Mégare, ville de la Grèce centrale qui commandait l’isthme de Corinthe.
Mégare, ville de la Grèce centrale qui commandait l’isthme de Corinthe.
La Mégaride était séparée de la Corinthie par les monts Géraniens, et de l’Attique par les monts Kérata. Malgré un sol ingrat, elle avait l’avantage, comme Corinthe, de posséder des ouvertures sur deux mers, où elle avait établi deux ports : Pagai, sur le golfe de Corinthe, et Nisaia, sur le golfe Saronique, protégé par la petite île de Minoa. Cette dernière était peut-être une guette phénicienne, ou plutôt un établissement crétois à l’époque préhellénique. La cité fut sans doute fondée à l’époque mycénienne ; on peut supposer qu’il existait un établissement, peut-être d’origine ionienne, Tripodes, à l’emplacement de l’agora de l’époque classique, et un établissement fortifié sur une de ses deux acropoles, l’Alcathoi, fondé par un fils de Pélops, Alcathous. Elle formait alors avec l’Attique une des quatre tribus territoriales ioniennes. Les Doriens l’occupèrent, et c’est de cette époque que doit dater sa nouvelle appellation de Mégara, du nom des manoirs (mégaron) de ses maîtres situés sur ses acropoles (la Caria et l’Alcathoi) ; on trouve alors la division dorienne en trois tribus, réparties en cinq kômê. Hardis navigateurs, les Mégariens partirent de Pagai pour aller fonder en Sicile Mégara Hyblaia (v. 728 av. J.-C.), et de Nisaia pour s’installer à Sélymbria (667 av. J.-C.) sur la Propontide, et, sur le Bosphore, à Chalcédoine, à Asiacos et, enfin, à Byzance (v. 660 av. J.-C.). Maîtres du Bosphore, ils dominèrent le commerce avec le Pont-Euxin, et les richesses affluèrent dans cette cité, où l'aristocratie dorienne d’éleveurs et guerriers se transforma en bourgeoisie industrielle et commerçante. Le viie s. av. J.-C. vit l’apogée de la prospérité de Mégare, devenue la ville du rire et des jeux, et qui fera connaître les premières formes de la comédie aux Athéniens, et à ses voisins syracusains dans sa colonie d’Hyblaia. Au milieu du siècle — peut-être un contre-coup de l’invasion cimmérienne qui dévasta le Bosphore — la famine sévit dans le peuple, et un aristocrate, Théagène, se fit acclamer par la foule pour lui avoir livré le bétail des nobles (640 av. J.-C.). Maître de Mégare, Théagène s’allia avec Cypsélos, tyran de Corinthe, jusqu’alors ennemie de Mégare, puis soutint Cylon dans son coup d’État à Athènes. L’échec de celui-ci causa la guerre avec Athènes, et les Mégariens s’installèrent à Salamine (632). Théagène fut banni par le peuple, et il est possible que la cause en fut la reprise de Salamine par les Athéniens. Une démocratie fut installée qui se maintint jusqu’à l’occupation de Nisaia par Pisistrate (v. 570 av. J.-C.). Il semble qu’à la suite de cette défaite le gouvernement démocratique ait été remplacé par une oligarchie modérée, qui se désintéressa alors des événements de la Grèce et se tourna vers ses colonies ; elle adhéra cependant à la symmachie Spartiate et fournit vingt vaisseaux à la bataille de Salamine. Elle rompit ensuite avec Sparte pour s’allier avec Athènes, qui tint garnison dans sa citadelle (461 av. J.-C.) et l’unit à son port de Nisaia par des longs murs. En 441 av. J.-C. les aristocrates chassèrent les Athéniens et ceux-ci fermèrent ses marchés au début de la guerre du Péloponnèse. Sparte, victorieuse, rejeta de nouveau Mégare vers Athènes par ses exigences, mais son rôle politique fut à peu près nul par la suite. Aratos l’incorpora dans la ligue Achéenne avant qu’elle ne devienne colonie romaine. Mégare était célèbre par son culte d’Artémis Malophoros et par son héros Dioclès ; autour de l’autel de celui-ci, il y avait des concours de baisers entre jeunes garçons.
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