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Maurice Genevoix

Né en 1890 à Decize (Nièvre) dans une île de la Loire, Maurice Genevoix suit des études secondaires au Lycée d’Orléans, puis prépare l’Ecole Normale Supérieure à Paris. Il présente un diplôme d’Etudes Supérieures sur « le Réalisme des romans de Maupassant ». Mobilisé en 1914, il sera grièvement blessé au cours de la bataille de la Marne. Après la guerre, il décide de se consacrer aux lettres. Reçu à l’Académie française en 1946, il en sera le Secrétaire Perpétuel de 1958 à 1974.
Les premiers écrits de Maurice Genevoix résultent directement de son expérience de la guerre de 14-18. Quatre livres écrits sur ce sujet expriment de manière brute, sans effets, l’horreur que lui ont inspiré ces quatre années passées dans la boue des tranchées. Dernier survivant d’une lignée d’écrivains protestataires — Barbusse, Céline, Dorgelès — Maurice Genevoix fait figure de témoin exceptionnel de cette période, ce qui lui valut de prononceren 1976 à Verdun un discours sur la demande même des vétérans. Mais c’est surtout en tant que chantre de la nature, de ses beautés visibles et de ses secrets bien gardés, que Maurice Genevoix s’est rendu populaire. L’auteur de Raboliot (Prix Concourt 1925) a su célébrer, au moyen d’un vocabulaire précis, inhérent à la région de l’Orléanais et de la Sologne, soutenu par un ton intimiste, l’alliance de l’homme avec les eaux libres, les animaux de la forêt, les différentes espèces d’oiseaux, et son accord avec les nuances du paysage : un monde d’avant le déferlement des pollutions industrielles. Le romancier familiarisé avec l’œuvre de Maupassant a également rendu proches de nous des cœurs simples, des êtres frustes irréductiblement rebelles aux lois du monde. La qualité de ses connaissances sur toutes les formes de vie qui composent la nature, l’étendue de son bestiaire, contribuent à faire apparaître Maurice Genevoix comme un « romancier écologique », et lui confèrent l’autorité pour dénoncer les atteintes portées par l’homme sur une faune et une flore qu’il s’est obstiné à ignorer et à détruire.

► Principaux titres Romans, contes, nouvelles et souvenirs : Rémi des Rauches, 1922, Flammarion ; Raboliot, 1925, Grasset ; L'Assassin, 1930, Flammarion ; La Dernière Harde, 1938, Flammarion ; Ceux de 14 (réunissant Sous Verdun, Nuits de guerre, La Boue, Les Epar-ges) Réédition 1950, Flammarion ; L'aventure est en nous, 1952, Flammarion ; La Loire, Agnès et les garçons, 1962 Presses de la Cité ; La Forêt perdue, 1967, Presses de la Cité ; Un Jour, 1976, Le Seuil ; Essais : Afrique Blanche, Afrique Noire, 1944, Flammarion ; Vlaminck, 1954, Flammarion.


Romancier, né à Decize. Normalien en 1914, il part au front dès les premiers jours de la guerre ; il y sera blessé gravement. La « violence » ? Il en sort. Le « monde moderne » ? Il l’a parcouru de l’Amérique du Nord à l’Afrique (avec une préférence pour celle-ci) et il retourne le plus tôt et le plus souvent possible à la nature. Ses successifs « bestiaires » (Tendre bestiaire, Bestiaire enchanté, Bestiaire sans oubli), de 1969 à sa mort, sympathisent aussi bien avec la girafe qu’avec le lucane, en passant par le sanglier et l’ablette. Ce singulier secrétaire perpétuel de l’Académie française a toujours conservé un faible pour les êtres frustes, les insociables (le braconnier Raboliot, 1925), les fauves irréductibles (La Dernière Harde, 1938), ceux enfin que l'homo technicus croit avoir apprivoisés (le chat Rroû, 1931). Le Grand Prix national des lettres, en 1970, entendait peut-être, lors de la première vague écologiste, saluer, en la personne de cet écrivain de plein vent, un précurseur.

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