Jacques Serguine

Né en 1934 Jacques Serguine a publié son premier roman Les fils de rois en 1959. Sept romans ont suivi ainsi que des scénarios.

Si Serguine fut remarqué d’entrée de jeu avec Les fils de rois, cela tint à son brillant, à sa manière de mener un récit tambour battant et de s’arrêter soudain pour rêver, enfin à son indifférence aux modes. Peut-être y avait-il une rapidité, une insolence à la Nimier dans le ton de son deuxième roman, Le petit hussard — qu’il fallait du reste décliner au féminin — mais ce ton était à l’évidence celui — recréé par l’écriture — de la génération de 1960 et, plus qu’à la littérature caracolante de la période précédente, ce roman s’apparentait aux films de Godard et de Rozier. Si Serguine n’est pas plus connu aujourd’hui, malgré' un très beau livre qui à sa parution encourut les foudres de la censure, Mano l’Archange et des textes aussi requérants que La mort confuse et Les abois ou encore un savoureux Eloge de la fessée, il le doit sans doute à ce brillant dont il se méfie trop pour remettre à chaque fois ses pas dans ses pas, — à cette audace qui le conduit à faire de chaque livre une expérience nouvelle. En conséquence, Mano l’Archange, histoire d’un amour enfantin où l’éblouissement réciproque de la sœur et du frère transforme la tentation de l’inceste en fête romantique, hymne à la vie, découverte du monde, ne ressemble pas aux Abois à l’écriture plus tendue ni à ce grand jeu — dérisoire et pathétique — de l’amitié que met en scène Les Russes et les Bretons. Mais tous ces livres ont en commun une même secrète gravité et la sensibilité aux autres y est, comme une narration souvent très lisse, moyen de conjurer ces fêlures qui menacent le réel et troublent l’existence. Bibliographie

Romans

Chez Gallimard Les fils de rois, 1959 (col I. Le Chemin); Le petit hussard, 1960; Les saints innocents, 1961 ; Mano l'Archange, 1962; Les falaises d'or, 1963; La mort confuse, 1970; Les abois, 1971 (Coll . Le Chemin) Les Russes et les Bretons, 1975; Essai Eloge de la fessée, 1973 Gallimard : coll. Le Chemin