JIANG ZEMIN
JIANG ZEMIN (1926-) Dirigeant communiste chinois, chef de l’État de 1993 à 2003. Fils adoptif du « martyr révolutionnaire » Jiang Shangqing (intellectuel marxiste proche de Gu Muyuan, chef en 1938 de la zone Jiangsu-Anhui et bras droit de Zhang Aiping, futur ministre de la Défense), il est élevé dans le culte de ce « héros de la nouvelle quatrième armée ». Fier de ses antécédents familiaux, Jiang semble avoir choisi la personnalité de Mao comme modèle politique. Ainsi, Zemin, son prénom (qui signifie « bénévole pour le Peuple ») est source de nombreuses analogies tactiques avec celui du « grand timonier », Zedong (« bénévole pour l’Est »). Sa volonté manifeste de ressembler même physiquement à ce dernier participe de cette stratégie politique. Cependant, homme d’appareil consensuel et discret, il représente l’antithèse du fondateur du régime. Né à Yangzhou (Jiangsu), Jiang adhère au Parti communiste chinois (PCC) à vingt ans comme leader étudiant à l’Université des communications de Shanghai où il suit une formation en télémécanique. Diplômé, il est nommé ingénieur assistant grâce au soutien de Wang Daohan, chef du département de l’industrie de l’est de la Chine et proche de sa famille. C’est le début d’un long patronage. Jiang participe, après un court séjour à l’usine Staline de Moscou (1955-1956), à l’élaboration du programme d’industrie automobile chinoise : en 1963, il dirige la société d’automobiles nationale fondée à Changchun. Conseiller rattaché au ministère de l’Industrie mécanique, il présente à l’Assemblée nationale populaire (ANP) en 1980 l’important projet de création des zones économiques spéciales (ZES) du Guangdong et du Fujian. Élu au Comité central en 1982, il est muté à Shanghai en 1983 au poste de maire. À l’époque, une rumeur, fausse mais tenace, fait de lui le gendre de Li Xiannian (président de la République, 1983-1988). Dans le Sud, il a la réputation d’être favorable aux réformes économiques radicales et de soigner son image médiatique. Non dogmatique à l’égard de l’idéologie marxiste, il est toutefois perçu comme un conservateur sur le plan social. Son rôle lors de l’occupation par les étudiants de la place Tian An Men en 1989 n’est pas neutre. S’il hésite à proclamer la loi martiale à Shanghai, il est le premier responsable de province à l’approuver à Pékin et à se ranger du côté des conservateurs. Localement, il fait fermer le quotidien chinois le plus libéral du moment : La Tribune de l’économie mondiale (Shijie Jingji Dabao). Comprenant mal les aspirations de la jeunesse, il se fait l’ardent défenseur de la « grande civilisation chinoise » dans un contexte de mondialisation croissante de la société. Son conservatisme se définit par réaction à une modernité qu’il dénonce comme trop exclusivement occidentale. Lorsqu’il accède au Bureau politique en 1987, on dénonce l’existence d’une « clique de Shanghai » dont il serait le leader. De fait, s’il est le premier cadre originaire de Shanghai à occuper cette position depuis 1976, l’intégration institutionnelle de son équipe au sein du pouvoir central est une réalité. Contrairement aux prévisions des observateurs, Jiang Zemin est choisi par Deng Xiaoping après 1989 pour remplacer Zhao Ziyang, limogé pour son soutien aux manifestants. Assimilé un temps à Hua Guofeng (ce cadre désigné par Mao pour assurer la relève du pouvoir et qui n’arriva jamais à s’imposer), Jiang est finalement parvenu à la tête du Parti (secrétaire général en 1989), de l’État (président de la République en 1993), et de l’armée (président de la Commission militaire centrale). Il consolide son hégémonie en novembre 1997, après la mort de Deng Xiaoping et la rétrocession de Hong Kong, en obtenant le limogeage de son rival de l’époque, Qiao Shi (1926-). Leader de la troisième génération des cadres communistes, ce dirigeant que l’on disait de « transition » allait désormais chercher à marquer l’histoire du Parti.