usage qu’un homme fera de son corps est transcendant à l’égard de ce corps comme être simplement biologique. Il n'est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d'embrasser dans l’amour que d'appeler table une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots. Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain sont en réalité des institutions. Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche de comportements que l'on appellerait “naturels” et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire, en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l’être simplement biologique — et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d'échappement et par un génie de l’équivoque qui pourraient servir à définir l'homme. »
Merleau-PontyPhénoménologie de la perception, p. 220-22.

ordre des idées

1) Observation générale portant sur la manière dont l'homme se sert de son corps : celle-ci n'est pas simplement déterminée par le corps, mais par autre chose que lui, quelque chose qui le dépasse (les institutions culturelles). — Exemples de conduites et sentiments qui ne sont pas définis par le corps lui-même, mais par la culture, donc selon des conventions sociales (variables selon les cultures) : crier, embrasser, se sentir père. —Comparaison. Ces conduites et sentiments sont aussi conventionnels et donc inventés qu'un code linguistique, qu'une langue (qui fait arbitrairement correspondre telle suite de sons à tel sens, à telle réalité objective).

2) Critique des analyses qui différencieraient en l'homme deux êtres distincts, séparés : un être purement naturel d'une part, purement culturel de l'autre.
Justification de cette critique : en l'homme, tout est à la fois naturel et culturel : — ce qui est culturel (langage, etc.) a une dimension biologique (dépend de notre manière corporelle d'être dans le monde). — ce qui est biologique (conduites vitales) se détache du biologique, a un autre sens que biologique, un sens culturel. D'où une définition de l'homme, être dont les conduites n'ont pas qu'un seul sens, qu'une seule interprétation possible.



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