LUTHER
LUTHER, théologien réformateur allemand (Eisleben, Thuringe, 1483 - id. 1546). D’une famille modeste et austère — Luther a raconté la grande sévérité de son enfance —, il fit ses études à Magdebourg, puis à Eisenach et à Erfurt où il devint maître en philosophie. Il entra alors chez les augustins d’Erfurt où il fut ordonné prêtre. Étudiant avec ardeur, il devint docteur en théologie et fut nommé professeur à l’université de Wittenberg. D’une nature ardente, il pratiquait l’ascétisme. Envoyé en mission à Rome en 1510, il fut choqué par la cour pontificale et prit part à la polémique sur les «indulgences», s’opposant à l’inquisiteur Tetzel, lequel les vendait aux naïfs, qui pensaient ainsi obtenir le pardon de leurs péchés. Luther, qui ne pensait au début qu’à réformer cet abus et affirmer les théories pauliniennes du salut par la grâce de Dieu accordée à la foi, ne tarda pas à se révolter ouvertement contre le pape. Il proposa une discussion de quatre-vingt-quinze thèses, qu’il afficha sur la porte de l’église de Wittenberg (1517). Après trois années de controverses, la pape Léon X lança contre lui une bulle d’excommunication, que Luther brûla solennellement sur la place publique de Wittenberg. La rupture était consommée, le théologien rebelle devait s’expliquer. Charles Quint le pria alors de comparaître devant la Diète de Worms où il exprima sa profession de foi. L’Empereur allait sévir lorsque l’Électeur de Saxe, pour le protéger, l’enferma dans le château de la Wartburg, où, sous le nom de chevalier de Saint-Georges, il traduisit le Nouveau Testament en allemand. Il revint à Wittenberg, appelé par Melanchthon, car la révolte contre l’Église qu’il avait amorcée faisait des progrès, mais dans un grand désordre où se mêlaient la politique et les soulèvements paysans. La guerre civile éclata après la publication de ses œuvres Contre les prophètes célestes, puis Contre les paysans meurtriers et pillards. En 1525, il épousa une jeune nonne, Catherine de Bora, et passa le reste de sa vie à écrire, tantôt pour défendre son interprétation du protestantisme contre toutes les déviations qui s’amorçaient, tantôt pour fixer les règles de sa doctrine. Il travailla à l’organisation de son Église avec Melanchthon, qui rédigea la fameuse Confession d’Augsbourg, base de la constitution de toutes les Églises luthériennes, Luther, un des grands écrivains allemands, a laissé de nombreux ouvrages de polémique religieuse, dont le Petit et le Grand Catéchisme de l’ordre du service divin, fixant le culte, et le Petit traité de la liberté chrétienne, ainsi que d’autres traités affirmant la justification par la foi.
luthériens, protestants qui adoptent les doctrines de Luther par opposition, dès le début de la Réforme, aux protestants calvinistes, forme plutôt française et suisse, tandis que le luthérianisme est dominant en Allemagne, dans les pays Scandinaves et baltes, en Hollande, en Europe centrale et orientale et en Amérique. La croyance de base est la justification par la foi dans le Christ, celle du Credo, ou «symbole des Apôtres».
Moine allemand, réformateur religieux. Il dénonce les abus de l’autorité ecclésiastique et s’élève notamment contre la « vente des indulgences » dans ses « 95 thèses » qui consacrent sa rupture avec le Vatican (1517). ♦ La pensée théologique de Luther repose pour l’essentiel sur les affirmations suivantes : la Bible est la seule autorité en matière de foi ; l'homme ne peut être libéré du péché originel que par la foi et la grâce divine, ce qui entraîne le salut pour un certain nombre et la damnation éternelle pour les autres. La méchanceté naturelle des hommes soumis au péché justifie le pouvoir spirituel - sous la loi du Christ - et le pouvoir temporel - sous la loi du prince. Théoricien de l'Etat fort et autoritaire (d’origine divine), Luther ne reconnaît aucune limite au pouvoir politique, sauf quand il ordonne d’obéir aux directives du pape. En le soumettant au prince, la réforme luthérienne fait du chrétien un citoyen. Œuvres principales : Petit Extrait de la liberté humaine (1520) ; De l’autorité temporelle (1523) ; De servo arbitrio (1525) ; Petit et Grand Catéchisme (1529).
XVIIe siècle. ♦ « Il eut de la force dans le génie, de la véhémence dans son discours, une éloquence vive et impétueuse, qui entraînait les peuples et les ravissait; une hardiesse extraordinaire quand il se vit soutenu et applaudi, avec un air d’autorité qui faisait trembler devant lui ses disciples... » Bossuet. XVIIIe siècle. ♦ « Luther, lorsqu’il commença à traduire la Bible, travailla contre cette vérité, admise par l’Eglise, qu’il valait mieux ne pas lire la Bible dans sa langue natale. » Lessing. ♦ « Quelle force d’éloquence, quel génie d’exposition, quel prophète ! » Hamann. ♦ « Luther fut un grand patriote. Il est connu depuis longtemps comme l’éducateur de la Nation allemande, comme le réformateur de toute l’Europe éclairée; même les peuples qui n’ont pas adopté sa doctrine religieuse ont recueilli les fruits de sa réforme. Il attaqua le despotisme spirituel qui étouffait toute pensée libre et saine, véritable Hercule, et il rendit à tous les peuples, en premier lieu dans l’ordre des choses les plus sévères, les spirituelles, le besoin de la Raison. » Herder. XIXe siècle. ♦ « Les Allemands ne sont devenus un peuple pour la première fois que par Luther... Nous ne songeons guère à tout ce que nous devons à Luther et à la Réforme. Par elle nous avons été libérés des chaînes de l’obscurantisme, nous sommes devenus capables de développer notre propre culture, de retourner aux sources et d’étreindre le christianisme dans sa pureté. » Gœthe. ♦ « Luther a beaucoup fait dans le domaine de l’éducation, de la culture et dans beaucoup d’autres domaines. Mais il était possédé par une toute-puissante inspiration, l’angoisse du salut, qui devint en quelque sorte la vie de sa vie et lui donna ces dons et cette force qui éblouissent la postérité » Fichte. ♦ « Il est d ’une importance éternelle que le peuple, par la traduction luthérienne de la Bible, ait reçu un livre à sa portée où il put trouver une sagesse éternelle et un sentiment grandiose de la vie... Luther a opéré une grande réforme dans l’Eglise catholique elle-même... » Hegel. ♦ « Toujours nous voyons Luther diriger ses armes dans deux directions : contre la papauté, qui essaye de reconquérir le terrain perdu par elle, et contre les nombreuses sectes qui à côté de lui s’en prenaient tout à la fois à l’Eglise et à l’Etat... Comment Luther aurait-il toléré que, dans le camp opposé, s'établît cette confusion des éléments temporel et spirituel qui lui avait inspiré tant d 'horreur dans la papauté... » Ranke. Luther possédait le don extraordinaire d'accorder ses pensées vivantes et les besoins de son temps... Il était né pour le commerce et pour la puissance. Dans sa personne, il y avait quelque chose d'autocratique, de souverain. Ses invectives..., son humour féroce... sont l'expression du sentiment de puissance d'un homme sans peur.» Diltey. ♦ « Luther, l'événement allemand le plus récent. » Nietzsche. ♦ « Un Odin chrétien, un vrai Thor... » Carlyle. ♦ « Voilà la vraie Renaissance. Elle est trouvée. C'est la Renaissance du cœur... Ce ne fut pas un verset de saint Paul, un vieux texte si souvent reproduit sans action, qui renouvela le monde. Ce fut la tendresse, la force du grand cœur de Luther, son chant, son héroïque joie... [au contraire des hommes du Moyen Age] la bénédiction de Dieu, qui était en Luther, apparut en ceci surtout, que, le premier des hommes depuis l'Antiquité, il eut la Joie et le rire héroïque. » Michelet.
Liens utiles
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- Calvin, qui tente d'appliquer avec Farel les principes de la Réformeétablis par Luther, échoue et doit quitter la ville (1536).
- La fête de la RéformationEn souvenir de l'affichage des 95 thèses de Martin Luther, dénonçantle trafic des indulgences.