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La conclusion du commentaire composé

La conclusion est souvent négligée. D'abord, parce que, ne vous étant pas toujours suffisamment entraîné à travailler en temps limité, vous ne réussissez pas, le jour de l'examen, à lui consacrer le temps qu'elle mérite. Ensuite, parce que vous n'avez pas assez réfléchi au rôle qui lui est dévolu. Après avoir évoqué les défauts les plus souvent rencontrés, nous vous amènerons donc à comprendre comment la construction de la conclusion découle tout naturellement de sa fonction.

LES CONCLUSIONS À ÉVITER

Les mauvaises conclusions qui figurent à la fin des copies peuvent se ramener aux différentes catégories énumérées ci-dessous.

1. La conclusion bâclée

La conclusion bâclée du type : On constate donc, à travers toute cette analyse, que l'auteur a fait preuve d'un art littéraire consommé n'est pas rare. Pour éviter ce genre de lieu commun, répétons-le, il faut, dès la classe de Seconde, apprendre à travailler dans les conditions de l'examen.

2. La conclusion banale

La conclusion banale est fréquemment du même genre que la précédente. La banalité est aussi souvent le fait du manque de temps que du manque d'idées. Elle consiste à répéter, à propos de l'art d'un écrivain dont on vient de commenter une page, un lieu commun usé jusqu'à la corde (la sensibilité de l'auteur, l'art de la description, ou, selon le cas, du dialogue, du récit, etc.). Il ne faut pas oublier que répondre à la question qui porte sur la richesse littéraire d'une page vous oblige à dépasser ces expressions toutes faites pour définir le moyen original de cette richesse.

3. La conclusion comme simple récapitulation

Ce type de conclusion se réduit à répéter les conclusions de chaque partie sans véritablement conclure. Par exemple, si vous écrivez en conclusion : « Dans ce passage, Flaubert a montré, à travers la description des deux personnages, que Charles est gêné et maladroit tandis qu'Emma est gracieuse et entreprenante.» Cela, le développement nous l'a appris d'une façon plus élégante et plus complète. Le résumer n'est utile que si l'on veut en tirer une conclusion plus étoffée ou passer à un élargissement.

4. La conclusion, simple jugement sur l'auteur

Pensant avoir tout dit, vous terminez sur un simple jugement de qualité. Par exemple : «Après avoir examiné tous ces éléments, force nous est de conclure que la réussite descriptive de Flaubert dans ce passage est totale.» Vous exprimez un avis, un jugement de goût, mais vous oubliez de rappeler les questions posées et les points examinés. Le lecteur est surpris et s'égare devant une fin aussi abrupte.

5. La conclusion toute prête

Vous aviez dans votre cartouchière une citation du meilleur tonneau et quelques phrases bien tournées. Et, au lieu d'exprimer tout simplement un jugement personnel, vous réalisez des acrobaties pour « placer votre marchandise ». Pour convaincre, les dernières lignes doivent donner le sentiment de découler naturellement et même nécessairement de ce qui précède, et non donner le sentiment d'un placage de connaissances gardées en mémoire. D'un point de vue général, on évitera aussi de commencer la conclusion par des formules comme « En conclusion...» ou « Pour conclure...». Vous pouvez faire sentir d'une façon plus élégante qu'on en arrive au dénouement.

FONCTION DE LA CONCLUSION

La conclusion est particulièrement importante ; elle doit laisser une bonne impression et si possible une impression forte. À cette interrogation sur le rôle réel de la conclusion, on pourrait répondre d'abord qu'elle sert à marquer nettement qu'une réflexion sur le texte, commencée cinq ou six pages plus haut, aboutit à un contenu digne d'intérêt. Elle est le lieu où l'on montre que l'on n'a pas écrit pour rien, et que, d'interrogations multiples sur le texte, on est passé à des réponses. La conclusion doit montrer que l'on n'a pas réfléchi en vain. Elle doit donc contenir, à propos des questions suscitées par le texte et traitées dans le commentaire, une réponse globale, apte à faire voir que l'analyse a produit un résultat. Il ne s'agit pas d'une simple répétition très abrégée du contenu des différents centres d'intérêt. L'ensemble du développement vous a, en principe, permis d'étudier dans le détail et avec ordre les procédés mis en œuvre pour produire certains effets. La question qui se pose alors naturellement au moment de conclure est celle de l'adéquation des procédés à l'effet, ou, en termes simples, celle de la «RÉUSSITE» (ou de l'échec) de l'auteur dans le passage à commenter. Cette question de la réussite de l'auteur peut sembler banale, mais il n'est pas possible de l'éviter. S'habituer, en fin de trajet, à poser régulièrement la question de l'art de l'écrivain dans la page concernée, c'est d'ailleurs se donner un moyen facile de ne jamais demeurer sans réaction devant l'obligation d'écrire cette partie du commentaire, courte mais indispensable, qu'est la conclusion.

LA CONSTRUCTION DE LA CONCLUSION

Avant de rédiger votre conclusion, relisez l'ensemble de votre devoir. Reconstituez sa logique. Dans l'introduction, vous avez répondu successivement à trois questions : thème ? procédé ? intention ? Dans le corps du devoir, vous avez montré comment certains effets étaient produits dans le texte et avec quels moyens littéraires. Dans la conclusion, au terme de ce trajet, il vous faut maintenant dire d'une manière argumentée si ces moyens ou procédés ont été employés d'une façon satisfaisante. Il vous faut poser la question de la réussite de l'auteur dans le texte et dans les choix littéraires qu'il y fait. Évitez, cependant, de vous permettre d'adjuger, avec quelque arrogance, un satisfecit à ces grands auteurs que sont Racine, Hugo, Stendhal, etc. Une telle prétention ne saurait qu'indisposer votre correcteur. Mais la réponse à cette question ne peut arriver brutalement, sans que le lecteur y ait été préparé par une petite récapitulation. La conclusion doit être d'abord le lieu où la réflexion se rassemble. Il va donc falloir d'abord résumer les principaux acquis du développement. Une bonne conclusion peut s'en tenir à cela : récapitulation et jugement sur le degré de réussite de l'auteur. Cependant, on conseille souvent de procéder dans un troisième temps à un élargissement. L'élargissement consiste à ouvrir la conclusion sur de nouvelles analyses ou de nouvelles idées. C'est une solution possible, mais non obligatoire surtout si elle doit vous amener à produire des banalités.

Toutes les conclusions se rapporteront donc à l'un de ces deux modèles :

• La conclusion fermée 1. Récapitulation 2. Jugement sur la richesse littéraire [Ce type de conclusion qui se contente de verrouiller fermement le développement est tout à fait acceptable.]

• La conclusion ouverte 1. Récapitulation 2. Jugement sur la richesse littéraire 3. Élargissement . [Ce type de conclusion cherche à donner le sentiment d'une pensée toujours en éveil et qui, ayant résolu un problème, ne s'en satisfait pas pour autant.]

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