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Jacques Reda

Né en 1929, Jacques Réda, qui vit à Paris, a publié ses premiers poèmes en 1952. Il collabore à plusieurs revues, notamment Exit et les Cahiers du Chemin. Dans la poésie actuelle, Jacques Réda ne ressemble à personne. Sa voix est tout ensemble intemporelle et d’une parfaite modernité. Elle semble venir de très loin, comme si elle avait traversé pour en garder la précise et parfois inquiétante douceur ou le discret tremblement tous les âges où la poésie sut être simple et troublante, narrative et élégiaque, évidente et secrète. En même temps elle est accordée aux lumières de la ville, elle consonne avec les rumeurs de notre quotidien et les murmures de notre inconscient. Sans doute on peut trouver des ancêtres à Jacques Réda, mais si divers — La Fontaine pour l’art de conter, Verlaine pour un certain côté soluble dans l’air, Apollinaire pour le poème événement — que seule une démarche neuve et cohérente permettait de les concilier. Tout se passe comme si Réda se ressourçait dans le vieux murmure de la poésie française — et, parallèlement, dans la réalité la plus immédiate, la plus familière — pour mieux être d’aujourd’hui et s’inventer un langage. Par ses thèmes, sa sensibilité, sa manière de rassembler les images, de transformer l’anecdote en lieu du sens « Quand recommençait à briller le tilleul devenu si sombre, c'était la nuit... » ou «... c 'est toujours/ Tout le monde qui meurt quand n’importe qui disparaît», enfin par son travail et son questionnement de la langue il rejoint l’avant-garde. Cependant il ne s’intégre à aucun groupe. Même si le quotidien est son élément, s’il sait dire mieux que personne la rue, l’auberge, les gares, les chemins de campagne ou plus simplement encore l’intimité de la maison, entre la bibliothèque et le frigidaire, l’odeur et les cloques de lait qui bout, il ne se confond pas avec des poètes comme Venaille, Delbourg ou Kaeppelin, qui décryptent tous les signes de l’activité urbaine, qui disent l’éclat des buildings ou des affiches, ni avec ceux qui sont à l’écoute du langage cosmopolite des grandes métropoles. Pas plus qu’il n’est proche des poètes qui cassent la prosodie. Son audace est de « garder les mots de tout le monde » pour parler de ce qu’il y a de plus immédiat, pour leur faire dire avec le « léger décalage de la musique » ce qu’il y a de plus vrai et de presque insaisissable dans le visible, dans l’instant. Et si sa voix nous semble d’entrée de jeu si troublante et si familière, si neuve et si évidente, c’est que Réda décrivant un paysage, racontant un souvenir, saisissant sur le vif la sensation, ou l’événement, résumant en un poème et sans en avoir l’air toute l’aventure de Trotsky semble toujours nous révéler ce que nous aurions dû savoir ou voir depuis longtemps, faire des mots du poème la parole de la vie. Bibliographie
Les inconvénients du métier, 1952, Seghers; All Stars, René Debresse, s.d. ; Cendres chaudes, 1955, Les Lettres; Laboureur du silence, 1955, Cahiers de Rochefort; Amen, 1968, Gallimard; Récitatif, 1970, Gallimard ; La Tourne, 1975, Gallimard;

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