Databac

Les animaux ont-ils des droits ? (Les représentations du monde - L’homme et l’animal)

Les animaux ont-ils des droits ? (Cours de spécialité d’humanités, littérature et philosophie)
PROBLÉMATIQUE : Peut-on étendre la notion de droit jusqu'au règne animal ? Les animaux méritent-ils notre respect ? Doit-on les considérer comme des personnes ? N'est-il pas absurde de reconnaître des droits sans réciprocité possible ? Un être sans pensée ni liberté peut-il être sujet de droit ?
THÈSE : Seul l'homme est sujet de droit. L'animal n'est qu'un objet animé.

ANTITHÈSE : Même si l'animal n'a pas de droit, l'homme a le devoir de ne pas lui nuire gratuitement.

1a) Les animaux n'ont ni conscience, ni liberté. Tous leurs comportements obéissent à un instinct. Leurs réactions sont automatiques, involontaires. L'homme, à la différence des bêtes, est doté de langage, grâce auquel il peut livrer sa pensée. L'homme peut aussi s'adapter en fonction des circonstances. Il est doué de raison. En revanche le comportement animal est celui d'une machine programmée. Un animal n'a pas d'esprit. Il ne peut donc rien connaître. Ses mouvements ne sont que des réactions mécaniques. Il faut de l'intelligence pour pouvoir s'écarter de gestes stéréotypes.

2a) Les bêtes possèdent en réalité une sensibilité. L'animalité est le caractère de tous les êtres dotés de sensibilité. De sorte que l'homme comme la bête sont des animaux. Ce qui explique la définition classique de l'homme comme « animal raisonnable » (Platon) ou « animal politique » (Aristote). « Animal » ici désigne le genre ; « raisonnable » ou « politique » désigne la différence spécifique. Il importe peu alors que l'animal soit dénué de raison. Il demeure que nous partageons la souffrance avec les bêtes.

1b) L'homme est une fin, l'animal n'est qu'un moyen. Dire que l'homme est libre, c'est dire qu'il s'appartient à lui-même, puisqu'il ne dépend que de lui. L'homme est doté du libre-arbitre, propriétaire de soi. Il est contradictoire alors de vouloir se servir de l'homme comme d'un moyen. Cela reviendrait à nier sa liberté, donc son humanité. Voilà pourquoi Kant peut écrire dans les Fondements de la métaphysique des moeurs que « l'homme existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen ». Par là on reconnaît à l'homme une valeur intrinsèque, ce que Kant appelle une « dignité ». D'où le respect que l'on doit à la nature humaine. L'animal ne mérite pas qu'on lui accorde le respect au sens strict du terme, puisqu'il n'est pas sujet de droit. Les animaux comme les choses sont des moyens entre nos mains. Seul un être raisonnable peut avoir des droits. La notion de droit ne se conçoit que pour un sujet.

2b) Si l'animal n'est pas sujet de droit, est-il cependant légitime d'en déduire que l'homme n'a aucun devoir à son égard ? La souffrance animale nous semble haïssable quoique nous dénions l'idée d'un droit des animaux. C'est un devoir de l'homme envers lui-même, de ne pas faire souffrir les animaux. Ainsi l'homme se dégraderait en les faisant souffrir inutilement par jeu ou par plaisir : « La cruauté envers les animaux est la violation d'un devoir de l'homme envers lui-même. » (Kant). L'homme doit les traiter avec compassion et éviter le plus possible de les faire souffrir car « l'homme qui est capable de cruauté avec eux, sera aussi capable de dureté avec ses semblables. » (Kant, « Leçons d'éthique »).

1c) L'idée d'un droit des animaux est absurde. La personne à laquelle s'applique le droit est toujours d'emblée engagée par la réciprocité. Ainsi, le droit de l'un correspond au devoir de l'autre, et vice versa. La notion de droit implique donc de reconnaître que le sujet du droit (la personne à laquelle il s'applique) puisse revendiquer ses droits et comprendre ses devoirs. Or, l'animal n'est évidemment pas capable d'une telle revendication. Il ne peut pas signer un « contrat ». La notion de droit ne peut s'appliquer quand il s'agit de l'animal. En effet, le droit suppose la réciprocité, notion qui ne s'applique que lorsqu'il s'agit d'un autre être humain. Si l'animal avait des droits comparables à ceux de l'homme, nous devrions tous devenir végétariens voire végétaliens.

2c) L'animal doit néanmoins être protégé. Ce n'est pas parce qu'on ne reconnaît pas à l'animal le statut d'être juridique et, donc, des droits qu'il faut pour autant tout se permettre à son égard (cruauté, sadisme, etc.). C'est au nom même de l'homme que nous devons sauvegarder ce patrimoine commun qui est le règne animal. Si un contrat naturel n'est pas envisageable, en revanche le droit peut contraindre à l'homme de protéger les animaux. L'homme est dans l'obligation de protéger la vie animale et de vivre en harmonie avec son milieu, au nom de son propre droit à la vie. On sait par exemple que la disparition des abeilles rendrait la planète invivable pour l'homme lui-même.

TRANSITION :

CONCLUSION :

L'animal n'est certes pas une personne, il n'a donc pas de droits au sens strict du terme. Cependant, ne devons-nous pas nous efforcer de ne pas le faire souffrir inutilement voire de le protéger ?

La nature n'a pas de droits au sens strict puisqu'elle ne peut être considérée comme un véritable sujet. Cependant, ce n'est pas pour autant que l'homme n'a pas l'impérieuse nécessité de la protéger, y compris par des textes réglementaires. C'est d'ailleurs au nom de l'homme lui-même, qui a droit à un biotope lui permettant d'assurer sa vie, que la nature doit être l'objet de nos soins.

Liens utiles