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Le bonheur réside-t-il dans l’accumulation des plaisirs ? (Hédonisme) - Cours sur le bonheur

I] Le bonheur réside-t-il dans l’accumulation des plaisirs ? (Hédonisme).

L'hédonisme est la doctrine philosophique qui fait de la recherche du plaisir le but ultime de l'existence et de sa conquête, le souverain bien.

Fiction philosophique : Et vous, que choisiriez-vous ?!

Homère, dans l’Illiade, raconte l’histoire suivante :
La mère d’Achille, Thétis, une divinité marine, demande à son fils, de faire le choix suivant :
-            Soit d’avoir une vie longue, paisible et anonyme.
-            Soit d’avoir une vie brève, intense et glorieuse.
            Achille choisira sans hésiter la vie héroïque et mourra d’une flèche dans le talon… d’Achille, tirée par le troyen Pâris. Achille avait à peine une 20aine d’année…
 
De même, préféreriez-vous :


1) L’hédonisme des sophistes et des libertins.

Plaisir = souverain bien. Recherche inconditionnée du plaisir.
Sophistes = faux professeurs d’une fausse sagesse. Platon les a pris pour adversaires philosophiques. Les plus célèbres sont Gorgias, Calliclès, et Protagoras.

Pour eux, le but de l’existence est d’être heureux. Pour y parvenir, il faut satisfaire tous ses désirs.

On retrouvera une telle aspiration hédoniste à la réalisation de tous nos désirs dans le libertinage (https://databac.fr/hedonisme-et-libertinage/) et la société de consommation actuelle (slogans de Mai 68).
 
 
TEXTE : Le bonheur est dans la satisfaction de tous nos désirs (Calliclès)
 
La manière la plus simple de concevoir le bonheur est d’affirmer qu’il consiste en la satisfaction de tous nos désirs. C’est la conception de Calliclès, personnage d’un dialogue de Platon, le Gorgias. Socrate, critiquant l’hédonisme, utilise une métaphore pour pousser le sophiste au bout de son raisonnement : c’est la célèbre image du tonneau des Danaïdes ( https://databac.fr/danaos-2-1/ ):

"Socrate: Considère si tu ne pourrais pas assimiler chacune des deux vies, la tempérante et l’incontinente, au cas de deux hommes, dont chacun posséderait de nombreux tonneaux, l’un des tonneaux en bon état et remplis, celui-ci de vin, celui-là de miel, un troisième de lait et beaucoup d’autres remplis d’autres liqueurs, toutes rares et coûteuses et acquises au prix de mille peines et de difficultés; mais une fois ses tonneaux remplis, notre homme n’y verserait plus rien, ne s’en inquiéterait plus et serait tranquille à cet égard. L’autre aurait, comme le premier, des liqueurs qu’il pourrait se procurer, quoiqu’avec peine, mais n’ayant que des tonneaux percés et fêlés, il serait forcé de les remplir jour et nuit sans relâche, sous peine des plus grands ennuis. Si tu admets que les deux vies sont pareilles au cas de ces deux hommes, est-ce que tu soutiendras que la vie de l’homme déréglé est plus heureuse que celle de l’homme réglé ? Mon allégorie t’amène-t-elle à reconnaître que la vie réglée vaut mieux que la vie déréglée, ou n’es-tu pas convaincu ?
Calliclès : Je ne le suis pas, Socrate. L’homme aux tonneaux pleins n’a plus aucun plaisir, et c’est cela que j’appelais tout à l’heure vivre à la façon d’une pierre, puisque, quand il les a remplis, il n’a plus ni plaisir ni peine ; mais ce qui fait l’agrément de la vie, c’est d’y verser le plus qu’on peut. "
Platon, « Gorgias », 493b – 494b

= Texte lu : https://www.youtube.com/watch?v=pRNk-2JHkXM (de 2 h 10’ 44’’ à 2h 12’03).

Thèse : une vie faite de désirs mesurés est plus heureuse qu’une vie déréglée

Selon Socrate, l’homme qui ne maîtrise pas ses désirs se laisse en fait dominer par eux et se voue à l'insatisfaction perpétuelle. Pour Calliclès, en revanche, celui qui tente de les limiter se prive de toute possibilité de satisfaction. Vivre sans désir, ce serait « vivre comme les pierres », c’est-à-dire renoncer à ce qui fait de nous des hommes pour mener une existence ennuyeuse et monotone. 

Critique des sophistes = Le désir n’est jamais pleinement satisfait. Il renaît comme le Phoenix, il est insatiable comme Tantale. L’avare veut toujours plus d’argent. Le Don Juan, plus d’aventures. Le dictateur, plus de pouvoir.
L’homme aura toujours plus de désirs qu’il n’en pourra satisfaire. Les sophistes pensaient que bonheur = pouvoir de satisfaire tous ses désirs. Bonheur illusoire des sophistes = plus j’ai de pouvoir, plus mes désirs augmentent. Plus j’ai de pouvoir et plus j’ai de désirs qui excèdent ce pouvoir. Cet écart, se sont mes désirs insatisfaits, ma frustration.
Ainsi le tyran (maximum de pouvoir) n’est pas le plus heureux des hommes.
Est réellement pauvre / malheureux, celui qui a plus de désirs qu’il ne peut satisfaire. Est réellement riche / heureux, celui qui a moins de désirs qu’il peut satisfaire.
Le tyran est bien le plus malheureux des hommes, lui qui se veut le maître des autres est l’esclave de ses désirs, de lui-même. Il n’est même pas son propre maître, puisqu’il ne peut résister à ce qui fait son malheur.



 
Critique de l'hédonisme; le bonheur est-il réductible au plaisir ?

Si pas de désir antérieur voire de souffrance, pas de plaisir. Un même plat m’enchante lorsque j’ai faim mais m’écoeure lorsque je suis rassasié.
Un plaisir qui dure devient habitude puis aversion.
Désir est manque. L’objet qui comble ce manque fait plaisir car il met fin à la souffrance. La cessation de la souffrance cause du plaisir.
Le plaisir est la satisfaction d’une tendance biologique (faim, soif, sexualité). Les plaisirs sont donc multiples et hétérogènes.
Le plaisir est particulier, limité, fugace. Il s’éprouve dans l’instant, il est du domaine de la sensation.
Le bonheur, au contraire, se définit comme l’état de complète satisfaction de tous les penchants humains. L’homme heureux est celui qui comblé n’éprouve ni regret, ni frustration, ni douleur, ni contrariété.
On pourrait dire que l’on peut éprouver du plaisir sans être heureux mais on ne peut être heureux sans éprouver du plaisir. Le bien-être que nous apporte le plaisir ne semble pas pouvoir nous mener vers un authentique bonheur. Il est nécessaire mais non suffisant.




















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