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MATIÈRE

MATIÈRE, n.f. (lat. materia ou materies, le «matériau» («mère») dont est faite une chose, et, d'abord, le bois ; même idée en grec avec le mot hulê). C’est le sens premier, qui reste toujours sous-jacent : la chose naturelle que le travail humain utilise, transforme. ♦ 1° Aristote, opposée à forme. Élément indéterminé, potentiel, par rapport à la détermination d'une forme (ces deux éléments ne sont pas des choses, mais des principes, c'est-à-dire que, dans la réalité, il n'y a pas de matière sans forme). («Hylémorphisme») Même sens chez les scolastiques. ♦ 2° Descartes. Ce qui est étendu. ♦ 3° Kant. La donnée sensible de l'expérience humaine, considérée indépendamment de toute détermination (la diversité sensible pure). C'est, comme chez Aristote, un principe abstrait. ♦ 4° Morale. L'acte accompli effectivement, considéré indépendamment de l'intention ; de même en logique. ♦ 5° Par analogie. La donnée (la matière de ce livre, ce sont les mots utilisés en philosophie).

MATIÈRE

♦ Confondue par les premiers penseurs grecs avec la nature, la matière est primitivement ce qui est appelé à transformation par le travail humain. Plus spécialement, Aristote l’oppose à la forme pour désigner dans l’objet la simple potentialité, qui sera actualisée par la forme.

♦ Descartes l’identifie pour sa part à l’étendue, indépendamment de ses qualités superficielles (goût, couleur...) : mesurable, le réel peut dès lors être connu mathématiquement.

♦ Si l’on prend « forme » dans des acceptions particulières, la matière désigne, en morale kantienne, le contenu de l’acte, dont la seule considération ne suffit pas à assurer la moralité ; et en logique formelle, ce qu’énonce un jugement ou une proposition.

matière, substance étendue, divisible, pesante et susceptible de toutes sortes de formes. C'est en ce sens qu'Aristote a défini la matière comme une réalité « potentielle ». — Le problème de la nature de la matière est le problème de la science (en particulier de la physique); le problème fondamental de la philosophie est celui de la nature de l'esprit (Bergson, la Pensée et le mouvant : métaphysique et science) : les domaines respectifs de la science et de la philosophie restent ainsi parfaitement distincts et déterminés, et par là même impossibles à confondre.

Matière

Du latin materies, « souche des arbres », « bois de charpente », puis « matériau de construction ». - Ce en quoi les choses sont faites, par opposition à la forme. - En logique (matière d’un raisonnement) : ce qu’énoncent les termes d’un raisonnement, indépendamment des relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres (contraire : forme). - Chez Aristote, ce qui est susceptible de recevoir une forme. - En sciences, les éléments constitutifs de la réalité physique (atomes, molécules, etc.). • La proposition « Tous les cygnes sont blancs » a pour matière les termes cygne et blanc. Du point de vue de la forme, c'est une proposition de type « Tout A est B ». • D'après Aristote, la matière demeure indéterminée, puissance (ou pure virtualité), tant qu'elle n'est pas structurée par une forme. • Pour Descartes, la matière est la substance même des corps, dont l’attribut essentiel est l'étendue.

MATIERE (n. f., étym. : latin materia : substance dont est faite la mater de l’arbre, c.-à-d. le tronc qui donne naissance aux rameaux) 1. — (Ant., scol.) Substrat informel qui constitue dans les choses ce qui est susceptible de recevoir une forme ; opposée à forme; Syn. puissance, par opposition à acte ; on distingue la matière première absolument indifférenciée, de la matière seconde qui possède déjà quelque détermination ; Saint Thomas appelle matière désignée (materia signata), celle qui est considérée sous des dimensions déterminées, c.-à-d. qui entre dans la définition d’un individu (cf. individuation). 2. — (Class., auj.) Réalité constitutive du monde phys. des corps ; opposée à esprit ; Descartes l’identifie à l’étendue : la phys. étudie les propriétés de la matière. 3. — Tout ce qui, pour une activité quelconque, est une donnée, objet d’une élaboration ultérieure. 4. — (Logique class.) Cf. forme au sens 3 ; Syn. contenu. 5. — Pour Kant, donnée empirique de la conscience : « J'appelle matière dans le phénomène, ce qui correspond à la sensation ; mais ce qui fait que le divers du phénomène est coordonné dans l’intuition selon certains rapports, je l’appelle forme du phénomène. » 6. — (Morale) À la suite de Kant, on appelle matière de l’acte moral, l’acte effectivement accompli, abstraction faite des intentions de l’agent. 7. —Matière subtile : pour Descartes, sorte de fluide formé des parties les plus fines et les plus mobiles de la matière (sens 2). 8. — Matière intelligible : a) Pour Aristote, un cercle considéré comme simple entité math, est un véritable individu qui se distingue d’un autre de même rayon, c’est la matière intelligible (hylê nôêtike) qui permet cette multiplication ; les commentateurs s’accordent pour l’identifier avec l’espace géométrique ; Saint Thomas en fait le substrat de la quantité, b) Pour Plotin, la séparation de la matière et de la forme se faisant par l’esprit, elles sont toutes deux des intelligibles.

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